Au détour d'un livre

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Le hareng de Bismarck de Jean-Luc Mélanchon

Le hareng de Bismarck de Jean-Luc Mélanchon

Résumé :
Ceci est un pamphlet. Mon but est de percer le blindage des béatitudes de tant de commentateurs fascinés par l'Allemagne. Je prends la plume pour alerter : un monstre est né sous yeux, l'enfant de la finance dérégulée et d'un pays qui s'est voué à elle, nécrosé par le vieillissement accéléré de sa population. L'un ne serait rien sans l'autre. Cette alliance est en train de remodeler l'Europe à sa main. Dès lors, l'Allemagne est, de nouveau, un danger.

Auteur : Jean-Luc Mélanchon
Nombre de pages : 208
Date de parution : Mai 2015
Prix : 10 euros (broché) - 7.99 euros (epub)

Avis / Critique :

Après la France bashing, voilà l'Allemagne bashing et celui qui s'y colle se nomme Jean-Luc Mélanchon, le prophète de la gauche radicale. Quoi de mieux que de se payer Angela Merckel et le pays voisin qui réussit économiquement là où la France, malheureusement échoue lamentablement. Alors, l'Allemagne est-il vraiment ce pays que tout le monde porte au nu ? Cette grande soeur qui a des allures de soeur castratrice pour la France, de mère fouettarde pour le reste de l'Europe ? Les allemands sont-ils si heureux que ça ? Pas sûr, et c'est ce que tente de nous faire comprendre Jean-Luc Mélanchon.

L'Allemagne de 1980, c'était l'Allemagne en avance sur son temps. Au top de l'écologie où les gens allaient porter eux-mêmes leurs déchêts à la déchetterie quand les employés municipaux étaient en grève, c'est le pays où la carte vitale existait 15 ans avant la France, c'est le pays où quand vous jetiez un mégot par terre, vous aviez une amende, c'est le pays, toujours, où il vaut mieux traverser au vert et dans le passage clouté sous peine de vous faire reluquer méchament. C'est le pays des carnavals souabes, c'est le pays de la bière, du schnaps, de la Bavière, de Erich-Maria Rilke, de Karl Marx... Alors l'Allemagne est-elle donc devenue en 25 ans, ce monstre économique, qui a perdu tout ce qui faisait son charme au profit de la seule politique de l'argent? Renonçant à tout, même à l'écologie ? A en croire ce livre, il semble que oui.

Bayer, innonde le marché de médicaments et de pesticides, se lie avec Mosanto ; les salaires au ras des paquerettes y sont légions (5 euros de l'heure voir 1 parfois, ça vous dit ?) ; les usines de charbon qui sont rouvertes et surexploitées (fini le chantre de l'écologie) ; une population vieillissante qui est expédiée dans les pays voisins, telle la Bulgarie pour faire de la place et parce que la vie y est moins chère " En 2011, plus de 7000 allemands vivaient dans les maisons de retraite en Hongrie, 3000 en république tchèque et près d'un milier en slovaquie"; des entreprises alimentaires qui écrasent les prix (Lidl) et mettent les agriculteurs en grandes difficultées ; le pays où la différence entre l'Allemagne de l'Ouest et de l'Est demeure plus que jamais présente malgré la réunification "L'annexion de la RDA par l'Allemagne de l'Ouest a été le laboratoire des contre-réformes sociales. Le chômage et l'absence de mouvement syndical ont été une aubaine pour les capitaines ouest-allemands. L'occasion était trop belle de faire sauter les conventions collectives et les salaires minimums de branches" ; les jeunes qui partent en masse et un gangrénage de la nouvelle valeur économique allemande qui se porte sur les peuples limitrophes.

Alors le rêve Allemand d'autrefois, où est-il passé ? Il semble à la lecture de ce livre, que le bonheur du pays de Louis II de Bavière soit resté figé en 1980 et que depuis, la grande soeur n'a de cesse de retrouver sa puissance d'Antan. Le règne de 1000 ans voulu par Hitler sera-t-il celui de la puissance économique Allemande sur le reste de l'Europe et ensuite du monde ?

L'Allemagne est avec les États-Unis et la Chine, le plus grand exportateur. C'est le pays qui refuse de payer sa dette de guerre à la Grèce mais n'hésite pas à trainer la même Grèce dans la boue en lui reprochant de ne pas rembourser l'Europe. C'est l'Allemagne qui oublie qu'en 1956 et 1989, cette même Grèce a voté dans son sens pour lui permettre d'effacer la moitié de sa propre dette.

L'Allemagne d'aujourd'hui n'a plus de mémoire. Cela l'arrange. Elle n'a plus de temps pour s'appesantir. Elle n'a plus qu'un rêve : devenir le leader.

Un mot trop haut ? Et Angela tape sur les doigts. Autrefois, l'Europe était porté par le couple franco-allemand, aujourd'hui elle n'est plus portée que par l'individu Allemagne.

Le 4ème Reich est-il en route ? Bismarck en faisant couronner Guillaume 1er à Versailles en 1871, nettoyait les humiliations subies sous Louis XIV et Napoléon 1er. Angela Merkel cherche-t-elle à son tour à nettoyer la défaite de 45 et à rétablir d'une certaine façon l'empire germanique sur l'Europe ? C'est la thèse défendue par Jean-Luc Mélenchon. Je schématise mais c'est à peu près cela.

Si le lecteur ne sera pas forcément d'accord avec le trait utilisé et les faits évoqués, il n'en demeure pas moins le constat suivant :

Qu'est donc devenue l'Allemagne, ce pays où les Verts étaient puissants, où l'écologie était le fer de lance, la marque de fabrique, l'avancée sur le monde ? Ce pays où les syndicats étaient puissants ? Ce pays où il faisait bon vivre à coup de principes, de respects de l'autre ?

Jean-Luc Mélanchon ne se paye pas seulement Angela Merkel, il se paye aussi le pays dont elle est la chancelière. "rompre avec le poison allemand est donc une exigence nationale, populaire,  sociale et philosophique pour le camp du progrès humain et de la lutte contre le productivisme". Rien ne trouve grâce à ses yeux et il le dit avec sa verve habituelle. "Mais c'est aux français de lever l'action, car ce sont eux qui sont aujourd'hui dominés". Son écriture est comme sa parole, vivante, tonitruante, drôle parfois, incisive souvent. Si ses propos sont de temps en temps excessif, il n'en demeure pas moins qu'il apporte un éclairage pertinent sur cette Allemagne portée au firmament par des politiques et des économistes mais décriée par ses propres habitants et ceux qui l'ont été un temps.

Extrait :

L'Europe est donc aujourd'hui la "chose" des Allemands. Ils l'utilisent comme bon leur semble. Ce n'est pas nouveau. Déjà la création de l'euro a été pour eux l'occasion d'imposer leur modèle rigide d'organisation monétaire et l'indépendance de la Banque centrale. Dans ces circonstances, la création de l'euro s'est avérée n'être rien d'autre que l'extension du deutsche Mark aux autres pays. L'élargissement rapide de l'UE aux pays de l'Europe de l'Est en 2004 et 2007 a renforcé la position allemande en Europe et achevé de limiter l'ambition européenne à un simple "marché unique ou la concurrence est libre".
Madame Merkel construit une Europe allemande. "Sans le vouloir", disent les naïfs. Voire. Pour ma part, je crois qu'elle agit sciemment, persuadée qu'il n'y a pas d'autre politique meilleure que celle qui est bonne, croit-elle pour son pays. Quoi qu'il en soit, elle avance ses pions
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