Au détour d'un livre

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L'ombre de la baleine, de Camilla Grebe

 

Résumé : Quand des cadavres de jeunes hommes échouent sur les côtes de l’archipel de Stockholm, la jeune flic Malin et son supérieur, Manfred, sont missionnés pour résoudre ce sombre mystère. Hélas, chacun est plus vulnérable que d’habitude : Malin est très enceinte, et Manfred meurtri par le terrible accident qui a plongé sa petite fille dans le coma.

Auteure : Camilla Grebe
Nombre de pages : 400
Edition : Calmann-Lévy
Collection : Suspense Crime
Date de parution : 27 février 2019
Prix : 21.90€ (Broché) - 8.40€ (poche) - 8.49€ (epub, mobi) - 0€ (essai audible)
ISBN : 978-2702165584

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Avis / Critique :

 

L'inspecteur Manfred, divorcé, remarié loupe du regard un instant sa fille de cinq ans. Celle-ci tombe du balcon pour avoir voulu regarder de plus près une pelleteuse. Hospitalisée, la jeune fille est mise dans le coma pendant que son père doit enquêter sur la mort de jeunes hommes battus et jetés à l'eau.
Samuel, jeune adulte vit encore chez sa mère Pernilla, une croyante et mère célibataire. Il deale jusqu'au jour où celle-ci s'en rend compte et jette la marchandise qu'il doit remettre lors d'un rendez-vous, excédée par le comportement de son fils.
Pernilla le met alors illico dehors.
Samuel panique à l'idée de faire face à son boss. Une descente de police remet tout en cause et il s'enfuit avec un sac rempli d'argent, poursuivi par Igor et ses acolytes. Il trouve refuge chez Rachel, une jeune femme d'une trentaine d'années qui veille sur son fils Jonas, tombé dans le coma suite à un accident. Pernilla quant à elle, se rapproche d'une de ses collègues de travail qui lui apporte nombre de conseils et la persuade de se défaire de l'emprise de son pasteur.
Mais les apparences sont-elles ce qu'elles paraissent ?
Les cartes sont rebattues dans ce thriller scandinave lentement mené par Camilla Grebe qui nous invite au travers de ce polar à suivre le destin de trois personnes : un policier, un jeune délinquant, et sa mère.

Le rythme est un peu lent et pourra déplaire à certains. Pour les autres, dont je suis, cela ne dérangera pas même si les lecteurs auront hâte de découvrir la fin et d'avoir le mot final à cette histoire qui sait nous tenir en haleine au travers de chapitres qui narrent tour à tour ce que vivent les trois protagonistes principaux de cette histoire. Le parallèle entre la mère et le fils est intéressant. L'un qui, au départ, est un petit délinquant tend à retrouver une certaine vertu quand celle qui lui a donné le jour sombre peu à peu vers l'autre côté.
Il est difficile de se séparer de ce livre une fois les chapitres entamés, surtout durant la seconde partie. La première amenant lentement l'aspect psychologique de l'histoire qui va permettre à la seconde de prendre toute sa teneur policière.

Avec L'ombre de la baleine, c'est encore un excellent polar venu du froid qui nous est servi, cette fois sous la plume de Camilla Grebe.

 

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L'ombre de la baleine, de Camilla Grebe - "www.audetourdunlivre.com"

Extrait :

MANFRED

Nous étions une famille assez ordinaire et c’était une matinée comme toutes les autres, une matinée banale, l’une de ces journées auxquelles on n’attache aucune signification particulière avec la conviction qu’elles ne changeront pas le cours de notre vie. Simplement une journée de plus à supporter, à vivre.

Afsaneh s’est extirpée du lit en premier pour donner de la bouillie à Nadja. Elle est entrée dans la cuisine à pas légers, presque hésitants, comme si elle marchait sur une fine couche de glace. Puis j’ai entendu le placard s’ouvrir, l’eau du robinet couler, la casserole se poser sur la cuisinière. Et enfin, le frottement rythmique du fouet contre le métal pour délayer les céréales. Dans la chambre de Nadja, des pleurs entrecoupés de quintes de toux.

Je suis resté quelques instants sous les couvertures, lové dans la chaleur des draps où s’était allongée Afsaneh, attentif aux moindres rumeurs. C’étaient les bruits d’une famille comme toutes les autres ; de ma jeune épouse – trop jeune diraient certains – et de ma fille. C’était le silence laissé par le départ de mes trois grands enfants et de leur mère qui avait

claqué la porte de l’appartement un matin de printemps comme celui-ci, traînant une valise dont la pesanteur n’avait d’égal que la furie de mon ex-femme.

Or, à cet instant-là, dans la chaleur de mon lit, encore ensommeillé, pas tout à fait extrait de mes rêves, ces détails ne revêtaient pas d’importance particulière. Ce n’est qu’avec le recul que l’on saisit la portée de ces petits événements ; que toutes les futilités de la vie prennent corps et vous poursuivent la nuit.

Ce matin comme tous les autres, pour la troisième fois en autant de semaines, Nadja était souffrante. Afsaneh et moi étions épuisés à force de réveils nocturnes et de négociations avec notre fillette adorée, mais indocile. Au moindre rhume, Nadja redevenait comme un nouveau-né. Nous en plaisantions, Afsaneh et moi. Ma femme me disait que je ne pouvais m’en prendre qu’à moi-même – moi qui avais voulu retomber dans les langes à plus de cinquante ans.

Afsaneh a entrebâillé la porte de la chambre, tenant Nadja dans ses bras. Quand elle a esquissé un mouvement pour remonter l’enfant sur sa hanche, son peignoir a glissé, dévoilant un sein – un sein magnifique qui contre toute attente était devenu mien.

Elle m’a demandé si je pouvais m’occuper de Nadja, j’ai rétorqué que je comptais passer une tête au boulot, autrement dit, au commissariat de Kungsholmen, à Stockholm, où je trime depuis plus de vingt ans. Où j’enquête sur des meurtres et crimes en tous genres ; où je suis confronté aux facettes les plus sordides de l’humanité, aux comportements déviants sur lesquels le reste de la population a le droit de fermer les yeux.

Comment pouvais-je y attacher tant d’importance ?

Qu’ils s’entre-tuent, me dis-je aujourd’hui. Qu’ils violent, qu’ils frappent. Laissons la drogue couler à flots et les banlieues s’embraser comme des feux d’artifice dans la nuit. Je ne veux plus en entendre parler.

Je me souviens qu’Afsaneh a froncé les sourcils. C’était l’Ascension : qu’avais-je à faire de si capital au travail ? Quant à elle, elle avait rendez-vous dans un café avec une doctorante, ce qu’elle m’avait déjà répété la veille, au cours du dîner.

Nous avons continué à nous chamailler pendant un bon bout de temps à propos des congés pour enfant malade – comme si cela avait de l’importance. Nous nous disputions de cette manière irréfléchie et fatigante dont les gens se disputent – j’imagine – dans la plupart des familles, un matin ordinaire, dans un pays riche et sûr comme la Suède.

Finalement, Afsaneh est partie à son rendez-vous. Dans le grand lit, avec Nadja tout contre moi, son petit nez enrhumé contre ma joue, je n’étais pas si mal, après tout. Qu’avais-je à faire au boulot ? Les macchabées pouvaient bien attendre et la plupart de mes collègues étaient de toute façon en congé.

Je ne me souviens pas de ce que j’ai fait ce matin-là, peut-être un peu de ménage. Mon genou me faisait terriblement souffrir et je crois que j’ai avalé plusieurs comprimés anti-inflammatoires. J’ai peut-être fumé quelques cigarettes en cachette sous la hotte de la cuisine et Nadja a regardé des dessins animés. D’ailleurs, j’avais dû augmenter le son à cause du vacarme des travaux sur l’avenue Karlavägen.

Ma fille aînée, Alba, a téléphoné depuis Paris pour m’emprunter de l’argent. Placide mais déterminé, je lui ai demandé d’en parler à sa mère : n’avais-je pas déjà rallongé de trois mille couronnes son argent de poche ? Sans oublier qu’Alexandre et Stella, son frère et sa sœur, n’avaient rien eu. Il fallait bien faire preuve d’équité, non ?

L’équité, quel drôle de concept, a posteriori.

Au bout d’un moment, Nadja, lasse de la télévision, s’est mise à chouiner, inconsolable. Je l’ai prise dans mes bras et j’ai arpenté l’appartement, tentant vainement de la calmer. Son petit corps était brûlant de fièvre et je lui ai donné du paracétamol, contre l’avis Afsaneh – une autre de nos pommes de discorde. Selon elle, on ne doit pas administrer de médicaments aux jeunes enfants, sauf s’ils sont à l’article de la mort.

Nadja a fini par s’apaiser – grâce à l’antipyrétique, à la tartine préparée par mes soins ou au bruit des travaux dans la rue qui représentait une distraction bienvenue, je l’ignore. Elle a voulu regarder dehors et je l’ai soulevée sur le rebord intérieur de la fenêtre. Elle est restée un long moment comme ensorcelée, à observer la pelleteuse creuser lentement la chaussée trois étages plus bas, tout en léchant de sa petite langue pointue le beurre de sa tartine et la morve sur sa lèvre supérieure. Nous avons discuté quelques instants de tractopelles, voitures, camions et motos – de tous les moyens de locomotion, en somme. Nadja était fascinée par les engins à moteur, surtout les plus bruyants – Afsaneh et moi l’avions déjà remarqué.

C’est sans doute à ce moment-là qu’Afsaneh a téléphoné depuis le café.

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