Au détour d'un livre

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J'ai un tel désir, de Françoise Cloarec

 

Résumé : Marie Laurencin et Nicole Groult, une histoire d’amour peu banale. L’une est une peintre connue, ancienne maîtresse d’Apollinaire, l’autre une couturière talentueuse et créative, sœur de Paul Poiret et mariée à André Groult. Nous suivons leurs deux destins incandescents dans le Paris de la Belle Époque, de 1907 au début des années vingt, lorsque naît la première fille de Nicole.

Auteur : Françoise Cloarec
Nombre de pages : 300
Edition : Stock
Collection : La Bleue
Date de parution : 29 août 2018
Prix : 20€ (Broché) - 14.99€ (epub, mobi) - 12.05€ (occasion)
ISBN : 978-2234083363

 

Avis / Critique :

L'une est peintre, l'autre est modeuse. Elles vivent à Paris au temps de la Belle Époque, juste avant la première Guerre Mondiale, elles vont s'aimer d'une amitié amoureuse durant des années.
45 ans à s'écrire, à partager, à voler des instants de vie entre conflit armé, amants, maris, exil, enfants, arts.

La première s'appelle Marie Laurencin, peintre, et est la maitresse de Guillaume Apollinaire avec qui elle se rend au Bateau-Lavoir en compagnie de Braque et de Picasso. Ils ont en commun d'être nés de père inconnu. Enfin, le père de marie est connu, mais ne donne pas son nom à la petite. Il veillera cependant à lui donner une éducation bourgeoise. Elle ne se tournera cependant vers l'art qu'à l'âge de 20 ans, en entrant à l'académie Humbert. Elle y rencontre Picabia, et Braque qui lui fera connaître Picasso. C'est Braque d'ailleurs qui la lance en lui disant "Mon petit Laurencin, croyez-moi vous avez du talent".
La seconde est Nicole Groult, créatrice de mode, personnalité brillante, mondaine qui aime les soirées entre artistes, entre écrivains et est passionnée de mode et de couture. Dernière d'une famille de créateurs, sœur de Paul Poiret, dessinateur et créateur de mode et de Germaine Bongard, couturière et peintre, Nicole épouse le décorateur André Groult et suit la destinée familiale.
Les deux femmes vont se rencontrer, l'une par le biais de son amant, l'autre par celui de son mari. Instantanément, elles se trouvent et ne vont plus se lâcher même pendant la guerre quand Marie Laurencin, épouse d'un allemand, devra partir se réfugier en Espagne.

C'est l'histoire de ces deux femmes que nous racontent à travers leurs lettres, leurs amis, leurs rencontrent, leurs arts, Françoise Cloarec. Ce n'est pas toujours intéressant, il y a beaucoup de redites ou de circonvolutions, mais ce livre a au moins le mérite de nous faire découvrir deux femmes de la belle Époque, en avance sur leur temps, qui défient l'ordre établit et la bienséance. Ce sont deux caractères, l'une plus attachante que l'autre qui se montre capricieuse, auquel s'attache "J'ai un tel désir".

Petit plus, on y côtoie Apollinaire, Gertrude Stein, le douanier Rousseau, Picasso, Fernand Léger, Rodin, Charles Péguy, Alain Fournier, Diego Riviera, Blaise Cendars, etc.

Une lecture assez agréable dans l'ensemble pour cette biographie. 

 

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Extrait :

– Faites attention, cet escalier est dangereux.

Benoîte Groult, quatre-vingt-douze ans, commence l’entretien qu’elle m’accorde par ces mots lorsque j’arrive chez elle. Elle se déplace avec agilité devant moi et surveille mes pieds.

Nous passons d’un étage à l’autre de son petit duplex parisien, rue de Bourgogne. C’est une journée grise dehors, la lumière émane des souvenirs de Benoîte lorsqu’elle évoque Nicole, sa mère, et Marie Laurencin, sa marraine.

Grâce à sa fille, Blandine de Caunes, Benoîte a accepté de me recevoir.

Aux murs, des toiles, des dessins, des photographies. On voit même François Mitterrand arpenter un chemin irlandais avec Benoîte et Paul Guimard, son dernier mari.

Benoîte s’arrête et me montre un cliché : Nicole Groult et Marie Laurencin.

Sur l’image, Nicole a posé sa main sur le genou de Marie, elles sont très proches l’une de l’autre. Elles se dévorent du regard. Leurs bouches s’attirent, se sourient. Les coupes de cheveux se ressemblent, Nicole porte une sorte de peignoir clair, en satin, en soie peut-être. Marie est tout en rayures, la jupe, le corsage. Même le bras du fauteuil sur lequel elle se tient assise est rayé. Derrière elles, une toile, sans doute un Charles Martin, des gens dansent, des tambours aux bandes de couleurs conversent avec le tracé des habits de Marie.

Un cliché gai, sensuel, amoureux. Cette conversation, avec ou sans mots, elles ne l’ont jamais interrompue. Absentes aux autres, aux conventions, elles se regardent. Benoîte le sait, elles ont été amoureuses l’une de l’autre.

La mémoire de Benoîte est bonne en ce qui concerne le passé lointain et c’est avec l’œil réjoui qu’elle annonce d’emblée que Marie Laurencin n’était pas raisonnable. Elle volait comme un papillon, d’une fleur à l’autre, d’une femme à l’autre.

Et, sans doute, la femme la plus aimée est Nicole Groult.

Nicole était une femme libre, libre de toute morale pouvant la brider, libre devant l’amour, la chair. Ignorant la mauvaise conscience, elle ne s’occupait que de ce qui lui plaisait et forçait l’admiration par sa volonté implacable de ne s’occuper que de ce qui l’intéressait. En pleine guerre, elle se moquait ouvertement du chauvinisme, du patriotisme et de tous les ismes.

Vraisemblablement aurait-elle aimé le gauchisme, parce qu’il sème la pagaille dans les certitudes.

Avec un goût forcené de la vie, une santé et une volonté de fer, Nicole s’est construite toute seule, avec talent et courage, dans le milieu artistique parisien. Pour cette personnalité brillante, réussite et art ont toujours été des critères essentiels.

Cette mère absente et mondaine n’aime que les soirées avec des artistes, des écrivains.

Benoîte soupire en se rappelant que Nicole détestait la campagne, la Bretagne, les maisons secondaires, les chaussures de sport. Elle ne savait pas conduire ni nager. Femme des villes, elle se passionne pour la mode, la couture. L’art habite ses étoffes comme il habite les toiles de Marie Laurencin. Les couleurs éclatent, les tissus souples et colorés remplacent les tenues ternes. Durant son existence, sa mère sut aménager le monde autour d’elle, à sa façon, parvenant à faire paraître hypocrites ou imbéciles les « bons sentiments » auxquels elle était inapte. Belliqueuse, brillante et frigide, secrètement frustrée, dit Benoîte, elle s’acharne à réussir pour ne pas s’engloutir dans le tombeau capitonné du mariage. C’était une grande séductrice, elle avait des amants, hommes ou femmes.

 

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