Au détour d'un livre

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Les Islandais célèbrent les livres à Noël avec le "Jolabokaflod"

Photo : Lynn Bryant.co.uk

 

Quand un livre coûte 50 euros (6990 couronnes), au royaume des sagas islandaises, il n’y a pas de Noël sans livres sous le sapin : chaque année depuis l’après-guerre, l’Islande, un des plus petits marchés de l’édition au monde, célèbre le “Jolabokaflod” (Fleuve de livres ) juste avant les fêtes.

Des centaines de nouveaux titres sont alors mis en rayon à prix soldés, une tradition vitale pour les métiers du livre, dans un pays de 360.000 habitants. Après le repas familial du 24 décembre vient le temps de la lecture avec, très souvent, le dernier polar d’Arnaldur Indridason au coin du feu, un best-seller dans son pays natal depuis 2000.

“La littérature est très importante en Islande et c’est, je crois, la forme d’art à laquelle tout le monde s’identifie”, explique Sigrún Hrólfsdóttir, artiste et mère de famille. Sa fille et son fils, Dúna et Gudmundur, ont déjà choisi leurs livres sur le “Bokatídindi”. Distribué dans toutes les boîtes à lettres du pays, ce catalogue de 80 pages propose romans, poèmes, et livres pour jeunesse, comme d’autres des meubles en kit. Près de sept Islandais sur dix achètent un livre ou plus pour en faire cadeau à Noël. Dans son édition 2019, le catalogue propose 842 nouvelles publications. 

La tradition du “Jolabokaflod” puise sa source à la fin de la Seconde Guerre mondiale. L’Islande, pauvre, limite les importations pour éviter l’endettement des ménages en 1945. Mais le papier, lui, reste bon marché et les livres remplacent poupées et trains électriques sous le sapin.

L’Islande vient aussi tout juste de s’émanciper de près de sept siècles de domination norvégienne puis danoise. “Il y a un rapport avec les débats sur l’importance de la littérature lors de la lutte pour l’indépendance et la quête identitaire islandaise : pour être Islandais, il fallait lire des livres”, raconte Halldór Gudmundsson, écrivain et ancien président de Forlagid, la plus grande maison d’édition d’Islande.

Le “Jolabokaflod” représentait près de 40% du chiffre d’affaires des éditeurs islandais en 2018. 

 

Un Islandais sur dix publie un livre au cours de sa vie.

Et les Islandais sont naturellement de grands lecteurs. L’île compte 83 bibliothèques, et une journée nationale leur est consacrée chaque année début septembre depuis 2011.

L’incroyable flot de livres du “Jolabokaflod” – dont une majorité de romans – est partagé de moitié environ deux mois durant avec les supermarchés du pays.  Une répartition qui permet de rendre plus abordables des biens relativement chers le reste de l’année : il faut compter  environ 52 euros pour un roman, plus de deux fois le tarif en vigueur en France ou au Royaume-Uni.

“Il est plus difficile d’acheter autant de livres en temps normal, les gens seraient fauchés”, explique Brynjólfur Thorsteinsson, 28 ans, vendeur à la librairie Mál og menning à Reykjavík, l’une des plus anciennes d’Islande. Aux fins de soutenir le secteur, le gouvernement a décidé cette année de rembourser 25% des coûts de production des livres publiés en islandais.

 

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Source : AFP

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