Au détour d'un livre

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Une patience d'ange, d'Elizabeth George

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Résumé : En promenant son chien dans la lande, près du cercle de pierres de Nine Sisters Henge, une vieille dame découvre le cadavre d'un jeune homme, poignardé. À quelques pas de là, la police trouve un deuxième corps, celui d'une jeune femme tuée d'un coup violent à la tête. Les deux victimes se connaissaient-elles ? Y a-t-il un lien entre les deux crimes ? Pour la première fois, Linley et Havers enquêtent séparément.

 

Auteure : Elizabeth George
Nombre de pages : 768
Éditeur : Poche
Date de parution : 20 avril 2010
Prix : 8.75€ (Poche) - 13.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2266206693

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Avis / Critique :

Quel est le rapport entre la mort d'un créateur de pièces de théâtre, la fille d'un restaurateur et un jeune homme retrouvé assassiné dans la campagne anglaise ?

Tout allait bien pourtant pour David King-Ryder, qui venait enfin de connaitre le succès après trois échecs consécutifs. Alors pourquoi a-t-il décidé le soir de la première de se donner la mort ?
Nicola qui avait rendez-vous pour aller au cinéma avec un de ses meilleurs amis, Julian Britton n'est pas rentrée de son excursion. Que lui est-il arrivé ?
Quand la vieille infirmière en promenant son chien découvre près d'un cercle de menhirs le corps de Nicola, comment aurait-elle pu imaginer qu'en se levant ce matin-là, elle allait découvrir les fruits d'un assassinat sauvage.
Ces différentes morts, ont-elles un lien entre elles ?
Dans les mains du garçon, l'inspecteur qui s'est rendu sur les lieux découvrent des bribes de lettres de chantages.
Le père de Nicola, un ancien officier de l'unité SO-10 fait appel auprès de Scotland Yard pour avoir L'inspecteur Lynley sur l'affaire. Il faut dire que les deux ont travaillé un temps ensemble. Si Lynley accepte, il ne sera pas accompagné de Barbara Havers, rétrogradée et mise à l'écart, mais du sergent Nkata, qui a eu l'occasion d'enquêter auprès du couple de policiers sur d'autres affaires.

L'enquête va amener ce duo à révéler une nature bien peu conformiste de la victime féminine qui, entre prostitution de luxe et chantage a pu la conduire à la mort. A moins que ce ne soit le garçon, un artiste raté au passé lui aussi sulfureux qui soit à l'origine de leur mort respective ?
Une fois encore, les suspects ne manquent pas dans ce livre entre les parents qui ignoraient tout de la nature de leur fille, l'amant éconduit de celle-ci, son ami d'enfance à qui elle a refusé le mariage, sa co-locataire, le cuisinier, l'amie de son amoureux transi, son employeur, etc.
La liste de ceux qui pouvaient lui en vouloir est longue et l'enquête va s'avérer difficile pour trouver le coupable et le mobile. A moins que la police ne se trompe complètement de victime ?

Une fois n'est pas coutume, j'aime bien de temps en temps lâcher les nouveautés pour me plonger dans un bon vieux thriller édité depuis un bon moment. Avec Elizabeth George, je sais que j'ai peu de chance d'être déçue. L'auteure américaine, amoureuse de l'Angleterre, jusqu'à y retranscrire parfaitement le savoir être des britanniques et les endroits où ils vivent, nous transporte à chaque fois dans une intrigue dont on a l'impression d'être l'un des protagonistes tant tout y est décrit à la perfection, que ce soient les paysages, les gens, les ambiances, les forces et les faiblesses de chacun. Comme d'habitude pas de déception, j'y ai une fois de plus trouvé mon compte. Elizabeth George nous emmène sur différentes pistes, et à travers ses protagonistes principaux Lynley, NKata et Havers, elle creuse jusqu'au tréfonds les alibis de chacun des potentiels suspects et leur vie, ce qui donne un roman très dense puisque celui-ci compte 768 pages. En plus de l'intrigue, elle n'en oublie pas la vie privée de ses héros et les mésententes constantes entre Barbara Havers qui va se trouver ici à Londres et l'inspecteur Lynley, envoyé lui en province, car l'enquête se déroule sur deux plans.
D'ailleurs, Havers n'en fait qu'à sa tête comme d'habitude pour notre plus grand plaisir.

Bien sûr, avec autant de pages, l'auteur doit faire quelques redites pour replacer le contexte de l'histoire et rappeler au lecteur où en est l'enquête et les éléments qui sont en possession des inspecteurs. Cela peut sembler parfois de trop, car Elizabeth George le fait à plusieurs reprises.
Une fois en effet passées les 700 pages, autant dire que l'on a hâte de connaitre enfin la fin et, bien sûr, celle-ci nous réserve quelques surprises.

Un polar efficace, avec moult détails sur les lieux, de la recherche, et des personnages hauts en couleur, le tout au cœur de milieux qui allient vieux manoir anglais, bourgeoisie de province, prostitution et sado-masochisme.

 

 

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Livres d'Elizabeth George déjà critiqués sur le blog :
- Juste une mauvaise action
- La punition qu'elle mérite
 

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Extrait :

Lynley essaya d'assimiler en hâte ce fait ahurissant : Andy Maiden n'avait pas dit à sa femme que leur fille avait été assassinée. Comme il pouvait vous arriver toutes sortes d'accidents sur Calder Moor, Maiden avait laissé croire à sa femme que leur fille s'était fracturé le crâne à l'issue d'une chute.
En apprenant la vérité, Nan Maiden se tassa sur elle-même, coudes enfoncés dans les cuisses, poings plaqués sur la bouche. Trop choquée par la nouvelle ou alors ne la réalisant  que trop bien, elle s'était arrêté de pleurer. Se contentant de murmurer d'une voix gutturale : "Oh mon Dieu, oh mon Dieu."
L'inspecteur Hanken parut comprendre rapidement ce qu'impliquait sa réaction. Il observait Andy Maiden d'un œil qui était tout sauf compréhensif. Toutefois, il ne se posa pas de question. En bon flic qu'il était, il se contenta d'attendre.
Maiden attendit  lui aussi. Jusqu'au moment où il parut se résoudre à s'expliquer :
- Désolé, mon amour, je n'ai pas pu... désolé. Écoute Nan, j'ai eu un tel mal à admettre sa mort... je n'ai pas pu... je n'ai pas réussi à me décider à te... (L'espace d'un moment, il fit appel aux ressources intérieures dont un policier apprend à se doter au fil du temps afin de pouvoir traverser les épreuves les plus cruelles. Sa main droite, qui tenait toujours la balle que sa femme lui avait remise, se crispait spasmodiquement. Je suis désolé, dit-il d'une voix brisée.
Nan Maiden leva la tête. Puis sa main tremblante se referma autour du bras de son mari. S'adressant à la police :
- Voudriez-vous... (ses lèvres tremblaient, elle attendit pour poursuivre d'avoir retrouvé un peu de sang-froid)... me dire ce qui s'est passé ?
Hanken s'exécuta, sans toutefois entrer dans les détails. Il expliqua où Nicola Maiden était morte et comment, mais il en resta là.
- Vous croyez qu'elle a souffert ? demanda Nan lorsque Hanken eut terminé. Je sais bien que vous ne pouvez pas être affirmatif mais s'il y a quoi que ce soit qui puisse nous permettre de penser qu'à la fin... N'importe quoi...
Lynley leur répercuta les informations que le médecin légiste du Home Office leur avait communiquées.
Nan réfléchit un moment. Dans le silence, la respiration d'Andy Maiden était rauque.
- Je voulais savoir parce que... dit Nan. Vous croyez qu'elle nous aurait réclamés... qu'elle aurait espéré... eu besoin...
Ses yeux s'emplirent de larmes, elle s'interrompit.
Lynley songea aux meurtres sadiques de la lande et au monstrueux enregistrement réalisé par Myra Hindley et son complice, à l'horreur ressentie par la mère de la fillette assassinée lorsqu'on avait passé la bande au procès et qu'elle avait entendu la voix terrifiée de la petite l'appeler au secours alors qu'on l'assassinait.
- Les coups à la tête lui ont fait perdre connaissance. Elle est restée inconsciente.
- Sur son corps, est-ce qu'il y avait d'autres... est-ce qu'elle a été... est-ce qu'on l'a...?
- Elle n'a pas été torturée, Mrs Maiden, coupa Hanken comme s'il éprouvait lui aussi le besoin de faire preuve de pitié envers la mère de la victime. Elle n'a pas été violée non plus. Nous aurons un rapport plus complet ultérieurement mais pour l'instant il semble que les coups à la tête soient tout ce qu'elle ait... (il marqua une pause, cherchant le mot le moins douloureux)... subi.

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