24 Juillet 2015
À l'occasion de la sortie de son nouveau roman "Dis-moi oui", Brigitte Kernel a accepté avec gentillesse de répondre à quelques questions.
Brigitte Kernel, pour ceux qui ne vous connaissent pas encore, pouvez-vous nous parler de vous en quelques mots ?
J'écris des livres depuis l'âge de 23 ans. Je suis passée par des phases "livre d'humour", "biographies", "entretiens", "polars". Je n'écris plus que des romans dits "de littérature blanche" aujourd'hui. Avec le recul, je me dis que tous mes autres exercices littéraires m'ont fait faire des gammes, au jour le jour pendant des années. Je suis également productrice-animatrice d'émissions littéraires sur France Inter. Cette année, j'anime "Lire Avec" le mardi à 23h15. J'aime alors oublier que j'écris moi-même pour lire et interroger d'autres auteurs. Sinon... Me présenter... De belles rencontres ont jalonné ma vie de jeune romancière et de jeune journaliste. Des gens mythiques pour moi comme pour beaucoup, qui m'ont "poussé" à écrire. Je pense à Françoise Sagan, Andrée Chedid, Pierre Seghers.
Votre nouveau livre est sorti il y a maintenant deux mois. Comment s'est passée l'écriture de "Dis-moi oui" ? Pourquoi une suite à "À cause d'un baiser" et ce choix de la reconstruction d'un couple qui s'est séparé ?
C'est une suite sans en être une. Je me suis attachée à ce qu'on puisse lire "Fais-moi oublier", "À cause d'un baiser", "Dis-moi oui" dans n'importe quel sens. Les personnages sont récurrents, certes, mais les histoires si elles se répondent, ne sont pas indispensables les unes aux autres. J'avais envie de parler de la possible reconstruction d'un couple, car je pense qu'il est possible après une trahison amoureuse de se retrouver. "Dis-moi oui" est un livre totalement positif pour moi dans le sens où il se veut joyeux. Si toutefois, j'ai réussi mon "travail"(rires) ... J'avais envie de donner de l'espoir à ceux qui regrettent d'avoir quitté leur amour pour une relation au final sans intérêt. Généralement due à une simple pulsion sexuelle. Et à une manipulation de la part de la tierce personne. Oui, donner de l'espoir. Dire : "Foncez ! Abandonnez vos peurs ! Ne craignez pas les reproches et les larmes ! Confiez ce que vous avez vécu et écoutez au plus près celle ou celui que vous aimez". En revanche, s'agissant des reproches, il me semble qu'ils doivent, après moult explications, disparaître pour que se reconstruise le couple. Il n'en sera que plus solide. J'ai été inspirée par une histoire personnelle et aussi par celle d'un couple d'amis ayant divorcé. Et s'étant retrouvé dix ans plus tard. Ils se sont remariés. Leurs enfants furent leurs fille et garçon d'honneur. L'adultère est un incroyable sujet romanesque... Et la mythomanie aussi...
Vous avez, notamment, choisi Paris, Montréal et Las Vegas comme lieux pour ce roman. Ces trois villes ont-elles une résonance particulière pour vous ?
Chaque ville correspond à un personnage. Paris à la solitude de la narratrice quand commence l'histoire. Montréal, aussi sympathique que l'est Léa. Las Vegas, ville dans laquelle j'ai séjourné et que j'ai vraiment détestée pour son visage de stuc conforme à celui de Marie, la jeune femme "escroc des sentiments", trop fardée aussi, dans ce livre.
D’où émergent vos idées pour la création d’un livre ?
Je n'en ai aucune idée... De la vie bien sûr mais aussi de sensations diffuses qui finissent par se mélanger puis par former un dessin, un peu comme un puzzle.
Avez-vous un moment particulier de la journée où vous aimez spécialement écrire ?
Le matin surtout.
Vous isolez-vous de tout pendant ce processus d'écriture ?
Il y a toujours un moment, à mi-roman généralement, où je pars écrire là où je ne serai pas dérangée. Ainsi, j'ai écrit en partie "Dis-moi oui" à Montréal, mais aussi en Mongolie puis dans les Vosges. Par étapes, en fait. Des endroits plutôt frais, n'est-ce-pas ? (Rires)
Certains écrivains ont un rituel. Ils ne peuvent écrire sans boire leur boisson préférée, fumer un cigare avant de commencer... Est-ce votre cas ? Si oui, quel est donc votre rituel ?
J'ai toujours à côté de moi un immense Thermos Chinois rempli de thé vert. Et un bon coussin dans le dos...
Qu'est-ce qui vous a poussé vers l'écriture la première fois ?
Ma mère me faisait écrire chaque jour dès l'âge de 7 ans. C'est un exercice que j'adorais.
Vous lisez beaucoup. Un roman vous a-t-il plus particulièrement touché ? Un auteur ?
Olivier Adam me touche particulièrement parmi les contemporains.
Vous présentez l'émission "Lire Avec" sur France Inter. En écrivant, il vous arrive de passer vous-même de l'autre côté du micro. Avez-vous déjà pensé à faire une mini-interview croisée de vous-même en jeu de miroirs ? Kernel par Kernel, par exemple ?
Oh non, j'en serais incapable ! (Rires)
Si vous n'aviez pas été journaliste littéraire et écrivain. Quel autre métier auriez-vous aimé exercer ?
Peut-être aurais-je été batteuse dans un groupe (je suis des cours de batterie depuis deux ans). J'ai fait beaucoup de photographie à une époque, alors allez savoir, photographe ? Ou, peut- être me serais-je lancée dans un élevage de labradors et de cockers... Ou professeur de philosophie. Ou psy ! La vie n'est pas finie. Elle est si pleine de surprises... Peut-être un jour, me lancerais-je dans l'une ou l'autre de ces activités. Sans pour autant cesser d'écrire. Car ce serait comme ne plus respirer ou ne plus boire d'eau...
L'un des thèmes que vous avez abordé est la psychothérapie. Vous avez parlé d'y revenir dans l'écriture d'un futur roman. Avez-vous déjà une idée qui s'est esquissée dans votre esprit ?
Je pense que ce thème sera toujours présent dans mes livres. D'ailleurs, un autre de mes romans "Ma psy, mon amant" y était consacré. Ainsi que "Tout sur Elle". Oui, j'y reviendrai bien sûr !
Si vous aviez un conseil à donner à de jeunes écrivains, quel serait-il ?
Rester fidèle à ses rêves d'enfant et d'adolescent. Tenter, croire en ce que l'on espère. Et travailler. Beaucoup. Et si ça ne marche pas, réfléchir aux autres rêves qui ont jalonné ces jeunes années.
Un dernier mot ?
"Deviens ce que tu es" mais aussi "Ne mens pas, ni aux autres ni à toi, tu risques de, trop vite et sans retour possible, t'éloigner du cœur même de ton existence ".
Merci Brigitte
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