15 Mars 2021
Résumé : Psychologue réputée pour son expertise dans les affaires criminelles, Abigaël souffre d'une narcolepsie sévère qui lui fait confondre le rêve avec la réalité. De nombreux mystères planent autour de la jeune femme, notamment concernant l'accident qui a coûté la vie à son père et à sa fille, et dont elle est miraculeusement sortie indemne.
Auteur : Franck Thilliez
Nombre de pages : 656
Édition : Pocket
Date de parution : 11 mai 2017 (poche)
prix : 8.70€ (poche) - 15.99€ (epub)
ISBN : 978-2266276542
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Abigail est psychologue et criminologue. Elle participe à une enquête sur l'enlèvement d'enfants. Elle souffre d'une narcolepsie sévère qui l'handicape dans sa vie. En effet, il devient de plus en plus dur pour elle de savoir si ce qu'elle vit est la réalité ou un rêve. Et pourtant ses rêves, qu'ils soient conscient ou non, lui permettent de recueillir des indices sur l'affaire. Mais l'étrangeté de sa situation vient la bousculer jusque dans sa vie familiale. Que s'est-il en effet passé lors de l'accident de voiture qui a vu son père et sa fille perdre la vie et elle, s'en sortir indemne sans grande blessure ? Abigael, en menant sa propre enquête, va découvrir bien malgré elle, que son père avait plusieurs secrets et une vie double. C'est un autre homme qu'elle découvre, un homme qui aurait voulu les tuer elle et sa fille dans une tentative de suicide familiale. Mais ce n'est pas tout. Que penser de cet écrivain, enfermé en hôpital psychiatrique, qui semble connaitre de nombreux détails sur elle et sa famille et qui s'est mutilé avant de s'enfermer dans un monde de ténèbres. Que penser de ces enfants qui réapparaissent et crient de peur à son approche ? Que penser d'Abigaël et de ses rêves étranges ? Est-ce la réalité ou un cauchemar sans fin ?
Avec ce livre, Franck Thilliez laisse ses héros Sharko et Hennebelle de côté pour nous servir un livre aux portes du fantastique. Les chapitres se mélangent, on suit les aventures d'Abigael en ne sachant jamais vraiment où se situe la réalité des faits qu'elle vit. C'est un puzzle que l'auteur nous offre et dans lequel le lecteur se perd sciemment. Passer les 100 premières pages qui peuvent nous amener à décrocher, l'intensité s'opère et les chapitres défilent à la lecture avec la difficulté pour le lecteur de lâcher le bouquin. Ce qui peut paraître difficile c'est le timing des faits. En effet, Thilliez nous sert les recherches, les rêves, les moments présents de son héroïne dans le désordre. Mais pas de panique, au fur et à mesure, le lecteur raccroche les évènements et la lecture finalement n'en pâtit pas. Bien sûr, jusqu'au bout on se demande qui est dans la réalité et qui est dans l'autre monde, celui des cauchemars. Abigaël est-elle bien celle qui nous est présentée et les protagonistes qui l'entourent font-ils partis de sa vie ou de ses fantasmes ? C'est l'une des nombreuses questions qui vient nous tarauder au fil des pages. L'autre est bien sûr l'identité du kidnappeur et les nombreux mystères qui l'entourent. Bien sûr, la réponse arrive vers la fin et même si pour les amateurs, on pourra trouver celle-ci un peu tirée par les cheveux (ce qui enlève une étoile à ma note), Thilliez rempli son contrat en la faisant coller parfaitement à son histoire.
Le plus, le mot de l'auteur avec l'indice pour trouver un nouveau chapitre et également lire ceux-ci dans le bon ordre afin d'avoir, si une deuxième lecture vous tente finalement, une vision nouvelle de ce thriller.
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Ils burent leurs cafés dans la bonne humeur. Mais Abigaël en revint à ses cauchemars, notamment celui de la veille. La ronde des enfants dans la chambre...
Cendrillon cachée sous le lit... Cette phrase écrite dans son cahier de rêve : Puella sine ore vobis salutem dat...
- Comment tu expliques ce qui s'est passé hier matin ? demanda-t-elle.
Elle lui montra la séquence de lettres notée sur le cahier.
- "La petite fille sans visage vous salue. " Lettre pour lettre, l'énigme écrite par Freddy sur le corps de Victor il y a deux mois.
Frédéric avait l'air contrarié, à présent. Il revoyait les images du môme rescapé, amaigri, retrouvé deux mois plus tôt, errant au bord de la route, avec ces étranges tatouages sur tout le corps.
- Ce sont juste des rêves qui sont de plus en plus nombreux et envahissants, je n'ai pas d'explication.
- Je rêve depuis deux mois d'une petite fille sans visage, Fred, au point que je pense à elle toute la journée. La première fois, elle est apparue dans un tiroir du congélateur et a essayé de me noyer. Puis elle s'est cachée partout, sous le lit, dans les placards...
Abigaël tira une photo de sa collection de cauchemars. On y voyait, dans des tons sépia, une fille aux longs cheveux blonds avec un sac en toile sur la tête à l'extrémité nouée autour de son cou. Des veines bleutées dévoraient son corps et affleuraient à la surface de sa peau. Elle se tenait au milieu des flammes, bras écartés, comme crucifiée, mais ne brûlait pas. Abigaël caressa le visage masquée.
- Elle a peur, est agressive et ne se trouve jamais bien loin des trois autres gamins kidnappés... Elle revient presque chaque fois, dans chaque cauchemar, elle ne me lâche plus. Elle était encore là cette nuit, elle tenait une BD de mon père, tu sais, XIII ? Comment Freddy peut-il parler de cette petite fille sans visage ? On dirait que... je sais pas, qu'il est entré dans mes rêves. Comment il peut savoir ?
- Il ne peut pas savoir parce qu'il est humain. Il est fait de chair et d'os, comme toi et moi.
Abigaël posa la photo sur le bureau et lui tendit un papier.
- Dans le rêve, cette petite fille m'a donné un code à déchiffrer, on dirait. Regarde.
Fred lut. 10-15-19-8.
- Abi... Freud et compagnie, c'est pas vraiment mon truc, mais, comme tout le monde, je me suis coltiné l'Interprétation des rêves au lycée, le truc à te dégoûter de l'école, soit dit au passage. Et je crois que si tes rêves ont fabriqué la petite fille sans visage, c'est parce qu'on sait qu'il y a quatre enfants kidnappés, mais seulement trois identifiés. Ton esprit est obsédé par l'affaire Freddy, tu y as, comme nous tous, passé des jours et des nuits, à scruter chaque indice, chaque détail, à faire des hypothèses... Ton cerveau a simplement matérialisé ce quatrième enfant anonyme, Cendrillon, sans lui donner de visage. J'ai bon, mademoiselle la psy ?
Elle scruta ses grands yeux noirs, tandis qu'il hochait la tête vers la photo.
- C'est cette môme aux cheveux blonds qui continue à venir te hanter dans tes rêves, malgré le temps qui passe. Tout ça est finalement assez logique. Et le fait que Freddy ait écrit cette phrase sur le corps de Victor, eh bien... je n'en sais rien.
- J'ai le sentiment que quelque chose, au fond de moi, est en train de mener l'enquête depuis que j'ai arrêté de travailler avec vous. Peut-être que la petite fille sans visage finira par en avoir un ? Peut-être qu'on découvrira enfin qui est Cendrillon ?
- On ne l'a jamais identifiée. Ces tatouages, ça prouve seulement que Freddy s'amuse avec nous, qu'il veut monopoliser nos forces, nos ressources pour rien. Ce n'est qu'un de ses fichus tours de passe passe de plus. Ce salopard nous fait perdre notre temps.
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