4 Juillet 2015
Résumé :
Piper Kerman est une jeune femme ordinaire : un emploi, un compagnon, une famille aimante. Elle est très loin de l'intrépide étudiante qui a livré une valise d'argent sale dix ans plus tôt. Mais le passé la rattrape : condamnée à quinze mois de prison, elle devient le matricule 11187-424. Rien ne l'a préparée aux surveillants abjects ou indifférents à sa souffrance, aux douches crasseuses, à la promiscuité et à la solitude. Ni aux rencontres avec les autres détenues, amies ou ennemies...
Auteur : Piper Kerman
Nombre de pages : 445
Editeur : Pocket
Date de parution : Juin 2015
Prix : 21 euros (Broché) - 7.90 (Poche) - 12.99 (Epub)
Avis / Critique :
Piper Kerman vient de passer son degree (l'équivalent du baccalauréat en France), elle s'installe en ville, trouve un job de serveuse, vit une petite vie tranquille, a des petits amis, des petites amies, s'éclate et puis rencontre Nora, une jeune femme qui lui révèle bien vite qu'elle passe de la drogue. Interpellée, Piper, doucement, se laisse glisser vers cette voie facile qu'elle regarde de loin mais dont elle découvre bien vite les bénéfices : vacances offertes, hôtels étoilés, argent facile. Nora, qui d'abord ne lui demande rien, finit par exiger d'elle un service : passer à son tour de la drogue. Piper le fait mais ce sera la seule et unique fois. Elle quitte Nora, retourne à San Francisco, rencontre Larry, trouve un job de productrice et range dans un coin de son esprit cette parenthèse de vie. Il s'écoule alors quelques années avant qu'un matin, les agents fédéraux ne débarquent chez elle.
Piper se retrouve accusée de complicité et de blanchiment d'argent.
Sa vie à ce moment-là, bascule.
Porté par la série de Netflix, Orange is the new black, la vie de Piper Kerman raconte son quotidien dans le pénitencier pour femmes de Danbury. A l'intérieur, le lecteur découvre la vie de ces femmes, moins édulcorée que dans la série tv mais tout aussi étonnante. Il y a Pop, la russe cuisinière en chef qui la prend sous son aile, Natalie, Grands-yeux qui est nommé ainsi à cause de son air loufoque, Petite Janet, Pensatucki, les gardiens...
C'est tout un monde inconnu qui s'ouvre à nous. Comment une nouvelle arrivante fait-elle pour s'intégrer ? Que se passe-t-il à l'intérieur ? Qui dort en chambre et qui dort en cellule ? Quels sont les clans ? Qui a le droit de travailler ? Et plus que tout, ce sont les histoires de ces femmes qui ont partagés son quotidien durant 15 mois que Piper Kerman nous fait partager.
Ici pas de pleurnicherie, le ton est plutôt mesuré, drôle parfois, pas une seconde mièvre, mais seulement véritable. Il est d'autant plus mesuré, quand Piper Kerman nous raconte l'après- visite au parloir où les détenues doivent alors se mettre nues, écarter les cuisses et pousser pour montrer qu'elles n'ont rien introduit à l'intérieur (drogue), par exemple, ou comment sont organisés les anniversaires, les fêtes des mères, la vie communautaire avec son lot de rivalités, ses histoires amoureuses, les échanges avec les surveillants...
Un livre qui nous permet de poser un nouveau regard sur la vie d'une prison américaine et un plus pour celles et ceux qui connaissent déjà la série tv.
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Extrait :
Si vous êtes relativement petite et qu'une type qui fait au moins deux fois votre poids vous braille dans les oreilles, que vous êtes en tenue de prisonnière et qu'il a une paire de menottes accrochée à son ceinturon, vous avez beau vous prendre pour une dure à cuire, vous flippez à mort. C'était l'un des lieutenants qui braillait, la bouche tordue sous sa moustache en bataille et sa coupe en brosse. Cela n'avait rien avoir avec ma gifle sur les stigmates imaginaires de LaRue. Je m'étais fait pincer dans le dortoir A par Mr Finn qui, bien que n'étant pas de service, avait fait irruption un soir où il ne travaillait même pas, avait rédigé un rapport contre moi et sept autres femmes en infraction et nous avait fait aligner devant son bureau. Cela m'avait valu immédiatement un entretien en tête à tête avec son supérieur, qui voulait savoir si je contestais l'accusation, infraction 316 au règlement de la prison. Je répondis tranquillement que je ne contestais pas et ne présentais pas d'excuses.
Cela ne le rendit pas heureux et il grogna :
- Vous trouvez ça drôle, Kerman ?