10 Décembre 2018
Résumé : La narratrice vit à la campagne et organise des expositions de peinture pour la ville voisine. Au cours d'une réception, elle fait la connaissance de Michel et Gisèle Renaud-Dubois. Fascinée par Gisèle, elle va renoncer à son ami, son travail, sa maison et son pays.
Auteure : Reine Bud-Printems
Nombre de pages : 128
Edition : Gallimard
Date de parution : 14 janvier 1986
Prix : 7.49€ (epub, mobi) 5.82€ (occasion)
ISBN : 978-2070705689
Ce court roman est un ovni. Si l'histoire est compréhensible, la vie des personnages l'est moins. L’héroïne quitte son compagnon avec qui elle partageait une maison, s'en achète une autre et reçoit chez elle un ancien mannequin vieillissant qui paye des amants pour coucher avec elle. Les deux femmes se lient d'une certaine amitié sans que l'on comprenne trop où cela va mener, car rien n'est dit pas plus que vraiment suggéré.
Les protagonistes défilent dans les maisons respectives alors qu'au loin se prépare une exposition de peintures, un meurtre surgit comme pour mettre un peu de sang dans cette histoire somme toute assez insignifiante. Vers la fin, l'histoire change avec les mêmes protagonistes, mais sous un autre angle. On ne sait pas trop s'il s'agit de la véritable histoire, celle d'origine ou seulement d'un songe.
Même le titre Lil est l'objet d'interrogation. Pourquoi avoir choisi ce titre qui n'appartient à aucun personnage sinon un enfant qui naît à la toute fin.
Les dialogues sont lunaires pour certains, parviennent à nous accrocher pour d'autres, mais sans arriver à nous retenir ; pas plus que l'histoire.
Seule Reine Bud-Printems a semble-t-il pris plaisir à écrire ce roman qui est plus un exercice de style qu'autre chose.
Ce Lil aurait pu être intéressant si Reine Bud-Pintems ne s'était perdue dans ledit exercice pour nous offrir à la place un vrai roman.
C'est un peu dommage, car l'idée n'est pas inintéressante : une femme mystérieuse entre dans la vie d'une autre, s'immisce dans celle-ci, la séduit d'une certaine façon, puis s'enfuit tout aussi mystérieusement la laissant en proie à de multiples questions.
Un exercice manqué.
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On donnait une réception à l'hôtel de Trieste.
Dans les dernières mélodies de la fête, j'avais oublié les mesures du temps. Je m'étais assise à l'écart des marbres clairs et redessinais la lune derrière des glycines quand une jeune femme laissa glisser sa main sur ma joue.
– Je n'étais pas certaine que vous fussiez sculpture.
Elle restait immobile, attentive à notre décor dont les ombres se démultipliaient, et je n'osais l'inviter à mon côté ; la pierre était si courte que nos corps eussent dû se toucher.
– Vous n'attendiez personne ?
D'un geste léger, elle m'indiqua qu'elle allait s'asseoir.
– Je suis Gisèle Renaud-Dubois ; j'ai failli vous dépasser sans vous voir.
Son prénom évoqua en moi le son d'une corde de contrebasse qui se rompt.
– Vous ne dites rien ?
Je lui dis que ses cheveux sentaient le lilas.
– Ah oui ?
Sa voix monta d'un demi-ton. Elle m'enlaça si bien que ses lèvres touchèrent mon front.
J'ai dénoué son étreinte. J'attendais la fin du monde.
– Je suis engagée dans un texte qui a au moins mille ans. Est-ce du grec ou un dialecte poétique, je n'en sais rien, mais je crois qu'il s'agit d'une parabole ; l'écriture est belle, quoique très incertaine. Cela vous intéresse-t-il ?
Je lui ai souri.
– Dans nos bibliothèques, on attribue ce poème à un certain Athanase Argyres qui était un jeune berger ; la légende prétend qu'il serait mort sur la dernière lettre de son récit et qu'alors un vent violent aurait entraîné le manuscrit sur les côtes de Chypre.
Des invités s'égaraient dans les allées silencieuses. Derrière les arbres, j'entendis prononcer son prénom.
– On vous appelle...
– C'est Michel. Je vais vous présenter.
Elle s'est levée.
Ils ont marché l'un vers l'autre. Ensemble, nous sommes repartis vers les salles où l'on dansait.
Dans les heures qui suivirent, à deux ou trois reprises, j'ai reconnu sa silhouette, son visage, aux mains d'hommes inconnus qui la faisaient tourner sur elle-même ou marcher pas à pas. Elle portait une robe pourpre qui laissait ses épaules nues. Ses cheveux se chargeaient de reflets métalliques chaque fois qu'elle passait sous les lustres. Je la vis sourire à ses partenaires successifs avec le même abandon que je m'étais accordé, quelques instants plus tôt, entre ses bras. Au cours d'une valse lente, elle m'aperçut et m'envoya un baiser.
– J'ai trente-sept ans, et vous ?
J'allai lui dire mon âge, mais son cavalier l'entraîna vers le sud et je la perdis de vue.
Michel Renaud-Dubois dansait avec une femme d'un certain âge, qui pouvait être sa mère. Chaque fois que nous nous croisions, je lui souriais et il inclinait brièvement la tête pour signifier qu'il m'avait reconnue.
Aux premières lueurs du jour, je rentrai et réveillai mon ami pour lui dire que nous allions nous séparer. Il refusa de m'entendre et se rendormit profondément, à plat ventre, la tête à l'abri d'un petit oreiller de plumes qu'il avait toujours refusé de me prêter. Je sortis sur la terrasse et regardai le ciel ; puis je m'installai sur la chaise longue restée dépliée et m'assoupis.
La lumière, la chaleur de l'été recouvrirent les jours. Nous passions des heures à regarder les arbres, les fleurs et les gravures sur les murs, repoussant aux lendemains les mots et les phrases. Après le dîner, nous allions marcher à l'est des collines. Nous avancions côte à côte, ou l'un derrière l'autre dès que le chemin devenait plus étroit, attentifs aux froissements des arbustes, aux dernières danses des libellules. Un soir, mon ami m'entraîna sur un sentier inconnu jusqu'au sud de la montagne d'Ambre, ainsi nommée à cause des genêts qui fleurissent ses côtes. Nous longeâmes une rivière.
– La femme dont tu m'as parlé habite à cent mètres, de l'autre côté du pont.
– N'y a-t-il pas une voie plus directe ? Nous marchons depuis deux heures...
Il a pris mon visage entre ses mains ; il riait.
– Que sont deux heures en regard des sept ans pendant lesquels nous avons vécu ensemble ?
Nous sommes revenus sur nos pas.
Dès qu'il fit plus frais, mon ami entreprit de ranger la bibliothèque.
– Je vais partir...
– Pourquoi me parles-tu ainsi ?
Il me lança le livre qu'il allait placer. Le tranchant de la couverture cartonnée m'atteignit à la joue.
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