24 Mai 2021
Auteur : Richard Preston
Nombre de pages : 345
Éditeur : Presses de la cité
Date de parution : Novembre 2014
Prix : 19 euros (Broché) - 12.99 euros (epub)
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Résumé :
1967. A Marbourg, en Allemagne, un virus inconnu tue plusieurs personnes. Les victimes travaillaient dans une usine qui importait des singes d'Afrique et fabriquait des vaccins. 1976. Une province du Zaïre et des villages entiers du Sud-Soudan sont décimés par cette même maladie. 1989-1990. Reston, une banlieue de la région de Washington est à son tour menacée. 2014. Après plusieurs pics ces dernières décennies en Afrique de l'Ouest, l'épidémie est de retour.
Avis / Critique :
Ebola, le nom qui terrifie le monde en 2013-2014.
Nom d'un fleuve, c'est surtout celui d'un virus qui, comme la peste dévaste tout sur son passage à l'endroit où il se trouve (Jusqu'ici sur de petits foyers rapidement éradiqués). Sa particularité ? Il nécrose tout. Le corps ne devient qu'un immense caillot de sang dont les organes internes finissent par gonfler, devenir une bouillie et exploser littéralement dans un flux de sang qui se déverse alors par toutes les sorties : nasale, buccale, rectale...
L'origine du fléau ? Sept petites protéines (dont certaines non identifiées) qui composent le parfait parasite, ce requin moléculaire.
Richard Preston débute son livre en nous narrant l'histoire de ce français, Charles Monet, qui, en 1980 se fit contaminer dans l'ouest du Kenya par des fientes (probablement) de chauves-souris qui avaient élues domicile dans la grotte de Kittum, au fin fond de la forêt. Le virus "éteint" depuis 1967, fait sa réapparition. 7 jours après son escapade (le temps de l'incubation), Monet a des maux de têtes violents. Suivront le dos puis les nausées, la fièvre, les globes occulaires qui tournent au rouge vif, la mémoire qui s'efface, l'humeur qui change, les vomissements, la toux, les pétéchies sur la peau, les muscles qui s'affaissent, le vomito-negro (le sang mêlé à un liquide noir) et l'hôpital. Le Dr Musoke qui le prend alors en charge, met son doigt dans la bouche de ce dernier. Il a une légère entaille sur la main. Il sera contaminé à son tour...
C'est ainsi que débute le livre Ebola de Richard Preston. A la manière d'une enquête de détective privé, il nous dresse l'histoire et l'évolution du virus à travers ses cas les plus révélateurs, ses mutations et les recherches faites sur le sujet. L'histoire la plus étonnante, celle de ces singes ramenés depuis une île proche de Manille aux fins d'expérimentations et qui se révèleront être contaminés par une variante d'Ebola. La population de Washington n'a jamais réellement su qu'à quelques kilomètres d'elle, le virus Ebola décimait toute une aile de laboratoire... Mais heureusement, cette variante (Ebola Reston) qui, a contaminé 4 hommes, savéra être non mortelle pour l'être humain.
Enfin, jusqu'à ce qu'elle ne vienne à muter un jour.
Cet ouvrage est aussi la matière à nous rappeler que depuis une trentaine d'années, l'écosystème des forêts tropicales, à cause des modifications apportées par l'homme, a changé. C'est aussi depuis cette date que de nouveaux virus sont apparus : Lassa, Oropouche, VIH, Dengue, Chikingunya, Dantec, Junin, grippe aviaire... filovirus, hantavirus, rhabovirus, virus émergents, virus cérébral. comme si la terre, a son tour, attaquait l'homme...
Passionnant et d'un éclairage nouveau sur Ebola.
A noter que ce livre ne parle pas des cas de 2013-2014 car son écriture est antérieure.
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Extrait :
"Il a des vertiges et se sent d'une faiblesse incroyable ; sa colonne vertébrale ne le soutient plus et il perd tout sens de l'équilibre, comme s'il avait les jarrets coupés. La pièce tournoie autour de lui. Il entre en état de choc et s'effondre. Il se penche en avant, la tête sur les genoux, et une incroyable quantité de sang remonte dans son estomac pour se répandre sur le sol. Il perd conscience et tombe. Le seul bruit qu'il émet est celui d'un spasme tandis qu'il continue de vomir qu'inconscient. Puis on entend comme le bruit d'un drap qu'on déchire : ce sont ses intestins qui s'ouvrent et laissent sourdre le sang par le sphincter. Des lambeaux de paroi intestinale sont mêlés au sang comme si ses intestins muaient. En fait, les parois de l'intestin se sont détachées et ont été expulsées avec l'énorme quantité de sang. Monet s'est effondré, saigné à blanc."
"Le code génétique de l'Ebola est composé d'un unique brin d'ARN et ce type de molécule serait le mécanisme de codage de vie le plus ancien et le plus primitif que l'on connaisse. L'océan qui se forma peu après la naissance de la Terre, il y a environ 4 millards et demi d'années, a très bien pu contenir de microscopiques formes de vie constituées d'ARN. Cela tendrait à prouver que l'Ebola est une forme de vie ancienne, presque aussi vieille que la Terre elle-même."