Au détour d'un livre

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ADN, quand les gènes racontent l'histoire de notre espèce, d'Adam Rutherford

ADN, quand les gènes racontent l'histoire de notre espèce d'Adam Rutherford

 

Résumé : Votre histoire est unique, tout comme l’est celle de chacun des 100 milliards d’êtres humains de l’ère moderne ayant vécu sur notre planète. Mais c’est également notre histoire collective, car dans chacun de nos génomes se trouve l’histoire de notre espèce – naissances, morts, maladies, guerres, famines, migrations… et plein d’histoires de sexe.
Dans un périple captivant à travers l’univers en expansion de la génétique, Adam Rutherford nous révèle ce que nos gènes nous disent aujourd’hui de notre histoire et ce que l’histoire nous apprend sur nos gènes.

Auteur : Adam Rutherford
Nombre de pages : 400
Édition : Larousse
Date de parution : 21 mars 2018
Prix : 20.95€ (Broché) - 14.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2035954558

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Avis / Critique :

L'ADN.
Mystère de nos gènes qui nous définissent au cœur de nombreuses recherches et qui nous permettent, à nous simples mortels, de découvrir via un échantillon de salive un peu de nos origines.
Dans ce livre, le docteur Adam Rutherford, généticien, nous entraine à travers l'histoire de l'ADN humain au fil des siècles mêlant histoire et sciences. Si les 400 pages de cet ouvrage peuvent paraître longues par leur densité et par les quelques redites et coquilles qui l'abreuve, le contenu général est diablement passionnant.
Le livre se découpe en deux parties scindées chacune en quatre chapitres principaux  :
- Notre venue au monde     
- Qui sommes-nous aujourd'hui ?
L'auteur remonte le temps et distille les découvertes faites sur le génome humain, en donnant la part belle à la résolution du décodage de l'ADN et des travaux qui en ont suivis. Ceux-ci ont permis, notamment de comprendre que les 7.8 milliards d'êtres humains qui peuplent aujourd'hui la Terre descendent d'une poignée d'hommes et de femmes dont le nombre correspondrait à peu près à la taille d'un village ; que l'homo sapiens est apparue il y a seulement 200 000 ans depuis l'Afrique Orientale ; que notre génome se compose de 3 milliards de "lettres" et qu'il est unique pour chacun d'entre nous, même pour les jumeaux. Dans ce livre, vous y découvrirez plein d'informations comme le fait que l'ovocyte transporte de petites molécules d'ADN circulaires à l'intérieur de mitochondries qui chacune disposent de leur propre génome ; qu'il y avait sur Terre au même moment, au moins quatre espèces humaines (dont Neandertal, Sapiens, Denisova et une encore fantôme à ce jour) qui se sont accouplés et dont nous avons conservés dans notre ADN des traces mais que peu à peu, ce même génome se débarrassent de ce même apport ; Que 22 espèces humaines ont été à ce jour découvertes ; que certains ancêtres ne nous ont légué aucun gène ; que le gène de la parole est le FOXP2 (que possédait également Neandertal), que nous avons 4000 gènes liés aux odeurs, que c'est le gène MC1R qui encode un pigment de la peau et des cheveux et que sur ce gène un simple changement de lettre (G en C) vous donne des cheveux roux. Vous apprendrez également que les Tibétains présentent une faculté d'adaptation à l'altitude qui proviendrait des Denisoviens ; que les singes ont 24 paires de chromosomes quand nous en avons 23 (en fait 24 aussi à l'origine mais le chromosome 2 est le résultat d'une fusion de deux chromosomes) ; que les Européens doivent le fait de boire du lait au gène LCT qui encode la lactase grâce à des villageois polonais (les premiers à avoir transformé et bu le lait); que si vous possédez un quart d'ADN norvégien, vous pouvez vous dire qu'il résulte des invasions ayant eu lieu vers 916 et que ces mêmes norvégiens se sont installés sur place. Parmi les autres informations qui nous sont données, on apprend  que les problèmes de prononciation des consonnes et des voyelles proviennent d'une version défectueuse du gène FoXP2 sur le chromosome 7 ;  qu'une grande partie de votre génome ne code pas des protéines mais servent à planifier l'architecture de votre ADN et que celui-ci ne cesse de se dérouler, s'enrouler en permanence ainsi qu'à d'autres tâches que les scientifiques doivent encore découvrir ; que les hommes sont plus souvent daltoniens que les femmes (oui, parce que chez la femme le deuxième chromosome X peut compenser une opsine défectueuse du premier) et que certaines femmes sont capables de voir en tétrachromie (1 femme sur 8) grâce à une duplication aléatoire de cette même opsine.
Voilà donc quelques-unes des informations que vous pourrez apprendre dans le livre d'Adam Rutherford qui les expose, bien évidemment, plus clairement et en plus détaillé. C'est aussi, je l'ai dit, un livre qui remonte à nos origines, qui explique les travaux des scientifiques d'hier et d'aujourd'hui, et parmi eux, Darwin, Galton, et nous aide par ce biais à mieux comprendre ce qui est de l'inné et de l'acquis.
Pour ma part, j'ai trouvé ce livre passionnant, plutôt accessible au plus grand nombre, mais un peu long et parfois répétitif. Cependant, cet ouvrage comblera ceux que le sujet des gènes intéresse et pourra même amuser certains autres par ces diverses informations.
 

ADN, quand les gènes racontent l'histoire de notre espèce - Adam Rutherford

 

A lire également :
- Dernières nouvelles de Sapiens
- Sapiens, une brève histoire de l'humanité
- Néandertal, à la recherche des génomes perdus

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Extrait :

Selon la paléoanthropologie traditionnelle, qui s’appuie sur les os, lorsque l’Homo sapiens a atteint l’Europe, il y a probablement quelque 60 000 ans, les hommes de Neandertal étaient déjà présents et bien établis dans la région, même s’ils formaient de petites communautés. Mais grâce aux preuves fondées sur l’ADN, ces dates ont été largement révisées, comme nous le verrons plus loin dans ce chapitre.

Néanmoins, l’anatomie des Néandertaliens montre qu’ils étaient manifestement différents de ces intrus. En paléoanthropologie, la capacité du cerveau est l’un des facteurs de mesure clés. L’homme de Neandertal était doté d’un cerveau plus gros que le nôtre. En moyenne, le volume du cerveau de l’homme moderne atteint 1,4 litre (un peu moins pour la femme) ; celui des hommes de Neandertal variait entre 1,2 et 1,7 litre. Cette capacité crânienne ne saurait être reliée aux facultés intellectuelles, bien qu’en général, chez les grands singes, un plus gros cerveau se traduise par une sophistication accrue.

L’homme de Neandertal était plus petit, trapu et charnu que nous ; son torse était puissant, son nez, plus large et ses arcades sourcilières, plus saillantes. C’est assurément pour ces simples caractéristiques physiques qu’il n’a pas une réputation très flatteuse. Dans le langage courant, on assimile les Néandertaliens à des hommes des cavernes brutaux, des balourds qui poussent des grognements, et Neandertal est synonyme de violence imbécile. Lorsque la classification des premiers spécimens a fait l’objet de controverses au XIXe siècle, le grand biologiste allemand Ernst Haeckel a même proposé de baptiser l’un d’eux « Homo stupidus ».

Rien n’indique, toutefois, qu’ils affichaient une telle conduite ni qu’ils différaient sensiblement de leurs contemporains Homo sapiens. Ils chassaient, découpaient et faisaient cuire de grosses proies ; il est également prouvé que, ces 100 000 dernières années, ils cousaient et fabriquaient des vêtements et des bijoux : autant de techniques antérieures à l’arrivée des hommes anatomiquement modernes, que les Néandertaliens ont développées sans les apprendre auprès des derniers résidents du quartier. Récemment, des chercheurs ont affirmé qu’on leur devait (et non aux hommes modernes) des peintures faites à la main retrouvées dans une grotte de Nerja, sur la côte méditerranéenne espagnole couverte de galets. Certains ont soutenu que les pollens mis en évidence dans plusieurs tombes de Shanidar, en Irak, et dans le sud de la France étaient les vestiges de fleurs ayant servi à des rituels funéraires. Cette assertion demeure néanmoins contestée.

À cause de la rareté des restes, la relation en termes d’évolution entre l’Homo neanderthalensis et lHomo sapiens a longtemps fait débat. Toutes sortes de suggestions ont été avancées au fil des ans, du statut d’ancêtres directs des Européens modernes à leur présence sur une branche totalement différente de l’arbre de l’évolution, qui n’a laissé aucun descendant. Le dernier ancêtre que nous ayons en commun aurait existé il y a environ 600 000 ans.

La première étape vers une réponse à cette problématique a été franchie lorsque Svante Pääbo a exploré l’intérieur de l’os du bras de Neandertal I. Après avoir extrait 0,4 g de matière – le poids d’une bonne pincée de sel – de la section qu’il avait découpée avec une scie de précision, il a isolé de cet échantillon des fragments d’ADNmt. En 1997, il s’agissait du matériel génétique le plus ancien jamais récupéré. Une grande partie de cette étude préliminaire s’attachait à prouver qu’une telle opération était possible et que l’ADN collecté n’était pas le fruit d’une contamination. Jurassic Park et ses suites de qualité inférieure avaient trusté les premières places du box-office dans les années 1990, et le concept d’extraction de l’ADN sur des espèces depuis longtemps éteintes était bien présent dans notre conscience culturelle. Mais comme toujours, les scénaristes avaient fait abstraction de la réalité. L’ADN de Neandertal I était morcelé en fragments de petite taille et profondément endommagé, comme s’il s’agissait de lambeaux effilochés récoltés sur un livre très abîmé. Et ces os qui n’étaient déjà pas en bon état n’avaient que 40 000 ans, comparés aux dinosaures ressuscités de Jurassic Park, âgés de plus de 65 millions d’années. Le fait que Pääbo et son équipe aient pu en tirer quelque chose témoigne de l’émergence des nouvelles compétences des généticiens dans l’ombre du Projet génome humain. C’était un petit pas vers des méthodes révolutionnaires pour le déchiffrement et la reconstruction du passé.

 

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