Fucking business, de Do Raze

Bleu est ce qu'on appelle un tueur à gage corporate. Bleu tue pour une organisation secrète qui a pour seul objectif de maintenir son pouvoir sur le monde. Trop talentueuses, trop avant-gardistes, trop dangereuses pour l'oligarchie, les victimes sont sacrifiées sur l'autel du capitalisme.

Auteur : Do Raze
Nombre de pages : 290
Edition : HC Editions
Collection : Roman
Date de parution : 12 avril 2018
Prix  : 19€ (Broché) - 14.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2357203655

Avis / Critique :

Le tueur à gages a changé.
Il n'est plus celui qui appuie sur la gâchette, mais plutôt celui qui utilise les réseaux sociaux, l'informatique pour remplir son contrat.
Jusqu'à présent tout allait bien pour Bleu, tueur corporate. Du moins, jusqu'à ce que son commanditaire lui demande de se débarrasser de Sacha, une jeune femme au passé trouble. Aidé par Shadow, son acolyte qu'il forme à sa relève, tout se déroulait selon les modalités habituelles. Bleu posait ses jalons afin de briser Sacha socialement. Oui, mais voilà un autre que lui a décidé de faire le job, et ce, par d'autres moyens pas aussi "propres".
Qui veut la peau de Bleu ?
Qui veut la peau des tueurs corporate ?
Do Raze, dans un livre qui est basé plutôt sur le ton de la narration, nous entraîne dans le milieu des tueurs à gages avec "Funcking Business". Sur un ton un tantinet lent (elle prend le temps de poser ses personnages), Do Raze se met à la place d'un tueur qui, à l'instar de ses proies, voit lui aussi sa vie complètement bouleversée, avec un contrat sur sa tête.
Elle nous montre donc les deux côtés de la façade. La première, avec le monde des tueurs corporates où le système est très secret, où personne ne se connait, pas même le commanditaire. Et l'autre, la pile, quand le tueur est lui-même devenu la proie, avec les enjeux qui en découlent.
Car, voilà, tout ne va pas se passer comme Bleu l'entend. C'est alors un jeu de chat et de souris qui s'opère dans la seconde partie du roman.

Plutôt bien écrit, car on rentre assez rapidement dans la tête de Bleu, le cheminement de l'intrigue suit un cours bien défini et logique. Do Raze prend le temps de s'arrêter sur les modalités d'exécution des tueurs corporates et de nous les définir. Les personnages sont plutôt bien campés, même si on ne s'y attache pas forcément. 
Le petit bémol pour moi est cette narration omniprésente et l'absence de dialogues qui enlèvent de la dynamique à l'histoire.
Sinon, il s'agit plutôt d'un bon thriller.
Un bon premier livre.

Merci à notre partenaire, l'agence de communication Agnès Chalnot

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Extrait :

Savoir s'entourer des bonnes personnes est utile dans la plupart des métiers. S'agissant de celui de tueur corporate, c'est indispensable. Car vous aurez beau être vous-même un puits de compétences, vous ne disposerez jamais d'assez de ressources pour remplir votre mission. Donc si vous envisagez de démarrer une carrière, retenez ceci : votre meilleur atout sera votre réseau. Hackers, faussaire, dealers, trafiquants, fonctionnaires corrompus, voleurs à la tire, prostitués des deux sexes... Ils vous coûteront une petite fortune à entretenir et à motiver, mais si vous êtes bon gestionnaire, le retour sur investissement sera excellent. Sans eux, changez tout de suite d'aspirations professionnelles et tournez-vous vers les milieux mafieux. Là où la discrétion et la subtilité seront moins discriminantes.
Question d'instinct ou de génération, j'avais très tôt décidé de miser sur les nouvelles technologies lors de  la création de mon réseau. Vingt-cinq ans plus tard, je bénéficiais d'outils digitaux qui facilitaient le pilotage de mon business au quotidien, réduisaient mes temps de recherches, ouvraient le champ des possibles en matière d'intrusion numérique. Je lançai Internet et cliquai sur l'icône d'un site de maraîchage bio noyé au milieu de mes favoris. Caan, le hacker qui l'avait développé, avait trouvé comique de dissimuler ainsi le software qui me permettait de faire mes courses à la carte parmi les données du web. Pas seulement l'open web, me semble-t-il nécessaire de préciser : tout le web, y compris le plus sécurisé. Caan avait réellement du talent.
Après avoir saisi mes identifiants et mon mot de passe, j'ouvris une session de recherches et y rentrait le numéro de sécurité sociale de la cible. Un battement de cils et le flux d'informations commença à remonter. Des liens par centaines, tout ce qui existait numériquement sur cette femme recoupé et compilé à partir d'un simple numéro de sécu. Il y aurait bien sûr quelques liens de brisés dans la masse, des infos redondantes ou inutiles. Mais le désagrément était minime en comparaison du temps qu'il aurait fallu pour rassembler manuellement la même quantité de données. Mieux encore, les informations de base - nom, prénom, date de naissance, coordonnées, liens familiaux, antécédent médicaux, CV détaillé, photos, présence sur les réseaux sociaux... - étaient isolées et recensées dans une sorte de fiche signalétique ultra-ergonomique.
C'est comme ça que je fis la connaissance de Sacha Le Prieur.

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