7 Juillet 2015
Résumé :
Ils sont de grands oubliés, représentent un non-dit au coeur du tabou de la violence conjugale : les hommes battus. Leur parole est souvent tournée en dérision, niée. Pourtant, le phénomène est malheureusement bien réel. En moyenne, un homme décède tous les treize jours sous les coups de sa compagne. Des victimes incomprises, parfois jugées, moquées, voire méprisées dans une société patriarcale valorisant encore une certaine forme de virilité.
Maxime Gaget connaît bien cette solitude, ce désarroi face à une brutalité méconnue et ignorée. Pendant dix-sept mois, il supporte les frappes, les insultes, les actes de pure barbarie de Nadia, celle qui prétend l'aimer.
Auteur : Maxime Gaget
Nombre de pages : 224
Editeur : Michalon
Date de parution : Février 2015
Prix : 17 euros (broché) - 12, 99 euros (epub)
Avis / Critique :
Je pourrais commencer cette chronique par : c'est l'histoire d'un homme qui n'a pas de chance. Il tombe amoureux d'une marocaine via internet, celle-ci l'aime aussi mais épouse finalement un ami de son frère. Maxime Gaget rentre alors en France et dépité, se remet à chercher l'âme soeur puis finit par tomber sur Nadia, petite femme d'un peu plus d'1m60, pas vraiment son type mais qui fait partie de son cercle de connaissance.
Son sixième sens, son intuition n'arrête pas de lui envoyer des signaux mais Maxime, en demande et en besoin d'amour et d'attention, préfère ne pas les voir. Après l'obtention de son diplôme, il quitte sa région et rejoint la nouvelle élue de son coeur chez elle, dans son studio,à Paris.
Dès ce moment, la vie de Maxime Gaget, bascule.
Parce que c'est un brave type, parce qu'il est humain, sensible, trop sûrement, qu'il a peu d'estime pour lui, ne sait pas trop comment agir, qu'elle est celle qui l'a dépucelé, aimé, il se laisse porter par les évènements et perd peu à peu de son autonomie. A la maison, c'est lui qui s'occupe des deux enfants de sa compagne, de la cuisine, d'une partie du ménage.
Nadia lui demande son ordinateur, il le lui prête. Elle le lui mobilise dès lors. Pour les courses, elle lui demande son code de carte bancaire, là aussi, il le lui donne sans se méfier.
Le signal d'alarme clignote encore et encore, mais à chaque fois, il préfère passer outre. Nadia poursuit sa manipulation psychologique en le dénigrant, en l'avilissant, en lui prenant tout ce qui lui est nécessaire, en gérant sa vie intégralement, tout cela sournoisement et finit par filtrer ses messages, briser son téléphone afin de le couper de son entourage et le fait chanter pour finir de l'asservir en le menaçant de dire qu'il a eu des gestes d'attouchements envers ses enfants.
Maxime Gaget, se retrouve avec 4 euros en poche par jour pour manger le midi, ce qui l'oblige à se nourrir d'un simple sandwich quand ses collègues mangent ensemble à la cafétéria. Elle lui prend la carte bancaire octroyée par l'entreprise et là, aussi fait des achats sans se poser la question des conséquences. Elle lui interdit finalement de retourner au travail, se met à le battre sous les effets de l'alcool, de la drogue. Maxime, lui, se laisse faire. Il ne peut pas battre une femme, c'est au-dessus de ses forces. Mais pire que tout, il ne cherche aucune aide, ne s'enfuit pas, reste pour protéger les enfants et finit par devenir l'esclave de Nadia, jusqu'à dormir sur le sol, dans l'entrée.
Son salut, il le devra au frère de sa compagne qui, finalement, préviendra ses parents. Dès lors, Maxime qui est parti faire des courses sera extirpé de son enfer, par la police.
Le corps blessé, le visage tuméfié, le psychisme en miettes, il faudra des mois, des années à Maxime Gaget pour se reconstruire, à force d'opérations chirurgicales, de séances en thérapie et grâce aussi à sa famille.
Il ne s'explique pas comment il a pu tomber dans ce piège, comment il n'a pas réussi à réagir mais apprendra par d'autres qu'il n'a pas été la première victime de Nadia, cette manipulatrice-psychotique sans vergogne.
Si les médias parlent souvent de décès de femmes sous les coups de leur compagnon, il ne faut pas oublier que le problème concerne aussi les hommes. Un homme meurt tous les 13 jours en moyenne sous les coups d'une femme.
On ne le dit pas assez, ce sont les grands oubliés de la société.
Ce livre, est vraiment émouvant, empreint d'humanité, plein d'une détresse d'un homme qui raconte son parcours en enfer mais qui permet de se rendre compte que quel que soit l'âge, quelle que soit son histoire, tout le monde peut, un jour, se laisser embarquer et détruire par un manipulateur-pervers sans scrupule qui sait, lui, parfaitement repérer les faiblesses psychologiques chez les autres.
Oui, cela peut arriver à n'importe qui à n'importe quel moment de sa vie. La victime prise dans l'étau n'ose pas se rebeller, partir, finit même par trouver des excuses à son bourreau, se voile la face, se dit que la situation va s'arranger, se culpabilise en se persuadant que c'est de sa faute.
C'est là toute la force de la manipulation mentale.
L'amour peut conduire à tout. Au bonheur comme au malheur.
Un témoignage très fort. A lire vraiment.
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Extrait :
La situation ne cesse de dégénérer depuis maintenant de longues semaines. Par moments, je me dis que la seule issue possible à ce cauchemar est de me suicider. L'idée me traverse plusieurs fois l'esprit. Mais la colère qui gronde en moi me fait tenir.
Bizarrement, les fêtes de Noël se déroulent à peu près correctement, à ceci près que mon compte, une fois de plus, est mis à mal. Compte tenu des nombreuses relances de créances et de mon découvert, Nadia ne peut cette fois guère en tirer grand-chose. Mon calvaire va peut-être prendre fin !
C'est au cours de cette période que naissent en moi de nouvelles aspirations : je caresse doucement l'espoir de m'évader de ce lieu maudit. D'autant que mon état de santé est de plus en plus alarmant. A un certain nombre de reprises, Nadia m'empêche d'aller chercher ne serait-ce qu'un simple blouson ou un pull pour dormir. Pour "pimenter" un peu plus la situation, je me retrouve littéralement séquestré dans un espace clos d'à peine un mètre soixante-dix de long, seul espace disponible dans le sas d'entrée. Comme le chauffage est coupé, la température à l'intérieur de l'appartement est très basse, et plus spécifiquement de cette petite pièce, sachant qu'un courant d'air froid s'engouffre sous la porte d'entrée ! Il ferait presque plus chaud dans un frigidaire...