19 Avril 2020
Résumé : France, 1562. Les tensions entre catholiques et protestants s'exacerbent, le royaume se déchire. Le prince de Condé et le duc de Guise se livrent un combat sans merci. Les huguenots sont persécutés, les massacres se succèdent. À Carcassonne, Marguerite Joubert, la fille d'un libraire catholique, fait la connaissance de Piet, un protestant converti dont la vie est en danger. Alors que la violence commence à se déchaîner dans la région, le couple se retrouve bientôt au centre d'un vaste complot, lié à une sainte relique. Leur quête va les mener vers une ancienne forteresse, où sommeille un secret enterré depuis des décennies.
Auteure : Kate Mosse
Nombre de pages : 608
Édition : Sonatine
Date de parution : 23 janvier 2020
Prix : 23€ (Broché) - 8.49€ (epub, mobi) - 0€ (essai audible) - 23€ (cd)
ISBN : 978-2355847639
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Carcassonne.
Minou, la fille du libraire de la cité tombe sur Piet, un protestant originaire de Toulouse qui est accusé de meurtre. L'homme est tombé lui-même dans un guet-apens mis en place par son ancien ami, devenu ecclésiaste, un dénommé Vidal. Le mort est un protestant, Michel Cazès, ancien prisonnier retenu par les catholiques en même temps que le fut Bernard, le père de Minou.
Bernard, après la mort de sa femme est tombé dans la mélancolie, mais il se résout à retourner à Puivert, dans le château où il a travaillé avec sa femme, là où il sait qu'un sombre secret peut changer sa relation avec sa fille.
De son côté, Minou part pour Toulouse chez sa tante avec son frère pour y retrouver Piet, et se retrouve confrontée au cœur de la montée des tensions entre les Catholiques et les Protestants.
Guerre des religions, histoire d'amour, histoire d'héritage, histoire d'amitié trahie, histoire familiale, saint-suaire, tout cela s'entremêle dans le nouveau roman fleuve de l'anglaise Kate Mosse qui prend à nouveau le Languedoc pour lieu de son épopée.
Disons-le clairement, la guerre entre catholiques et protestants sert de toile de fond à cette histoire qui tend progressivement à se transformer en amourette, puis en aventure à rebondissement. Tout tourne ici autour de quelques personnages : Piet, le protestant ; Minou, l'héroïne ; Vidal, l'ecclésiaste et ancien ami de Piet ; Bernard, le père de Minou ; Aymeric et Alix, respectivement frère et sœur de Minou ; Mme Boussy, la tante ; Blanche, dame de Puivert, et ennemi de Minou.
Alors, que vaut ce livre ?
A la lecture, j'avoue avoir eu du mal à rentrer dans cette Cité de Feu. En effet, Kate Mosse qui habite une partie de l'année à Carcassonne, installe progressivement, lentement, sa trame et scinde son roman en quatre parties : la première se situant à Carcassonne, la seconde à Toulouse, la troisième narrant le combat entre les protestants et les catholiques, toujours à Toulouse et la quatrième se déroulant à Puivert.
Pour ma part, les parties trois et quatre sont celles qui m'ont le plus emballé, car enfin, l'action s'est installée et les caractères de chacun se sont révélés rendant le contenu bien plus intéressant que les deux premières qui ont failli me faire décrocher.
J'avais en effet souvenance de la lecture, il y a longtemps, du Labyrinthe et de Sépulcre écrits par la même auteure. Je les avais aimés à l'époque et c'est ce qui m'a fait tenir pour terminer cette Cité de Feu.
J'ai bien fait puisque les deux dernières parties m'ont permis de mettre trois étoiles à ce livre long de 608 pages.
Quant à son titre, La cité de feu, on se doute qu'il se réfère à Toulouse et à la "bataille" qui opposera catholiques et protestants. Pourtant, le héros du livre est pour moi le village de Puivert et aurait mérité de figurer en titre, mais ceci est un aparté.
On ne peut également que faire l'éloge de l'auteure qui connait parfaitement son sujet et a fait de nombreuses recherches, notamment concernant la langue d'Oc. Elle nous agrémente d'ailleurs son roman de quelques touches de cette langue régionale bienvenue.
Le moins de ce roman est donc dans la longueur du livre et la mise en place de l'histoire et de ses protagonistes. Le plus, se situe dans l'action qui parvient enfin à nous faire perdurer dans notre lecture et rendre la conclusion qui se déroule à Puivert dans la lignée des très bons romans historiques et d'aventures.
Ce tome est apparemment le premier d'une série qui devrait prochainement se poursuivre. J'espère que les suivants seront donc plus aboutis.
Cette Cité de feu est donc avant tout pour les fans de l'auteure Kate Mosse.
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La cité de feu, de Kate Mosse - "audetourdunlivre.com"
Prologue
Franschhoek
28 février 1862
La femme se tient debout, seule, sous un ciel d’un bleu cru. Cyprès verts et herbes rêches bornent le cimetière. Les stèles grises sont devenues blanches comme de l’os sous le redoutable soleil du cap.
Hier Rust. Ci-gît.
Elle est grande, et possède les yeux caractéristiques des femmes de sa famille depuis des générations, même si elle ne le sait pas. Elle se penche pour lire les noms et dates inscrits sur la tombe, à moitié occultés par du lichen ou de la mousse. Entre son haut col blanc et le bord poussiéreux de son chapeau de cuir, la peau pâle de sa nuque est déjà rougie. Le soleil est trop fort pour son teint d’Européenne, et cela fait des jours qu’elle chevauche à travers le veld.
Elle ôte ses gants, les pliant l’un dans l’autre. Elle en a trop perdu pour se montrer négligente et, par ailleurs, comment ferait-elle pour s’en procurer une autre paire ? Il y a deux magasins généraux dans cette hospitalière ville frontalière, mais il ne lui reste plus grand-chose à proposer en échange, et tout l’argent de son héritage a disparu, englouti dans le financement de son long voyage de Toulouse à Amsterdam, puis d’Amsterdam au cap de Bonne-Espérance. Elle a dépensé jusqu’à son dernier franc pour se procurer provisions et lettres de recommandation, chevaux et homme de confiance pour la guider à travers ce pays inconnu.
Elle laisse tomber les gants à terre, devant ses pieds. Un nuage de fine poussière rouge cuivre du cap s’élève, puis retombe. Un scarabée noir, cuirassé et résolu, court trouver un abri.
La femme prend une inspiration. Enfin, la voici arrivée à destination.
Elle a suivi cette piste depuis les rives de l’Aude, de la Garonne et de l’Amstel, par-delà les mers les plus démontées, jusqu’à ce cap où l’Atlantique rencontre l’océan Indien.
Parfois la piste était éclatante comme une traînée de feu. L’histoire de deux familles et d’un secret transmis de génération en génération. À sa mère par sa grand-mère et, avant ça encore, à son arrière-grand-mère par la mère de celle-ci. Leurs noms ont été perdus, évincés par ceux de leurs maris, frères et amants, mais leur esprit survit en elle. Elle le sait. Enfin, sa quête s’achève ici. À Franschhoek.
Ci-gît.
La femme ôte son chapeau de cavalière et s’évente, déplaçant l’air torride à l’aide du large bord en cuir. Elle n’en tire aucun répit. Il fait chaud comme dans un four et ses cheveux de lin sont assombris de sueur. Elle se soucie peu de son apparence. Elle a survécu aux tempêtes, aux atteintes à sa réputation comme à sa personne, au vol de ses biens et à la perte d’amitiés qu’elle avait crues impérissables. Tout cela pour arriver jusqu’ici.
Dans ce cimetière mal entretenu de cette ville frontalière.
Elle déboucle sa sacoche de selle et plonge la main à l’intérieur. Ses doigts effleurent la petite bible ancienne – un talisman qu’elle garde avec elle pour se porter chance –, mais c’est le journal intime qu’elle sort : un volume en cuir doux de couleur brun clair, tenu fermé par un mince cordon qui en fait deux fois le tour. À l’intérieur, des lettres et des cartes dessinées à la main, un testament. Certaines pages se sont détachées, et leurs coins saillent comme les pointes d’un diamant. C’est le récit de la quête familiale, l’analyse méthodique d’une querelle héréditaire. Si elle ne s’est pas trompée, ce carnet datant du XVIe siècle est le moyen pour elle de revendiquer ce qui lui revient de droit. Après plus de trois cents ans, la fortune et la réputation de la famille Joubert vont, enfin, être restaurées. Justice sera faite.
Si elle ne s’est pas trompée.
Pourtant, elle ne peut se résoudre à regarder le nom sur la stèle. Souhaitant savourer un peu plus longtemps ce dernier instant d’espoir, elle préfère ouvrir le journal. Les pattes de mouche à l’encre jaunie, la langue surannée viennent à sa rencontre, traversant les siècles ; elle en connaît chaque syllabe, comme une leçon de catéchisme. La première entrée.
Ceci est le jour de ma mort.
Dans la brousse en bordure du cimetière, elle entend le sifflement d’un rufipenne morio et le cri d’un ibis hagedash. Il semble impossible qu’un mois plus tôt encore, les sons de ce genre lui aient paru si exotiques, quand ils sont désormais devenus si banals. Elle a les poings serrés, les articulations blanchies. Et si, après tout, elle s’était trompée ? Si c’était là une fin, et non un commencement ?
Le Seigneur m’en est témoin, c’est de ma propre main que je rédige ici ceci. Mes dernières volontés.
La femme ne prie pas. Elle ne le peut pas. L’histoire des injustices commises au nom de la religion – envers ses ancêtres – est sûrement la preuve que Dieu n’existe pas. Car quel Dieu accepterait que tant meurent en son nom dans la souffrance et la terreur ?
Néanmoins, elle lève les yeux comme si elle espérait entrevoir le paradis. Le ciel ici, en février, est du même bleu vif que dans le Languedoc. Les mêmes vents violents soulèvent la poussière dans l’arrière-pays du cap de Bonne-Espérance et dans les garrigues du Midi. Une sorte de souffle chaud qui fait tourbillonner la terre rouge et voile la vue. Il emprunte en sifflant les cols gris et verts des montagnes à l’intérieur des terres, suit les pistes creusées par les déplacements des hommes et des animaux. Ici, dans cet endroit en retrait du littoral qu’on appelait autrefois le Coin des Éléphants, avant l’arrivée des Français.
Mais à cet instant, l’air est immobile. Brûlant. Pratiquement rien ne bouge sous le soleil de plomb de midi. Chiens et ouvriers agricoles se sont réfugiés à l’ombre. Des grilles noires délimitent chaque concession : famille de Villiers, famille Leroux, famille Jourdan – tous ceux de la religion réformée qui ont fui la France en quête d’un asile. En l’an de grâce 1688.
Ses ancêtres, aussi ?
Au loin, derrière les stèles et les anges de pierre, les montagnes de Franschhoek encadrent la vue ; la femme est soudain assaillie par un souvenir des Pyrénées, et un brusque et violent mal du pays lui serre la poitrine comme un étau. Blanches en hiver, vertes au printemps et au début de l’été. En automne, les rochers gris prennent une couleur cuivrée, puis le cycle recommence. Que ne donnerait-elle pas pour les revoir.
Puis elle soupire, car elle est ici. Bien loin de chez elle.
D’entre les pages du journal en cuir usé, elle tire la carte. Elle en connaît le moindre détail, jusqu’à la dernière pliure, la dernière tache d’encre, mais elle la consulte quand même encore une fois. Relit le nom des fermes, des premiers colons huguenots qui ont terminé là, après des années d’exil et d’errance.
Enfin, elle s’accroupit et tend la main pour effleurer du doigt les lettres gravées dans la pierre. Elle est tellement absorbée qu’elle n’entend pas – elle qui a appris à être vigilante – les pas dans la poussière derrière elle. Elle ne remarque pas l’ombre qui la cache du soleil. Elle ne relève pas l’odeur de sueur, de mâchefer et de cuir, marque d’un long voyage à travers le veld, jusqu’au moment où elle sent le canon d’un pistolet sur sa nuque.
« Debout. »
Elle essaie de se retourner, de voir son visage, mais le métal froid est pressé contre sa peau. Lentement, elle se lève.
« Donne-moi le journal, dit-il. Obéis, et je ne te ferai aucun mal. »
Elle sait qu’il ment, car il la traque depuis trop longtemps et l’enjeu est trop important. Cela fait trois cents ans que la famille de cet homme essaie d’anéantir la sienne. Comment pourrait-il la laisser repartir libre ?
« Donne-le-moi. Pas de gestes brusques, attention. »
La froideur dans la voix de son ennemi est plus effrayante que de la colère et, instinctivement, elle crispe les doigts sur le carnet et les précieux documents qu’il contient. Après tout ce qu’elle a enduré, elle ne va pas lui faciliter la tâche. Mais à présent, il lui pince cruellement l’épaule, enfonçant des doigts acérés dans le muscle à travers le coton blanc de son chemisier. Elle est obligée de lâcher prise. Le journal tombe par terre et s’ouvre brutalement, éparpillant testament et actes de propriété dans la poussière du cimetière.
« Vous m’avez suivie depuis Le Cap ? »
Aucune réponse.
Elle n’a pas d’arme à feu, mais elle a un poignard. Lorsqu’il se penche pour ramasser les papiers, elle le tire de sa botte et lui en décoche un coup au bras. Si elle arrive à le mettre hors de combat, ne serait-ce qu’un instant, elle aura une chance de lui reprendre les documents et de lui échapper. Mais il a anticipé une attaque de ce genre et s’efface, esquivant la lame qui ne fait que lui égratigner la main.
Elle a conscience, juste avant l’impact, du poing armé de son adversaire qui s’abat sur elle. Aperçoit brièvement des cheveux noirs, divisés par une veine de blanc. Puis, une explosion de douleur lorsque le pistolet lui rompt la peau. Elle sent le sang couler sur sa tempe, humide et chaud, et elle tombe.
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