Au détour d'un livre

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La griffe du diable, de Lara Dearman

La griffe du diable, Lara Dearman - "www.audetourdunlivre.com"

 

Résumé : Poursuivie par ses démons, Jennifer Dorey a quitté Londres pour retourner dans sa maison d'enfance avec sa mère, à Guernesey, où elle est devenue reporter au journal local. Elle pensait pouvoir souffler un peu. Elle avait tort. Quand le cadavre d'une jeune femme s'échoue sur une plage, la journaliste mène l'enquête et exhume plusieurs morts similaires qui s'étendent sur une cinquantaine d'années.

Auteur :  Lara Dearman
Nombre de pages : 448
Édition : Pocket
Date de parution : 15 novembre 2018
Prix : 20€ (broché) - 7.95€ (poche) - 9.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2266275552

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Avis / Critique :


Le cadavre d'une jeune femme s'échoue sur la plage alors qu'une fête bât son plein près de là. C'est Jennifer Dorey, une jeune journaliste qui la découvre. Aussitôt cette mort l'intrigue alors que la police semble penser qu'il puisse s'agir d'un suicide. Mais oui, qui pourrait commettre un assassinat sur la belle île de Guernesey ? Au fur et à mesure qu'elle mène l'enquête afin d'écrire un papier, elle se rend compte que les morts de femmes, qui se ressemblent, se sont déroulées depuis une trentaine d'années sur l'île...
Après la seconde guerre Mondiale, un enfant blond aux yeux bleus, fils d'une prostituée et d'un allemand, se fait quotidiennement rabrouer par ses camarades d'école. Le garçon, passionné de musique hait cette mère qui vend son corps pour quelques repas. A sa mort, il est recueilli par son oncle qui lui fait découvrir les mythes qui jalonnent l'île de Guernesey. Le garçon de 15 ans a alors comme une révélation et arpente ces terres, pour lui, empreintes de paganisme et trouve là une raison à sa vie.

Lara Dearman à travers son roman nous fait découvrir l'île de Guernesey, anglo-normande, où l'ancien français et ses descendants se mêlent à l'anglais pour avoir fini par l'épouser totalement. Sous sa plume, nous découvrons non seulement ses habitants mais également ses rues, ses boutiques, son histoire. Chacun des personnages principaux est fouillé et chacun est parti prenante du livre puisqu'on  suit l'intrigue au travers de l'histoire de chacun auxquels sont consacrés tour à tour les chapitres. Nous retrouvons donc la journaliste Jennifer Dorey qui s'occupe de sa mère, Margaret, veuve qui ne s'est pas remis de la mort de son mari ; l'enfant du nazi qui nous ramène plusieurs années (50 ans) en arrière et dont on voit le déroulé de vie ; l'inspecteur Michael qui a également perdu une fille lors de ce qui fut considéré comme un suicide. 
Mais tous ces suicides sont-ils l’œuvre de ces femmes ou bien d'un tueur en série qui sévit depuis de nombreuses années sur Guernesey ?
A la lecture, pas de surprise puisqu'on suit les pensées de celui que l'on comprend être le tueur. Son identité est bien sûr dissimulé et se révèle quelque peu surprenante quand on suit le déroulé de l'enquête menée par la journaliste.
En dehors de l'intrigue, que dire de ce livre ? Il y a beaucoup de détails. L'auteur s'enlise un peu à force de vouloir trop bien faire et se perd dans ses descriptions qui ralentissent le rythme et n'apportent finalement pas grand chose à l'ensemble. Comme il s'agit ici d'un premier livre et que l'on sent que Lara Dearman construit une série avec son héroïne, on peut penser que ceci explique cela. Pour le coup, c'est un peu dommage car il faut s'accrocher pour passer les premières 100 pages et découvrir finalement que l'intrigue n'est pas mal.
Du côté des personnages, on a du mal à s'attacher à eux, sauf peut-être à l’héroïne. Les autres ne sont guère intéressants. 
Une lecture somme toute mitigée, commencée sans grande conviction et finit plutôt avec une note positive. Ce qui donne finalement un avis mi-figue, mi-raisin.

A voir si le suivant sera dans la même veine ou si les points négatifs seront corrigés pour laisser place enfin à un excellent livre.

 

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Extrait :

Prologue

 

Elle a hâte de sortir. Cela fait si longtemps qu'elle n'a pas ressenti une telle impatience. Elle porte son nouveau petit haut noir à manches courtes et décolleté. Le tissu satiné est frais sur sa peau. Il fait froid ce soir, mais elle mettra une veste.  Elle l'enlèvera en arrivant au bar, pour leur montrer à tous.
 Il est temps de leur montrer.
Les cicatrices courent du pli de son coude jusqu'à son poignet. Elle en suit une du bout du doigt. Elle est d'une rose très pâle, maintenant. Presque argentée. Et très, très fine. Parce qu'elle ne s'entaille jamais profondément. Juste souvent.
Elle a les cheveux longs, bouclés, et elle aurait bien besoin d'un shampoing, alors elle se donne un bon coup de brosse et se fait une tresse qui descend sur son épaule. C'est mignon. Une coiffure de petite fille. Les garçons aiment bien ce genre de chose. Elle a lu ça dans un magazine. Il faut être assez jeune pour se le permettre. jeune. Mince. Et jolie. Elle a la chance d'être les trois.
Il se fait tard. Maman propose de l'emmener en voiture, mais elle refuse. C'est juste un prétexte pour la surveiller. Elle répond qu'elle préfère y aller à pied, seulement, quand elle se retrouve dehors, elle réalise qu'il fait plus froid qu'elle ne croyait. Après avoir marché cinq minutes, elle décide de faire demi-tour. Elle va mettre un pull et dire à maman qu'elle a changé d'avis. Et puis la voiture s'arrête juste à sa  hauteur. La vitre descend. Elle n'aura pas besoin de sa maman, finalement. 

Un courant d'air glacé la ranime.  Elle voit trouble.  Une douleur sourde lui martèle le crâne. Elle est dans la voiture, mais la voiture ne roule pas. Elle cligne des yeux dans l'espoir de s'éclaircir la vue. La mémoire lui revient. Il avait un pistolet. Il avait un pistolet, et il lui a donné un coup de crosse. Il l'a cognée si fort qu'elle s'est évanouie, et maintenant elle a du sang dans les yeux et la bouche. Elle essaie de crier, mais n'y arrive pas. Sa mâchoire est bloquée, et avant qu'elle ait compris comment la débloquer, il est là.
Il ouvre la portière.
Elle a les poignets attachés avec du gros ruban adhésif argenté qui brille au clair de lune. Elle avait  eu peur, avant qu'il la frappe, avant qu'elle tombe dans les pommes. Elle avait eu peur, mais elle n'avait pas osé sortir de la voiture ; ç'aurait été impoli.
Il la traîne dehors.
Elle est terrifiée. Il va la violer et la tuer. Elle va mourir pour avoir été trop polie.
Il est debout devant elle. Il sourit. Et il fait des bruits.
Il fredonne.
Elle crie, la bouche fermée, crie à en avoir la gorge en feu, en faisant passer le son par son nez, et  elle  remue les bras , mais ça ne sert à rien. Il la repousse contre la voiture et lui serre la gorge jusqu'à ce que le pauvre petit bruit qu'elle faisait s’éteigne, remplacé  par une traînée silencieuse de morve et de sang.
Il lui caresse les cheveux ; triture sa jolie tresse, celle dont elle s'était dit qu'elle plairait aux garçons. Elle gémit. Il se penche, pose sa joue contre la sienne.
Elle sent son souffle moite sur sa peau.
Il chuchote.
Chut. Chut. Je vais t'aider.
Il la guide dans la nuit. Elle trébuche et elle pleure. Et puis il la pousse.
Dans le vide.
Dans le noir.


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