22 Mars 2018
Résumé : Il ne s’agit pas d’une « affaire » comme les autres. Parce qu’au-delà de l’argent, il y a, cette fois-ci, une guerre.
Fruit de six années d’enquête, "Avec les compliments du Guide" retrace pour la première fois, grâce à des témoignages et des documents inédits, l’histoire secrète de compromissions à visages multiples avec la Libye de Kadhafi, une dictature.
Auteurs : Fabrice Arfi, Karl Laske
Nombre de pages : 400
Edition : Fayard
Collection : Documents
Date de parution : 18 octobre 2017
Prix : 20€ (Broché) - 14.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2213687049
Avec ce livre, on se régale et en même temps on ne peut s'empêcher de se dire à quel point la politique est un monde à part. Un monde où petits arrangements entre amis, entre ennemis s'articulent sur fond d'actes pas toujours très clairs. Le cash passe et rentre dans les poches, voire se transforme en piscine, en appartement ou en valise au gré des protagonistes qui le touche.
A l'heure où Nicolas Sarkozy est placé en examen, il était de bon ton de se plonger dans le livre des deux journalistes de Médiapart, à l'origine de la mise en avant médiatique de l'affaire. Et c'est, il faut bien le dire assez effrayant pour le citoyen lambda.
Fabrice Arfi et Karl Laske nous livrent une autre vision de l'origine du déclenchement de la guerre en Libye. "un gros mensonge", dira Rony Brauman, ancien président de l'ONG Médecins sans frontières qui ne cache pas son scepticisme sur cette question "il n'existe aucune image de gazage, pas plus d'ailleurs que du non moins fumeux mitraillage aérien de manifestants à Tripoli".
Une guerre voulut par un Nicolas Sarkozy, par un Bernard Henri Levy et qui aura pour conséquence l'effondrement économique et politique du pays, des guerres entre tribus, entre milices, des crises humanitaires, et la croissance de l’État islamique en Afrique du Nord.
Avec ce livre " Avec les compléments du Guide", la vérité sur l'origine de l'affaire des infirmières bulgares est aussi faite. Une affaire qui a été voulue par le régime libyen afin d'avoir dans la balance de quoi faire taire celle du DC10 UTA de Lockerbie.
Mais c'est aussi le suivi des cheminements des valises pleines d'argent à destination des uns et des autres de nos politiques, distribuées par des intermédiaires sulfureux, qui nous est conté.
On y apprend que non seulement (via Ziad Takieddine), de l'argent aurait bien été distribué à l'ancien président Sarkozy, et à d'autres, mais aussi que Saïf al-Islam Kadhafi, le fils du Guide, aurait lui-même confirmé l'information en confiant "Il faut que Sarkozy rende l'argent qu'il a accepté de la Libye pour financer sa campagne électorale. C'est nous qui avons financé sa campagne, et nous en avons la preuve. Nous sommes prêts à tout révéler."
Choukri Ghanem lui aussi note : "Le 29 avril, j'ai déjeuné chez Bachir Saleh. Al-Baghadi était présent. Bachir a dit avoir payé 1.5 million d'euros à Sarkzoy ; quant à Saïf, il lui a envoyé 3 millions d'euros. Il semblerait que les émissaires aient empoché une partie des sommes avant de les remettre à destination. Abdallah Senoussi lui a également envoyé 2 millions d'euros. Je lui ai dit qu'en versant cet argent à ces gens ils croient peser sur leur politique. Ils vont prendre cet argent et une fois les élections gagnées, ils iront supporter Israël..."
Le 4 janvier 2008, moins d'un mois après la visite d’État de Kadhafi en France, le secrétaire général de l’Élysée, Claude Guéant, (condamné pour faux et usage de faux et blanchiment de fraude fiscale en bande organisée en 2015) signe une "promesse unilatérale de vente", pour l'achat d'un appartement cossu de 89 mètres carrés, rue Weber, à quelques pas de l'Arc de triomphe, dans le XVIème arrondissement de Paris. Le bien est payé comptant trois mois plus tard, en mars. Prix de l'acquisition : 717 500 euros. Claude Guéant règle la note sans avoir à contracter le moindre emprunt bancaire. L'essentiel de la somme - 500 000 euros - provient de la vente des marines flamandes de Van Eervelt (tableaux). C'est du moins ce que l'intéressé indique à tous ses interlocuteurs. La femme de ménage dira elle, n'avoir jamais vu lesdits tableaux, et Claude Guéant n'a jamais pensé à les faire assurer quand il était supposé les détenir...
Autre fait qui nous est raconté : une enquête du service de renseignements financier de l'état français, Tracfin, a permis de découvrir que deux jours avant de virer en 2008, les 500 000 euros vers Guéant, l'avocat malaisien Rajendram a perçu exactement la même somme en provenance d'Arabie Saoudite. L'homme qui a émis le versement s'appelle Wahib Nacer, gestionnaire des comptes de Bachir Saleh, directeur du cabinet de Kadhafi et patron du Libyan African Investment Portfolio, le puissant fonds souverain libyen...
On sourit quand on voit la proximité de Jean-François Copé, alors ministre du Budget avec Takieddine, connu pour ses sociétés off-shore qui lui auraient permis l'achat et la rénovation d'un appartement de 160 mètres carrés grâce à un versement d'argent liquide.
La proximité d'Alexandre Djouhri, (abus de biens sociaux, banqueroute et infraction à la législation sur les sociétés) avec nos politiques : Charles Pasqua, Alain Juppé, Dominique de Villepin, Michel Roussin, Alain Marsaud,..
De nombreuses révélations ou faits de ce genre ponctuent le livre des deux journalistes.
Dans "Avec les compliments du Guide" , tout tourne autour de Ziad Takieddine, Samir Traboulsi (inculpé dans une affaire de délits d'initiés), d'Abdallah Senoussi, le directeur du renseignement militaire et beau-frère de Khadafi, et ce en direction principalement d'un seul homme et d'une élection...
Un livre incroyable sur la corruption éthique et morale de notre pays. Un livre truffé de faits, de témoignages, de détails. Une enquête qui nous glace et nous une fois encore une image pas très belle de nos politiques.
Une enquête qui nous mène au cœur même des corruptions, des détournements d'argent, des montages de société-écran, des concomitances entre amis et faux ennemis.
Bref, une enquête à lire absolument !
« Ils ont dû s’en dire, des choses… »
« Il est venu ici, il m’a rendu visite dans ma tente, quand il était ministre de l’Intérieur, et m’a demandé de l’aide. » Par ces mots prononcés quelques jours avant l’offensive occidentale en Libye, Mouammar Kadhafi ne pouvait faire référence qu’à une seule visite : l’unique visite officielle effectuée par Nicolas Sarkozy à Tripoli en tant que ministre de l’Intérieur, le 6 octobre 2005.
Un voyage éclair. Nicolas Sarkozy est arrivé à 13 heures, accompagné par une délégation de dix personnes, et il est reparti le soir même. Au programme, le ministre avait une prise de contact avec son homologue libyen Nasr al-Mabrouk, la visite d’un centre de rétention pour migrants, un dîner d’honneur, un petit spectacle, et une possible rencontre avec le « Guide de la Révolution ».
Prévoir le rendez-vous entre celui que l’on surnommait « l’homme pressé » et le Libyen, qui avait la réputation d’être le chef d’État le plus lent du monde, n’avait rien de facile. Avec Kadhafi, les programmes s’établissaient et se décidaient au dernier moment. C’est donc à l’aéroport international de Mitiga-Tripoli que Nicolas Sarkozy apprend qu’il va être reçu dès son arrivée par le Guide.
Dans un sujet diffusé le soir même, France 2 constate que « le Bédouin », « connu pour faire patienter ses hôtes devant sa tente pendant des jours », a reçu Nicolas Sarkozy « dès sa descente d’avion ». Marchant d’un pas rapide, suivi par sa délégation – on voit Claude Guéant, David Martinon, son conseiller diplomatique –, le ministre explique que « si l’on veut contrôler les choses sur la Méditerranée », « on a besoin avec l’Algérie, avec le Maroc, avec la Tunisie, et avec la Libye d’une coopération ». « Sinon, on ne pourra rien contrôler », conclut-il, un peu essoufflé. Plus tard, France 2 filme sa visite du centre de rétention, et l’on voit le ministre questionner un homme. « Pourquoi vous voulez aller en Italie ? », interroge Sarkozy. « Je voulais partir… », murmure le migrant.
Élu à la tête de l’UMP en novembre 2004, candidat déclaré à la présidentielle, Nicolas Sarkozy a repris le portefeuille de ministre de l’Intérieur en juin 2005. Il est donc chef de parti, ministre et, surtout, candidat. Une semaine avant son déplacement en Libye, il l’a redit au journal Le Monde, dans l’avion qui le ramenait de La Réunion. Il s’est laissé aller à confier qu’il pourrait « faire autre chose que de la politique », « gagner de l’argent », « redevenir avocat », a-t-il confié au journal du soir. Mais, aussitôt, il a ajouté dans une formulation presque enfantine : « Mais, d’abord, je fais président. » Les sondages lui restent favorables, en dépit de la bonne forme affichée par son rival, Dominique de Villepin, devenu Premier ministre en juin. En dépit aussi des difficultés traversées par son couple, qui font la une de la presse people. La presse souligne « l’été nuageux et agité » qu’il vient de vivre.
Sa visite à Tripoli semble axée, médiatiquement, « sur ce thème de l’immigration clandestine »; de source diplomatique, on parle « d’une prise de contact avec le ministère de l’Intérieur », mais le sujet est aussi ailleurs. « Ce n’était pas très net, commente un membre de l’ambassade. Il n’y avait pas de projet clé. Cela s’inscrivait dans l’ensemble de la relation franco-libyenne, qui commençait à être sur des rails. Plusieurs ministres français étaient déjà venus. » Le président Chirac avait lui-même rouvert la porte lors de son voyage officiel, en novembre 2004. En mars, Dominique de Villepin, alors ministre de l’Intérieur, avait, lui, décliné l’invitation des Libyens pour des raisons d’agenda. Nasr el-Marouk, secrétaire du Comité populaire général pour l’Intérieur, a invité Nicolas Sarkozy à une rencontre aussitôt après sa nomination, « le plus tôt possible », afin « d’examiner les questions sécuritaires et d’intérêt commun ».
« Je ne peux que recommander qu’une suite favorable soit réservée à la demande libyenne, avait écrit début juillet l’ambassadeur de France à Tripoli, Jean-Luc Sibiude. En effet, les Libyens sont très demandeurs de coopération en matière de sécurité, et nous l’ont manifesté à de très nombreuses reprises cette année. » Durant le mois d’août, le ministre français avait donné son accord. Et, une fois la date de la visite fixée au 6 octobre, son directeur de cabinet Claude Guéant avait également annoncé sa venue. Parmi les sujets que les Libyens souhaitent évoquer figurent la coopération antiterroriste et une demande de « participation de la France » au « soutien des capacités des services de sécurité ». Dans un projet de programme rédigé par l’ambassadeur figure cette précision :
« RENCONTRE DEMANDÉE AVEC LE GUIDE
Les autorités libyennes ont conscience de l’importance de cette visite, et sont disposées, malgré la période de ramadan, à faire le maximum pour qu’elle se déroule dans les meilleures conditions, note le diplomate. À notre demande de visiter un centre d’hébergement pour immigrés clandestins, les Libyens opposent qu’un tel déplacement ne leur semble pas du niveau du ministre d’État. Nos interlocuteurs nous précisent que l’audience avec le Guide est aléatoire et pourrait intervenir conformément aux coutumes locales tard dans la soirée. J’ajoute qu’il arrive que le colonel Kadhafi passe la période de ramadan à Syrte (300 km) et qu’il reçoive sur place ses invités. »
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