15 Août 2017
Résumé : Au cour du Mal : la saisissante étude de Patrick Clervoy nous entraîne au plus profond des ténèbres de l'âme humaine, là où s'évanouissent la pitié, la dignité, le sens moral, en ces abysses d'où surgit le bourreau qui, en chacun de nous, sommeille. Par quel effet un tranquille père de famille est-il conduit, sous la pression du groupe, à devenir un tortionnaire ? Comment la soumission à l'autorité peut-elle entraîner des individus à se comporter en bêtes fauves ? Quel est ce " complexe de Lucifer " qui incite l'homme à faire souffrir son semblable et à jouir du supplice infligé ?
Auteur : Patrick Clervoy
Nombre de pages : 336
Edition : CNRS
Collection : Histoire
Date de parution : 3 octobre 2013
Prix : 13.84€ (Broché) - 13.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2271076700
L'homme est-il cruel, un bourreau par nature, ou le devient-il sous l'effet de circonstances, d'imitation, d'emportement ? La soumission à l'autorité peut-elle expliquer la tendance à la cruauté qui alors peut surgir et inhiber la conscience et l'empathie comme l'ont démontré Philip Zimbardo avec l'expérience de Stanford et Stanley Milgram avec l'autorité ?
Comment s'élabore ce mécanisme que les psychologues appellent l'Effet Lucifer ?
Dans ce livre, Patrick Clervoy s'attache à tenter de décrypter le processus par lequel un individu se trouve poussé à commettre le pire des actes sans que sa volonté ne fasse barrage à la cruauté. Plus le niveau d'une civilisation est élevé, plus on s'attendrait à ce qu'elle soit apaisée, bienveillante. Si c'est le cas pour une part d'elle, pour l'autre, son raffinement dans la mise en pratique de nouvelles formes de torture apparait également. Les exemples pour le montrer sont nombreux : Rome et les jeux du cirque, Hitler et les camps de la mort, le docteur Mengele, la prison Abou Ghraib et le camp de Guantanamo, le génocide des Arméniens, les camps des Khmers Rouges, etc...
Abou Ghraib, prison américaine au coeur de l'Irak.
Les photos ont fait le tour du monde. Elles y montrent des prisonniers torturés, déshumanisés, mis en scène sur des clichés où des hommes sont empilés nus, parfois dans des postures imitant la sodomie ou la fellation, ou pour certains tenus en laisse.
C'est un intervenant extérieur, le sergent Joseph Darby nouvellement affecté, qui, choqué par ce qu'il voit va faire éclater le scandale.
Qu'est-ce qui explique ces faits ? Plusieurs choses sûrement. La première, un leader fort, des paroles répétées parfois en boucle comme un leitmotiv. Deuxièmement, la pensée du tortionnaire à croire que personne d'autre ne saura ce qui se déroule. Quel militaire aurait pu s'imaginer à ce moment-là que leurs proches verraient un jour ces clichés ? Aucun. Leur tendance à la transgression s'est alors vue renforcée. Troisièmement, l'effet d'imitation et la notion renforcée de son propre groupe d'appartenance. Quatrièmement, le basculement de l'identification à la victime à la non-identification. Ce mouvement psychologique qui fait que dans un premier temps la personne ressent une certaine forme d'empathie, et qui entraine par la suite un sentiment inconscient de culpabilité, de menace et d'angoisse qui devient intolérable. La seule solution pour ne plus avoir à faire face à cette contrainte psychologique, est de ne plus considérer les détenus comme des personnes, mais comme des choses.
Dans ce livre, les exemples sont légion comme je le disais plus tôt :
Lors du massacre des Arméniens, 1.200 000 de personnes seront dirigées vers le désert. Le préfet Turc, Djevet Bey, surnommé le "maréchal-ferrant de Bashkalé" invente le supplice consistant à clouer des fers à cheval aux pieds de ses victimes arméniennes. A Angora, tous les hommes de 15 à 70 ans sont arrêtés, liés par 4 et emmenés à travers une vallée où des paysans turcs les attaquent, armés de gourdins, de marteaux, de haches, de faux, de scies. "A Trebizonde, les victimes sont embarquées sur des bateaux et expédiées dans la mer Noire, où des gendarmes les rejoignent, les tuent et jettent leur corps à la mer. Les femmes sont contraintes d'abandonner leurs enfants, les jeunes filles sont vendues comme esclaves. Résultat : entre 800 000 et 1 million et demi d'Arméniens a été éliminé."
Durant la guerre du Viêtnam, un groupe de soldats américains investit un village dans lequel devaient se trouver des combattants ennemis. Il n'en sera rien. il n'y a que des villageois : femmes, vieillards, enfants et animaux. Tous seront exterminés à la grenade ou à l'arme automatique. Sur la centaine de militaires présents sur les lieux, trois seulement se sont opposés au carnage.
Un gardien dans un camp Khmer Rouge révéla : "Quand on torture, on a un coeur cruel et sauvage. Je ne réfléchissais pas. J'avais l'arrogance, le pouvoir sur l'ennemi. Je ne pensais pas à sa vie. Je le regardais comme une bête."
Comment expliquer le zèle de tous ces hommes ? Par le résultat d'un endoctrinement forcené, de formules mille fois répétées qui finissent par annihiler le sens moral et la réflexion. L'homme reproduit le comportement de ses semblables, imitant le geste qui tue.
Dans cet ouvrage, Patrick Clervoy met donc en exergue les différents mécanismes qui se mettent en branle, les émotions qui plongent l'homme dans un état de fascination qui annihile la capacité à voir la souffrance infligée. La peur, la haine, la colère, la ferveur, la passion qui peuvent elles aussi produire un décrochage moral. Le cerveau de l'homme à contrario du cerveau des autres animaux se configurent pour imiter ce qu'il voit autour de lui via ce qui est appelé "Les neurones miroirs". L'individu surexprime alors ce qu'il voit chez l'autre et diffuse à son tour son interprétation en amplifiant souvent ses actes.
Freud a démontré que l'homme dès son enfance est un être "polymorphe", capable de cruauté là où l'animal ne tue que pour se nourrir, pour se défendre ou exceptionnellement pour conquérir une position de domination. Dès le départ, les premiers outils confectionnés par l'homme furent des instruments destinés à la chasse puis, il n'a jamais cessé de développer des instruments de plus en plus perfectionnés tout en développant d'un autre côté, la morale de ne pas tuer, faisant de lui un être ambivalent, paradoxal.
Patrick Clervoy explique les implications de cet effet Lucifer, à travers plusieurs thématiques qui sont :
- Le décrochage du sens moral
- Le pousse à la cruauté
- Paroles des bourreaux
- Comprendre le mal
- Combattre l'effet Lucifer
Un livre de chercheur fort intéressant qui complète les ouvrages déjà écrits sur le sujet, et qui a le mérite de s'arrêter sur différents stades de l'histoire et de prendre en exemple plusieurs pays.
En 1992, la ville de Los Angeles fut le théâtre d’un enchaînement causal aboutissant à un spasme de violence collective. D’abord, le lynchage de Rodney King ; ensuite, les scènes d’émeutes et de pillages consécutives à la relaxe des policiers lyncheurs. Par jeu de miroir, les émeutes constituent l’image inversée de la scène de lynchage.
Les images de l’époque illustrent la rapidité avec laquelle les habitants s’agglutinent par milliers, pillent, détruisent et incendient des bâtiments, malgré la présence initiale de forces de l’ordre en nombre et bien équipées. Filmées par les nombreux hélicoptères qui survolent la ville, sous l’œil des caméras des équipes de reporters mêlées à la foule, des dizaines de milliers de personnes ordinaires, qui allaient au travail ou faire leurs courses comme tous les jours, se transforment soudainement en pillards. Et quelques dizaines d’entre elles en assassins. Il y aura 54 morts, des centaines de blessés, 7 000 arrestations, des milliards de dollars de dégâts, sous le regard de millions de citoyens fascinés par les images retransmises à la télévision, sidérés à l’idée que les scènes infernales observées sur leurs écrans se produisent en direct à quelques centaines de mètres de chez eux.
Rodney Glen King est né et a vécu en Californie. Il a grandi dans les quartiers regroupant les Américains d’origine africaine. À l’âge de 24 ans, il a été condamné à deux ans de prison pour vol avec violence après avoir cambriolé un magasin et agressé son propriétaire d’origine coréenne. Le fruit de son larcin était de 200 dollars. Après une année d’incarcération, il a bénéficié d’une libération conditionnelle. Sur le plan judiciaire, pendant trois ans, il ne fait pas parler de lui. Il travaille dans le bâtiment, menant la vie d’un citoyen ordinaire.
Cette nuit du 2 mars 1991, il revient d’une soirée avec des amis avec lesquels il a regardé un match de basket-ball à la télévision. Il a bu quelques bières. Après coup, son taux d’alcoolémie a été mesuré à 0,20 g/l, au-dessus du seuil toléré.
Il est intercepté par la police après une brève course-poursuite. La patrouille de Tim et Mélanie Singer, un couple de policier, l’a pris en chasse parce qu’il roulait à une vitesse excessive. Rodney King reconnaîtra qu’il avait tenté de fuir, inquiet que sa libération conditionnelle pût être levée en raison de cette double infraction au code de la route, l’excès de vitesse et l’alcool au volant. La course-poursuite dure moins d’un quart d’heure. De l’autoroute, où l’excès de vitesse a été mesuré, au quartier résidentiel où il est arrêté, le véhicule de Rodney King a parcouru une vingtaine de kilomètres. Entre le moment où l’infraction est relevée et celui où son véhicule est stoppé, un hélicoptère et trois véhicules de police ont rejoint le véhicule de chasse. Dans la première de ces voitures se trouvent les policiers Laurence Powell et Timothy Wind ; dans la seconde ; les policiers Theodore Briseno et Rolando Solano ; dans la troisième le sergent Stacey Koon.
Au moment où son véhicule est stoppé, Mélanie Singer ordonne à Rodney King et à ses deux passagers de sortir les mains sur la tête. Les deux passagers s’exécutent immédiatement. Rodney King ne sort que quelques minutes plus tard. Il est encerclé par les forces de police. Mélanie Singer s’approche de Rodney King avec son arme au poing pour procéder à son arrestation. Le sergent Stacey Koon, qui par son grade a autorité sur l’ensemble des policiers présents, stoppe Mélanie Singer et lui ordonne de rengainer son arme. Expérimenté, il privilégie la sécurité de son personnel. Il redoute les ruses des forcenés qui pourraient parvenir à se saisir de l’arme des policiers. Stacey Koon préfère temporiser et employer une mesure de submersion : plusieurs policiers sans arme à feu et munis de leur longues barres de fer encerclent l’individu suspect, et par leur nombre le submergent, l’immobilisent et lui passent les menottes.
Rodney King leur paraît bizarre : il titube, il grimace un sourire figé, il fait un coucou de la main à l’hélicoptère de la police qui survole le dispositif. Le sergent Koon pense que Rodney King est sous l’influence d’une drogue puissante, un produit anesthésique vétérinaire, le PCP ou « poudre d’ange », qui donne au consommateur un comportement agressif et une puissance physique décuplée. Koon décide de le neutraliser préalablement avec son pistolet à impulsion électrique, un Taser, arme non létale qui foudroie instantanément la cible. À la première décharge électrique, Rodney King reste debout. Koon tire une deuxième fois et Rodney King tombe à terre. À peine est-il au sol que trois des policiers désignés pour l’assaillir, Laurence Powell, Timothy Wind, Theodore Briseno, le rouent de coups. La séquence du lynchage proprement dite dure une minute et vingt secondes, durant laquelle Rodney King reçoit 56 coups de barre de fer et 6 coups de pied. 40 des coups de barre de fer sont donnés par le seul Laurence Powell. De la fenêtre d’un motel situé au bord de la route, un vidéaste amateur, George Holliday, filme la scène.
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