9 Mai 2016
Résumé :
Auteur : Jean-Louis Debré
Nombre de pages : 400
Edition : Robert Laffont
Date de parution : 21 avril 2016
Prix : 21 euros (broché) - 14.99 euros (epub)
Avis / Critique :
C'est sous la forme d'un journal que Jean-Louis Debré nous raconte ses années passées au sein de cette institution qu'est le Conseil constitutionnel, qu'il a quitté le 5 mars 2016. Comment il a réformé cette institution, comment il lui a redonné ses lettres de noblesse, les gens qu'il y a côtoyé, les questions constitutionnelles dont lui et ses collègues ont eu à valider ou rejeter les contenus, les comptes de campagne, des souvenirs politiques aussi et familiaux également.
A travers ce recueil, Jean-Louis Debré, pour ceux que cela intéresse, nous permet de mieux appréhender les coulisses du pouvoir et de ce conseil constitutionnel. Moments simples, moments intimes, moments empreints de tendresse quand il aborde Jacques Chirac, instants plus durs quand il parle de Nicolas Sarkozy, Jean-François Copé, humour quand il raconte la "jalousie capricieuse et rigide" de Bernadette Chirac, moments forts en émotion quand il parle de son père, de son grand-père, de ses ancêtres, moments pugnaces quand il nous fait découvrir certains de ces déjeuners, partagés avec quelques personnalités, dont il dépeint sans fioriture, ni complaisance ou au contraire, avec amitié, les portraits.
Tout ne sera pas forcément intéressant pour le lecteur, et celui-ci y fera ses propres choix en naviguant à travers les dates proposées. c'est le point fort du livre, avoir justement cette possibilité de s'attarder sur tel ou tel sujet. Pas de long discours, ou sinon quand ils existent, ils sont peu nombreux, plutôt des chroniques tracées sur papier qui ancrent dans le temps, une situation, une rencontre.
Parfois un peu long, parfois au contraire trop court, ce livre est sous son aspect haché qui peut déranger parfois, un témoignage fort intéressant de ce monde politique qui paraît à beaucoup très lointain. Que fait le Conseil constitutionnel, quel est son rôle, comment est-il né ? Jean-Louis Debré répond à toutes ces questions en abordant, et c'est ce qui est intéressant, nombre d'autres sujets sans complaisance, via des témoignages brut rédigés à l'instant T où quelques heures plus tard.
Un livre politique qui change de ceux qui pullulent à l'heure actuelle.
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Extrait :
22 Octobre
Après son voyage au bout d'un certain enfer politique, Jean-François Copé me dit aller mieux et s'être "reconstruit". Il croit possible son retour sur le devant de la scène, convaincu qu'au moins quarante-cinq députés lui apporteront toujours leur soutien et que ses réseaux sont intacts. Il espère beaucoup du livre qu'il publiera en janvier 2016 et entend participer aux primaires de la droite, afin d'être en mesure d'incarner un renouveau lors de la présidentielle.
Se berce-t-il d'illusions ? Je le crois. Même si le cours de la justice lui est favorable - il se déclare certain qu'elle le mettra hors de cause -, son image a été malgré tout profondément détériorée.
Plus encore que par le passé, Copé ne cesse de fulminer contre Sarkosy, lequel ne cesserait de se défausser sur lui dans l'affaire Bygmalion, fuyant toutes ses responsabilités. Il n'a pas de mots assez durs pour le qualifier.
Il trouve que Bruno le Maire a pris la "grosse tête", que Fillon est "égal à lui-même" et n'a "aucune chance". Il estime que Juppé symbolise le passé et qu'il ne tiendra pas la distance.
Il entend représenter, quant à lui, ce que Sarkosy voulait être et n'a pas été : un bonapartiste moderne, comme ce fut le cas de Chirac à son époque, ce qui lui a permis de gagner en dépit de vents politiques contraires.
23 novembre
"Il y a des jours faciles, d'autres qui le sont moins", dit Claude Chirac en évoquant l'état de santé de son père. Ce soir, il me semble aller plutôt bien.
je lui raconte la Foire du livre de Brive à laquelle j'ai assisté il n'y a pas longtemps, où de très nombreuses personnes, comme chaque année, sont venues me demander de ses nouvelles. Je perçois sur son visage fatigué l'ébauche d'un sourire. Je lui offre un bol, on dit, je crois, un "mug", sur lequel il est représenté. Nouvelle marque, chez lui, de satisfaction. Nous évoquons ensuite les attentats, la férocité des terroristes, les difficultés de l'enquête...
Il écoute, mais ne réagit pas. L'amitié n'est-ce pas de pouvoir se parler sans trop parler ?
Ce soir, je lis dans ses yeux l'expression d'une profonde lassitude, une immense usure. Le reverrai-je ? Peut-être plus ! Je sens bien qu'une étape a été franchie et qu'il a repris son chemin vers l'ailleurs et l'inconnu.
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