13 Novembre 2019
Les écrits de la Collection arnamagnéenne, légués au XVIIIe siècle par un érudit islandais à l’Université de Copenhague, racontent la légende des siècles vikings, les batailles, les rois, les dieux.
L’Islande réclame au Danemark ces manuscrits médiévaux d’une valeur inestimable légués au XVIIIe siècle par un érudit islandais à l’université de Copenhague. Ces textes, inscrits au registre «Mémoire du monde» de l’Unesco en 2009, constituent «la collection la plus importante du monde de manuscrits anciens scandinaves», le plus ancien datant du XIIe siècle.
Une partie de la Collection arnamagnéenne, directement liée à l’histoire islandaise, a été transférée à Reykjavik. Le reste, 1400 documents, est jalousement conservé dans une chambre forte de l’Université de Copenhague.
Le joyau de la collection est un exemplaire presque complet de la saga des rois norvégiens «Heimskringla», rédigée au XIIIe siècle en vieux norrois (ou vieil islandais) par l’historien et poète islandais Snorri Sturlason, datant d’environ 1425. Cet ouvrage massif, parsemé d’enluminures, est très richement décoré avec des lettrines rouges à chaque page.
La Collection arnamagnéenne tire son nom d’Arni Magnusson, un historien et philologue né sur cette île de l’Atlantique nord en 1663 mais mort dans la capitale danoise en 1730, qui avait transmis par voie testamentaire ses quelque 3 000 manuscrits à l’Université de Copenhague. Chaque codex prêté est assuré à hauteur de cinq millions de couronnes (670.000 euros).
Dans les années 1960, soucieux d’asseoir des relations amicales avec son ancienne colonie, le Danemark avait gracieusement accédé à une requête islandaise de lui remettre une partie de la collection. Un traité signé en 1965 actait la division du fonds.
En application de l’accord, plus de la moitié des œuvres ont été expédiées en Islande entre 1971 et 1997 mais la ministre islandaise de la Culture et de l’Enseignement, Lilja Alfredsdottir, voudrait obtenir une plus grande part de la collection. En revanche, pour Matthew Driscoll, professeur de philologie nordique ancienne et responsable de la collection, les manuscrits restants font partie du patrimoine culturel danois. De fait, les pays scandinaves partagent une histoire commune, et un récit commun. L’Islande fut d’abord colonisée par les Norvégiens avant de devenir danoise jusqu’à son indépendance en 1944. La Norvège fut elle-même danoise, de même qu’une partie de la Suède...
La ministre islandaise et son homologue danoise chargée de l’Enseignement supérieur, Ane Halsboe-Jorgensen, ont mis en place un groupe de travail pour tenter de mettre fin à la discorde.
En savoir plus sur les manuscrits (ICI)
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Source : Le Figaro