4 Mai 2020
Résumé : Peut-on croire que l'auteur d'un carnet codé, trouvé près d'un cadavre au fin fond de l'Écosse, ne soit autre que... l'archange Gabriel ?
Est-il possible qu'un tueur en série sévisse au paradis ?
Est-il pensable que Jésus, Moïse et Mahomet fassent partie des suspects ?
Auteur : Gilbert Sinoué
Nombre de pages : 352
Édition : Albin Michel
Collection : A.M. ROM.FRANC
Date de parution : 9 avril 2003
Prix : 4.48€ (Broché) - 2.45€ (poche) - 7.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2702883471
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Mrs. Clarissa Gray, écrivaine de polar âgée de 72 ans est retirée du monde dans la campagne écossaise. En train de dicter le soir son dernier polar en cours, et alors qu'elle se prend un petit verre de scotch, voilà qu'un homme vient mourir dans son cottage. Mais le temps que la police arrive chez elle, la victime disparait. Clarissa Gray se souvient alors le lendemain d'un ticket que lui a glissé le décédé. Dans la consigne, elle trouve un carnet ancien que son ami universitaire lui dit être daté du Ier ou IIème siècle après JC.
Alors qu'elle se trouve à Glascow, la police découvre sa victime mystérieuse. Que fait-elle à cet endroit et que veulent dire ces textes qui parlent des Anges, des prophètes...
Des Anges ? Justement, voilà Daniel qui vient lui rendre visite sous une forme humaine et lui révèle qu'il faut qu'elle enquête sur la mort de l'archange Gabriel, sa "fameuse victime" et qu'elle découvre qui s'en prend aux anges. Le meurtrier est-il l'un des prophètes ou pire encore ?
Ce polar de Gilbert Sinoué est des plus déroutant, mais en même temps amusant si on se laisse mener par cette intrigue complètement barrée. En effet on peut se demander ce qui a pris à l'auteur de nous pondre pareil ovni littéraire. Passée la surprise, et si on décide d'adhérer à l'histoire pour aller au bout, c'est plutôt un livre plaisant à lire dans la bonne veine des policiers. Car enquête, il y a et les personnages principaux, : Mrs Gray, Kathleen et Marcor sont plutôt bien campés et on s'y attache. Gilbert Sinoué profite également de son livre pour parler de religion et dire ce qu'il pense des textes, donner sa version de certains faits religieux, sa version du Paradis, de Dieu, de Satan.
Déroutant, ce livre en rebutera certains, ceux qui n'accepterons pas que l'on revisite et se moque gentiment de la religion et de ses protagonistes principaux. Pour les autres, ce sera un policier improbable, mais plutôt plaisant à lire avec une dose de policier, d'humour, d'amour, et d'ésotérisme.
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APRÈS AVOIR parcouru les notes que Maclean lui avait soumises, Bacovia siffla la dernière gorgée de grog au scotch qu’on lui avait servi :
— Amusant, fut son premier commentaire. Très amusant.
Tant bien que mal, il essaya de caler sa masse adipeuse dans le fauteuil :
— Que dire ? J’ai bien retenu vos explications. J’admets que l’affaire est assez singulière ; je veux parler surtout de ce cadavre volatilisé et de son jumeau retrouvé à plusieurs miles de Lamlash. S’il n’y avait eu mort d’homme, vous pensez bien que je n’aurais pas accordé une once d’importance à ces amphigouris. Cela étant, je suis prêt à vous éclairer sur le contenu du carnet…
— Les premières pages, rectifia Maclean. Je n’en ai décodé que quatre.
— Les premières pages… Je n’y ai rien découvert que vous ne sachiez déjà : ce sont bien les noms des personnages bibliques. Quant au reste…
Il fit un geste des deux mains qui voulait souligner son impuissance, à moins que ce fût son manque d’intérêt.
— Leur identité ? questionna la vieille dame.
— Prenons-les dans l’ordre : « le fils d’Amram ». Aucun doute possible… c’est de Moshe dont il est question.
— Moshe ? répéta Clarissa.
— Moïse, si vous préférez.
— Le Moïse ?
— Je n’en connais guère d’autres qui soient aussi célèbres, madame. Oui. Le Moïse. La Torah nous précise qu’il était fils d’Amram et de Yochevet. Quant à l’origine de son nom, elle est une énigme en soi. Voilà des siècles que les exégètes s’échinent à nous fournir une explication qui tienne la route. J’ai compulsé nombre d’hypothèses, aucune ne me paraît convaincante. La plus répandue consiste à dire que l’étymologie du nom s’inspire des conditions dans lesquelles Moïse fut sauvé. Ainsi, la princesse égyptienne qui l’a trouvé dans son berceau de papyrus aurait opté pour le nom de Moshe parce qu’elle l’avait « tiré des eaux ». En hébreu, meshiti signifiant « eaux ». Cette spéculation est risible, car elle sous-entendrait que la fille du Pharaon – une Égyptienne pure souche – maîtrisait la grammaire hébraïque.
— Vous parliez de plusieurs hypothèses, rappela Clarissa.
— Oh oui ! Et je me garderais bien de vous les énumérer ! Toutefois, j’ai une certaine préférence pour la théorie émise par Freud, même si elle est imparfaite. Selon le célèbre psychiatre viennois, Moïse serait la transcription du terme égyptien « mosis », ou « mose », signifiant « enfant » ou « fils de ». Il s’inscrirait ainsi dans la longue liste des Thoutmosis, ou Ptahmosis. Si l’on accepte la démarche irrespectueuse qui consiste à briser les tabous bibliques, l’hypothèse d’un Moïse au nom égyptien ne me paraît pas totalement improbable.
Au-dehors, le vent avait redoublé d’intensité et les bourrasques faisaient un remue-ménage assourdissant.
— Si nous revenions au carnet, suggéra la romancière, manifestement impatiente. Qu’en est-il des autres noms cités ?
— Yeshoua… Yeshoua qui signifie en hébreu « Yahvé sauve ». Si nous faisons fi des spéculations fantaisistes, son histoire nous paraît aussi incertaine que l’origine du nom Moïse.
Clarissa fit un bond sur son divan :
— Vous voulez dire que Jésus n’aurait pas existé ? Vasile Bacovia se voulut rassurant :
— Loin de moi cette pensée ! Disons que l’existence de Jésus n’est attestée qu’à travers des textes dont il n’est pas l’auteur et le seul acte d’écriture qu’il ait jamais commis se résume à un mot tracé sur le sable avec un doigt.
— Quelle importance ? objecta Mrs Gray, n’est-ce pas la particularité de la plupart des fondateurs de religion ? Ni Mahomet ni Moïse n’ont écrit une seule ligne. En d’autres domaines, nous pourrions citer Socrate, pilier de la philosophie occidentale, ou encore Bouddha. Est-ce pour autant que nous devrions remettre en question leur existence ?
Le Roumain croisa ses mains sur son ventre replet :
— Vous avez raison, Mrs Gray. Cependant, permettez-moi de rectifier. Si pour les chrétiens et les musulmans la question ne se pose pas, en revanche, au regard des juifs, Moïse, lui, passe pour être l’auteur des cinq ouvrages qui composent l’Ancien Testament.
— Et les Évangiles ? insista Clarissa. Les Actes des apôtres ? Qu’en faites-vous ?
— Rassurez-vous, je ne les renie ni les rejette. Seulement voilà, en tant qu’historien des religions, j’ai pour principe de réfléchir et de soupeser les arguments ainsi que le ferait un juré de cour d’assises : les faits, rien que les faits. Si j’ai bien compris, vous écrivez des romans policiers, n’est-ce pas ?
Mrs Gray émit quelque chose qui ressemblait plus à un borborygme qu’à une réponse.
— Je présume donc que lorsque vous concevez votre criminel, vous vous efforcez d’élaborer contre lui des preuves matérielles et tangibles. Eh bien, votre serviteur agit pareillement.
Il répéta :
— Les faits, rien que les faits. Et croyez que la plupart de ceux qui sont mentionnés dans les différents textes sacrés n’auraient jamais été reconnus par une cour de justice digne de ce nom. Voyez l’épisode de la Nativité transmis par Luc. Sous le règne du roi Hérode, l’ange Gabriel se rend à Nazareth, et s’adresse à Marie – une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph. Le séraphin annonce à la jeune fille : « Sois sans crainte, car tu as trouvé grâce auprès de Dieu. Voici que tu concevras dans ton sein et enfanteras un fils, et tu l’appelleras du nom de Jésus. »
Bacovia leva un index :
— Souvenez-vous : « Cela se passait sous le règne d’Hérode » et je précise, car ce ne sont pas les rois du même nom qui manquent, qu’il s’agit d’Hérode le Grand. Luc poursuit, je cite : « Or, il advint, en ces jours-là, que parut un édit de César Auguste, ordonnant le recensement de tout le monde habité. Ce recensement, le premier, eut lieu pendant que Quirinius était procurateur de Syrie. » Voyez-vous où est l’incohérence !
Sans laisser à son auditoire le temps de répondre, il enchaîna :
— Nous sommes confrontés à deux données historiquement inconciliables. Nous savons quelle année et, approximativement, quel jour Hérode est mort : une semaine avant la Pâque juive, entre le 12 et le 13 mars de l’an 4 avant notre ère. Ce fut peu après une éclipse solaire, relatée par de nombreux témoins. Pour ce qui est de Quirinius, il fut bien en fonction en Syrie, mais uniquement à partir de l’an 6 ou 7 de notre ère, date du fameux recensement.
Il prit le trio à témoin :
— Hérode étant mort en l’an 4 avant notre ère, l’annonce faite à Marie n’a pas pu avoir lieu après cette date, puisque l’on nous dit qu’elle se produisit sous le règne d’Hérode. Vous êtes d’accord ?
Maclean et Clarissa ne purent qu’acquiescer.
— Quant au recensement, il s’est déroulé au plus tôt en l’an 6 de notre ère, date de la nomination de Quirinius.
Il prit une brève inspiration.
— En conclusion : Marie serait restée enceinte pendant près de dix ans ! Ainsi…
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