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L'Egypte ancienne dans la psychanalyse, de Gérard Huber

L'Egypte ancienne dans la psychanalyse, de Gérard Huber

Résumé : On savait Sigmund Freud très intéressé par l’Égypte ancienne. Mais on pensait que cette passion était restée extérieure à la découverte de la psychanalyse. Les recherches de Gérard Huber parviennent à établir qu'il n'en est rien. La quête égyptologique de Freud est au cœur même de la démarche intellectuelle et affective qui a abouti à la conceptualisation de l'inconscient.

Auteur : Gérard Huber
Nombre de pages : 208
Edition : Maisonneuve et Larose
Collection : La bibliothèque initiatique
Date de parution : 6 octobre 1995
Prix : 10.47€ (broché)
Isbn : 978-2706809200

 

Avis / Critique :


La question des apports égyptiens dans la psychanalyse a donné le "Moïse" de Freud. A l'instar de l’Égypte antique, l’œuvre psychanalytique, est un dualisme heuristique dont la première tendance est d'être investigatrice à tendance scientifique, technique, et la seconde, de type spéculative. 
Dans la première étude qui jalonne ce livre, l'auteur revient sur la problématique d'Akhenaton, ce pharaon qui a renoncé au polythéisme, à révolutionné la théologie de son peuple pour ne plus  servir qu'un seul dieu, Amon ou Aton (Rê-Horakhty), tuant ainsi d'une manière symbolique la religion de son père, Amenhotep III. Akhenaton serait donc le premier cas d'Œdipe négatif spéculé ici par la disposition féminine de sa relation au père et d'une identification à sa mère.  Tout comme il dépeint un rapprochement entre ces deux figures Akhenaton-Œdipe (l’œdipe mythologique) peut-être faisant un seul et même personnage. Parmi les coïncidences repérées : tous deux avaient les mêmes anomalies physiques, la même capitale (Thèbes) qui devint une capitale rejetée par leur population respective, un voyant aveugle, et le fait que l'un et l'autre ont cherché à effacer le nom du Dieu de leur père.

L'auteur s'intéresse ensuite aux rêves de Freud et à la découverte de "l'interprétation psychanalytique des rêves" par celui-ci à partir de ses propres pensées nocturnes. Il argue en effet que les cauchemars de Freud sont de type égyptien. Freud tiendrait donc à nous indiquer qu'il existe une composante essentielle de la fondation de la psychanalyse qui a trait à la "question égyptienne". En effet, le père de Freud aurait offert à son fils une bible de Philippson à l'intérieur de laquelle les illustrations dépeignent des scènes de vie et de mort de l’Égypte ancienne. Certains de ces rêves interprétés indiqueraient une thématique égyptienne comme le coffre que Freud voit dans son cauchemar. "M'étant aperçu de l'absence de ma mère, j'avais soupçonné qu'elle était enfermée dans le coffre et j'avais exigé de mon frère d'en soulever le couvercle. Lorsqu'il eut accédé à ma demande et que je me fus assuré que ma mère n'était pas le coffre, je me mis à crier. Tel est l'incident retenu par ma mémoire ; il a été aussitôt suivi de l'apparition de ma mère et de l'apaisement de mon inquiétude et de ma tristesse". 
Le souvenir-écran porte donc sur la scène d'un Sigmund pleurant devant un coffre qui se réfère à l'incarcération que lui a fait subir plus tôt sa nounou. La nounou ayant disparu, Freud aurait demandé à son frère ce qu'elle était devenue, ce à quoi celui-ci lui aurait répondu "elle a été coffrée" (arrêtée). L'identification se fit alors entre disparition-enfermement dans un coffre. Cette scène du coffre se retrouve dans la bible de Philippson avec l'illustration "Bacs Égyptiens", soit le jugement des morts.
Les autres parties de ce livre continuent sur le même fondement en décortiquant les rêves de Sigmund Freud et en les rapprochant de la thématique égyptienne : les oiseaux à bec ou à tête de faucon, l'histoire du coffre, l'analogie entre Horus et Seth les demi-frères (Freud et son demi-frère Philippe), essayant d'expliquer que sous couvert de son livre fondateur sur les rêves, les grandes thématiques de la psychanalyse proviennent symboliquement d'un apport mythique égyptien (complexe d’œdipe, tuer le père, etc.)

Les explications des rêves sont intéressantes tout comme le parallèle qui peut en découler entre thématiques et mythes mis en exergue par un rapprochement entre vécu de cauchemar freudien et vécu égyptien. Cependant une bonne connaissance de la littérature psychanalytique, biblique et mythologique est nécessaire pour aborder pleinement cet ouvrage qui peut paraitre difficilement compréhensible par la masse de référence auquel il fait parfois appel.

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Extrait :

Dans son livre consacré à l'analyse des rêves de Freud, Grinstein accorde une place notable au cauchemar d'enfance pour faire apparaître l'arrière-plan culturel du jeune Sigismund. De ce fait, il consacre plus d'importance aux textes qui accompagnent les illustrations que Rosenfeld a étudiées, se référant toujours à celui-ci pour ce qui concerne leur interprétation, qu'aux illustrations mêmes.
Après avoir indiqué que les deux ou trois personnages de l'image de la Bière pouvaient bien rappeler les deux ou trois personnages du texte du cauchemar, il résume le contexte qui est illustré de la bière ainsi : Et David suivit la bière.
Il s'agit de la Bière d'Abner, lequel, meurtrier de Azaël, frère de Joab (2 Samuel, 2.23) s'empare de la concubine du roi Saül après la mort de celui-ci. Puis il est tué par Joab (2 Samuel 3.27). David, ayant appris ce meurtre, s'en déclare innocent, bien qu'il combatte la maison de Saül, et décrète des funérailles nationales.
Le commentaire de Philippson concerne les coutumes funéraires, notamment celles d’Égypte et de  Rome. Grinstein conclut ainsi : " Nous pouvons bien imaginer comment les évènements dramatiques de l'histoire ont impressionné le jeune Freud. Les éléments de la mort et de la castration (frapper dans le ventre) combinés avec le thème du meurtre et la possession d'une femme interdite. Bien que David soit présenté comme un roi bienveillant, qui pardonne à ses ennemis, il punit sévèrement les meurtriers de ses ennemis."

Puis il en vient à l'autre illustration, celle qui contient des personnages à becs d'oiseaux et porte la légende du jugement des morts. Selon Grinstein elle est censée illustrer ce passage biblique : "le bateau qui devait transporter la famille du roi et se tenir à sa disposition passa en même temps" (2 Samuel 19.19). Grinstein résume l'histoire du contexte en ces termes : il s'agit du viol de Tamar par Amnon, son frère, fils aîné de David ; Amnon est tué par Absalom, troisième fils de David, qui veut venger sa sœur. Puis Absalom s'empare du pouvoir et des concubines de son père. Mais les forces de David le renversent et Absalom est tué par Joab. "Le compte rendu biblique, ajoute-t-il, qui est rapporté ci-dessus nous montre une relation tragique père-fils... aucune présentation plus claire du conflit père-fils ne peut être imaginée".

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