24 Mai 2021
Comment les femmes allemandes ont participé à la Shoah
Auteur : Wendy Lower
Nombre de pages : 400
Éditeur : Tallandier
Date de parution : Septembre 2014
Prix : 9.96 euros (broché) - 10.50 euros (poche) - 7.99 euros (Kindle)
Résumé :
Envoyées dans les pays occupés par l'Allemagne nazie, des femmes jeunes, endoctrinées et ambitieuses, se sont transformées en meurtrières. Cette enquête fait voler en éclats bien des idées reçues.
Non, les femmes allemandes n'ont pas été les témoins passifs de meurtres de masse accomplis par les Einsatzgruppen, leurs maris, leurs fiancés, leurs amants ou leurs supérieurs. Elles leur ont prêté main forte.
Avis / Critique :
Au titre de ce livre, on s'attend à voir dressé le portrait de femmes toutes dédiées à la doctrine d'Hitler, de son message, de la suprématie de la race allemande. Dès les premières pages, l'auteur nous fait comprendre que toutes les femmes allemandes mariées avec des soldats, des officiers, sont coupables.
Quand on parcourt le livre et quand on s'enfonce dedans, la nuance s'installe.
Oui, c'est vrai, des femmes sont devenues de véritables machines de guerre, des monstres de sadisme, d'inhumanité, complètement endoctrinées dans la mouvance nazi mais d'autres ont servi sous les drapeaux par obligation, parce qu'elles se sentaient allemande mais pas forcément par conviction nazi.
3 millions d’entre elles ont votées pour Hitler. C'est un fait.
Mais voter pour un parti n'est pas forcément adhérer à la totalité de ses idées. Voilà où Wendy Lower condamne trop vite en reconnaissant elle-même quand elle narre certains faits que ces femmes n'étaient pas toutes au même niveau d'endoctrinement.
Wendy Lower nous rapporte d'ailleurs que l'une d'entre elles, quand elle appris que son petit ami se vanta d'avoir coupé la barbe à un vieux monsieur juif, brisa aussitôt le lien qu'elle entretenait avec lui. Cette femme avait pourtant un idéal de l'Allemagne mais humilier un vieil homme n'était pas dans ses valeurs. D'autres étaient en quête d'émancipation vis à vis de leur statut de femme, de leur famille. Elles n'étaient pas forcément nazi. D'autres, par contre n'hésitaient pas à participer à des chasses aux juifs et à les abattre à coups de fusils et à être pire que leur mari. D'autres furent gardiennes dans des camps.
C'est donc tout en nuances qu'il faut aborder ce livre. Les portraits qui y sont dessinés dépeignent des femmes aux sentiments différents les unes des autres. Il y a eu des monstres, de vrais monstres tel Johanna Altvater qui tua de ses mains un enfant juif en lui frappant la tête contre un mur et en poussa d'autres d'un balcon, des femmes qui se délectaient de porter les affaires de juifs morts, des femmes qui se pavanaient dans les ghettos juifs, qui cravachaient leurs victimes, qui en tuaient d'autres lors de parties de chasses. Des infirmières qui ont tuées, des allemands d'abord (handicapés, malades, homosexuels notamment), puis des juifs et ensuite des polonais, des russes et même des soldats allemands trop blessés pour pouvoir retourner au front.
Oui, des femmes ont totalement épousé la cause d'Hitler, ce leader fou, Elles ont adhérées à la solution finale mais comme on ne peut pas condamner tous les allemands, on ne peut pas condamner toutes les femmes d'avoir pris un jour l'uniforme d'infirmière, de secrétaire. Certaines ne voyaient là qu'un moyen de s'émanciper et de sortir d'une certaine misère. L’éclairage est mis sur ces allemands, allemandes partis à l'est, en Ukraine, en Roumanie et qui, impunément sont devenus des machines déshumanisées.
Dans ce livre, son auteur, Wendy Lower a le mérite de mettre un éclairage sur les femmes qui ont servies le nazisme jusqu'au tréfonds de son horreur sans broncher et même en y participant de plein gré.
Un livre très intéressant car il lève un voile sur l'histoire de ces femmes et remet les choses à leur place mais un livre aussi trop intransigeant. Au même titre que tous ne sont pas des salauds, je dirai ici que toutes n'étaient pas des salopes. Mais une chose est sûre, celles qui étaient coupables auraient méritées de finir en prison jusqu'à la fin de leurs jours, voire d'être exécutées pour crime de guerre pour les horreurs qu'elles ont commises et on le voit dans ce livre, elles furent nombreuses et peu furent condamnées en rapport des crimes commis.