21 Mai 2018
Résumé :
« L'art a une tendance naturelle à privilégier l'extraordinaire. »
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Auteur : Amélie Nothomb
Nombre de pages : 198
Editeur : Editions Albin Michel, puis Poche
Collection : LITT.GENERALE
Date de parution : 17 août 2016
Prix : 6.90€ (poche) - 8.49 euros (epub) - 16.90 euros (broché)
Enide à 48 ans.
Avec son mari Honorat, ils sont les heureux parents de Déodat.
Heureux ? Pas tout à fait. Si le poupon se révèle d'une intelligence hors norme, il est aussi très laid, affreusement laid. Les parents ne le montrent pas, mais l'aiment malgré ses difformités.
De l'autre côté de la Seine naît une petite merveille nommée Tremière, fille de Rose et de Lierre. L'enfant est belle, une pure beauté, mais est lente pour tout. Ses parents ne lui accordent que peu d'attention et c'est sa grand-mère, une chiromancienne bourgeoise qui l'élève.
C'est une contemplative Tremière, elle aime penser et prend son temps pour tout.
Riquet à la houppe c'est la rencontre de la Belle et de la Bête.
Amélie Nothomb nous livre dans cette longue nouvelle sa vision du conte fantastique de Jeanne-Marie le Prince de Beaumont, à moins que ce ne soit celle d'Apulée, amour et Psyché, mixée au Riquet à la Houppe de Charles Perrault.
Comment un être immensément intelligent, mais d'une laideur à toute épreuve va éveiller chez les femmes un désir dont il ne comprend pas la teneur.
Comment une beauté va, elle, au contraire, faire fuir les prétendants et subir les railleries de ses camarades ?
Si les deux héros du Riquet à la houppe ont un début de vie qui se ressemble par l’inimitié qu'ils dégagent au regard des autres, chacun d'eux va trouver au fur et à mesure les ressources pour sublimer leur défaut respectif.
Amélie Nothomb a réussi sans nul doute son livre. Mêlant poésie, sentiment, rejet, elle laisse défiler sa pelote de mots pour nous offrir un ouvrage très bien écrit.
Voici donc l'histoire de deux êtres complètement différents et pourtant si semblables dont le destin va les faire se télescoper pour le meilleur.
Cela faisait longtemps qu'Amélie Nothomb n'avait pas livré une aussi belle histoire.
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Enceinte à quarante-huit ans pour la première fois, Énide attendait l’accouchement comme d’autres la roulette russe. Elle se réjouissait pourtant de cette grossesse qu’elle espérait depuis si longtemps. Quand elle en avait pris conscience, elle en était au sixième mois.
– Enfin, madame, vous n’aviez plus vos règles ! dit le médecin.
– À mon âge, ça me paraissait normal.
– Et les nausées, la fatigue ?
– Je n’ai jamais été très bien portante.
Le docteur dut admettre que son ventre à peine rond n’était guère significatif. Énide appartenait à cette génération de femmes si petites et graciles qu’elles ne paraissent jamais des femmes et passent brutalement de l’état d’adolescentes à celui de vieilles petites filles.
Ce matin, à l’hôpital, Énide n’en menait pas large. Elle sentait qu’il se préparait une catastrophe et qu’elle n’y pouvait rien. Son mari lui tenait la main.
– Je n’y arriverai pas, dit-elle.
– Tout va très bien se passer, l’encouragea-t-il.
Mais il n’en pensait rien. Énide n’avait pas pris un gramme pendant sa grossesse. On lui assura que le bébé vivait dans son ventre. Il fallait de l’imagination pour le croire.
Le docteur annonça qu’il allait pratiquer une césarienne. C’était l’unique possibilité. Les époux furent rassurés.
On savait déjà qu’il s’agissait d’un garçon. Énide le considéra comme un cadeau de Dieu et voulut l’appeler Déodat.
– Pourquoi pas Théodore ? C’est le même sens, dit le mari.
– Les meilleurs hommes du monde portent un prénom qui se termine en « –at », répondit-elle.
Honorat ne put que sourire.
Quand les parents découvrirent le bébé, ils changèrent brutalement d’univers. On eût dit un nouveau-né vieillard : fripé de partout, les yeux à peine ouverts, la bouche rentrée – il était repoussant.
Pétrifiée, Énide eut du mal à retrouver assez de voix pour demander au médecin si son fils était normal.
– Il est en parfaite santé, madame.
– Pourquoi a-t-il tant de rides ?
– Un peu de déshydratation. Ça va très vite s’arranger.
– Il est si petit, si maigre !
– Il ressemble à sa maman, madame.
– Enfin, docteur, il est horrible.
– Vous savez, personne n’ose le dire, mais les bébés sont presque toujours laids. Je vous assure que celui-ci me fait bonne impression.
Laissés seuls avec leur enfant, Honorat et Énide se résignèrent à l’aimer.
– Et si nous l’appelions plutôt Riquet à la Houppe ? suggéra-t-elle.
– Non. Déodat, c’est très bien, dit le nouveau père en souriant courageusement.
Par bonheur, ils avaient peu de famille et peu d’amis. Ils eurent néanmoins à endurer des visites dont la politesse ne parvint pas à masquer la consternation. Énide observait le visage de ceux qui découvraient son petit ; chaque fois qu’elle constatait le tressaillement de dégoût, elle était au supplice. Après un silence crucifiant, les gens finissaient par hasarder un commentaire d’une maladresse variable : « C’est le portrait de son arrière-grand-père sur son lit de mort. » Ou : « Drôle de tête ! Enfin, pour un garçon, ce n’est pas grave. »
Le sommet fut atteint par la méchante tante Épziba :
– Ma pauvre Énide, tu te remets ?
– Oui. La césarienne s’est bien passée.
– Non, je veux dire, tu te remets d’avoir un gosse aussi vilain ?
Vaincus, les parents regagnèrent leur domicile où ils se cloîtrèrent.
– Mon chéri, dit la mère à Honorat, jure-moi que nous ne recevrons plus personne.
– Je te le jure, mon amour.
– J’espère que Déodat n’a rien capté du fiel et de la médisance de tous ces gens. Tu sais, il est si gentil. Il a essayé de me téter le sein et quand il a vu qu’il n’y arrivait pas, il m’a souri, comme pour me dire que ça n’avait pas d’importance.
« Elle est en train de perdre la raison », pensa le père. Énide avait toujours été d’une extrême fragilité, tant physique que psychologique. À quinze ans, elle avait été renvoyée de l’école des petits rats de l’Opéra de Paris pour un motif inconnu dans l’histoire de cette auguste maison : excès de maigreur. « Nous ne savions pas que c’était possible », avait conclu l’examinatrice.
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