29 Octobre 2017
Résumé : A sa manière qui n'appartient qu'à lui, Alain Decaux est allé à la rencontre des ombres et des héros de Versailles ; il les a mis en scène, a reconstitué leur univers familier, a fait revivre leurs moments exceptionnels. Pour les amateurs d'histoire, Alain Decaux joue les Sacha Guitry. On y voit d'abord surgir un château bleu d'ardoise, blanc de pierre, rouge de brique pour le bon plaisir du chasseur Louis XIII ; puis s'avancent, comme au théâtre, les artisans de la splendeur de Versailles.
Auteur : Alain Decaux
Nombre de pages : 267
Edition : Perrin
Date de parution : [Rééd.] (2 juin 2000)
Prix : 8.99€ (Broché) -
ISBN : 978-2262016760
Alain Decaux, académicien nous fait partager avec cet ouvrage son amour de l'histoire et décide de nous conter Versailles à sa manière.
Comment ce petit bourg, loin de Paris, où se trouvaient deux auberges, quelques demeures, devint l'un des lieux les plus visités de France et resplendit sur l'Europe au XVIIème siècle ? D'une forêt où Louis XIII enfant allait chasser, à des marais où ce même Louis XIII fit bâtir le château de cartes, son fils le Roi Soleil donnera en agrandissant la demeure, toutes ses lettres de noblesse au lieu. C'est l'occasion donc pour Alain Decaux de retracer au travers d'anecdotes narrées sous forme de chapitres, quelques détails connus et d'autres moins connus. Qui se douterait en effet qu'en se dirigeant sur Versailles rive droite, autrefois demeurait le château de Clagny, cadeau de Louis XIV à madame de Montespan, bâti pour elle et que le roi laissera en friche après la mort de celle-ci, comme pour la punir de l'avoir humilié avec l'affaire des poisons.
Mais Versailles n'aurait jamais été Versailles sans Nicolas Fouquet et Vaux le Vicomte. C'est en effet en assistant à la fête organisée en son honneur que Louis XIV, jaloux fera enfermer son ministre puis décidera de faire construire son château.
C'est aussi l'occasion de nous rappeler que Louis XIV tout roi-soleil qu'il fut, ne mesurait qu'1m60 ; que Molière était rétribué par l'académie des lettres et donc le roi ; que Louis XIV, au palais percé malgré les nombreuses tentatives de cautérisation voyait certains de ses aliments ressortir par le nez ; que pour alimenter les grandes eaux, il a fallu construire la machine de Marly, véritable bijou de technologie qui sera célèbre à son époque jusqu'à l'île de Siam ; que la comtesse de Barry était reconnue pour sa bonté d'âme malgré sa mauvaise réputation dans le peuple ; que la comtesse de la Mothe-Valois, instigatrice de l'affaire du collier et qui avait dû mendier dans les rues de Paris, enfant, pour manger, descendait vraiment d'Henri II de Valois ; que Benjamin Franklin détestait porter la perruque et s'en affranchissait même devant le roi...
Petites anecdotes, et grande histoire ponctuent donc ce livre écrit dans un style très académique où termes de l'ancien français côtoie un langage parfois désuet qui a laissé place à une narration plus libre dans les ouvrages d'aujourd'hui. Cela ajoute malgré tout de la texture au contexte historique et permet au lecteur une plongée tout entière dans l'époque royale de Versailles.
Le charme de ce livre est donc dans son écriture et dans cette histoire de Versailles parcourue à travers les rois qui l'ont fait.
Quand fut achevé le premier château de Le Vau, Colbert crut pouvoir respirer. Il pensa que Versailles ne coûterait plus aux finances royales, "qu'il ne serait plus besoin que d'y aller deux ou trois fois par l'an pour y faire les réparations qu'il conviendrait". Las ! Dans l'esprit de Louis XIV, ce n'était qu'un commencement. Pour Colbert, le cauchemar allait renaître. Le roi avait apaisé quelque temps son ministre en exprimant le désir de "pouvoir loger commodément son conseil pendant un séjour de plusieurs mois". Puisqu'on travaillerait à Versailles, le scandale parut moins grand à Colbert. Ses récriminations se firent moins amères. Il se contenta de maugréer :
- Connaissez-vous, comme moi, l'homme à qui nous avons affaire, sa passion pour la représentation, pour tout genre de dépenses ?
Versailles s'élevait, Colbert critiquait toujours. L'édifice, d'après lui, ressemblait "à un petit homme qui aurait de grand bras, une grosse tête, c'est-à-dire un monstre en bâtiment". Passant d'un extrême à l'autre, il déclara que Louis XIV ne voyait pas assez grand, que Versailles ne possédait point la majesté convenable au premier roi du monde. Il critiquait, mais il payait. Courbé jour et nuit sur ses chiffres, il combinait, calculait, évaluait.
Il n'approuvait pas, mais - autant que Louis XIV - il édifiait Versailles. Toutes les semaines, il envoyait au roi un rapport sur l'état des travaux. Il voyait tout par lui-même. On possède une note de lui à un sieur Lefebvre, contrôleur général des bâtiments, jardins, tapisseries et manufactures du roi. Colbert lui ordonne de visiter chaque jour les travaux, de faire exécuter ponctuellement les ordres et mémoires qu'il reçoit, de commencer la visite tous les jours dès cinq heures du matin ; de contrôler le nombre des 36 000 ouvriers et de "se mettre en état de répondre à tout ce qu'il lui demandera quand il viendra à Versailles". Chaque année, il faisait vérifier les comptes du château par un greffier de l'écritoire ; à cette tâche, le sieur Goullot usa, en 1683, quarante-six journées et reçut six cent livres.
Ce qui donne la mesure des tours de force réalisés par Colbert, c'est que les plus grandes dépenses de Versailles coïncidèrent avec la guerre de Hollande - l'une des plus ruineuses du règne !
Ce furent ces "messieurs" les écrivains et artistes qui en subirent le contrecoup. Il fallut rogner sur tous les budgets. Les pensions furent sacrifiées. Perrault dit mélancoliquement que "les années furent très vite de quinze ou seize mois"...
Un jour, Colbert récrimina plus vivement que d'habitude. Louis XIV lui répondit sévèrement. Quelques années auparavant, il avait écrit à son ministre : "je fus assez maître de moi, avant-hier, pour vous cacher la peine que j'avais d'entendre un homme que j'ai comblé de bienfaits, comme vous, me parler de la manière que vous faisiez." Cette fois, le Roi-Soleil ne voulut pas être maitre de soi. Dans le courant du mois d'août 1683, il se plaignit violemment à Colbert que les travaux exécutés à Versailles coûtaient trop cher. De la part de Louis XIV et destinée à Colbert, une telle accusation laisse pantois. Le roi ajouta cruellement que Louvois, dans de tels cas, savait opérer plus adroitement.
Colbert s'effondra. Il devint soudain, selon Perrault, "si difficile et si chagrin qu'il n'y avait plus moyen d'y suffire et d'y résister". Rentré dans son hôtel de la rue Neuve-des-Petits-Champs, à Paris, il se mit au lit. Il ne se releva plus. Durant sa maladie, il murmura, parlant du roi :
- Si j'avais fait pour Dieu ce que j'ai fait pour cet -homme-là, je serai sauvé deux fois, et je ne sais ce que je vais devenir.
Il expira au soir du 6 septembre 1683. Il avait soixante-quatre ans. Versailles, qu'il avait élevé malgré lui, l'avait tué.
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