Au détour d'un livre

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Les sept maisons d'Anna Freud, de Isabelle Pandazopoulos

Les sept maisons d'Anna Freud, de Isabelle Pandazopoulos

 

Résumé : Une nuit d’hiver 1946 à Londres, une infirmière sonne à la porte de la maison des Freud. Anna, la fille du célèbre psychanalyste, est entre la vie et la mort. Épuisée et fiévreuse, elle confie des bouts de son existence à cette inconnue : son adolescence difficile, toute de désirs contrariés et de fantasmes honteux, les années d’analyse avec son père, sa rencontre décisive avec la fantasque Lou Andreas-Salomé

Autrice : Isabelle Pandazopoulos
Nombre de pages : 368
Édition : Actes Sud
Date de parution : 21 août 2024
Prix :
22.50€ (Broché) - 16.99€ (epub, mobi)
ISBN :
978-2330195496

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Avis / Critique :

Quand on pense psychanalyse, un nom nous vient immédiatement à l'esprit. Celui de son fondateur : Sigmund Freud. Mais chez la famille Freud, il y avait aussi Anna, la fille, l'héritière, celle qui personnifia si l'on peut dire le complexe d'Oedipe dans son sens le plus large. Cherchant à être la préférée de son père, à évincer dans le cœur de celui-ci ses autres enfants, Anna était avant tout celle qui le comprenait le plus et avec qui il pouvait parler de ses concepts. Peut-être ne parvenant pas à trouver tout à fait sa place dans la fratrie, elle développa de multiples problématiques comme un sentiment profond d'infériorité, une introversion, une santé souffreteuse accentuée par le fait d'aimer une femme à une époque où la société était loin d'être ouverte sur le sujet. Découvrons donc ici Anna Freud et ses sept maisons sous la plume d'Isabelle Pandazopoulos.

 

Résumé

Les sept maisons, ce sont les étapes marquantes de la vie d'Anna Freud, mais cela pourrait être tout autant les sept endroits qui furent importants pour elle. Ce qui définit le mieux la fille de Sigmund, c'est d'avoir été une figure complexe : enfant, institutrice, psychanalyste, femme, amoureuse, et garde-malade, mais aussi anorexique, dépressive, fusionnelle, et un besoin de s'affirmer envers et contre tous.

Le livre commence à Londres. Nous sommes à la sortie de la seconde Guerre Mondiale, en 1946. La famille Freud y est exilée après avoir fui l'Autriche et le Nazisme. Sigmund est mort en 1938 et Anna vit dans la maison, au 20 Maresfield Gardens avec sa mère, Martha. Paula, une infirmière, qui a fui l'Allemagne est recrutée par Martha pour demeurer au chevet d'Anna et faire en sorte que celle-ci aille mieux. Il faut faire fuir le démon Azraël, l'ange de la mort, de l'héritière. Pour cela, les deux femmes conviennent d'un stratagème : Paula se nommera Anna et Anna portera un autre prénom afin que le démon soit trompé. Cela semble étrange à Paula, mais elle accepte. Et cela fonctionne, car Anna, qui dorénavant se nommera Amy Laustair (oui, comme l'austère) semble aller mieux au fil des jours et va même se livrer à Paula. Elle va en effet lui raconter sa vie à travers plusieurs personnalités qui ont cheminé sa vie : Lou Andreas Salomé, âgée alors de 60 ans qui va se montrer une oreille attentive et va encourager Anna à écrire, à devenir institutrice, puis psychanalyste à son tour. Ce sera ensuite Dorothy, l'Américaine divorcée et mère de famille qui trouvera refuge en Autriche et qui deviendra la compagne d'Anna. Et il y a bien sûr la relation d'Anna avec sa famille, son père, sa mère ainsi que ses neveux. Mais aussi la relation d'Anna avec la maladie. Celle de son père Sigmund, mais aussi la sienne. Et sans oublier, la psychanalyse et son combat pour contrer les idées de Mélanie Klein sur l'enfant.

Le livre est autant une saga familiale qu'un portrait de la psychanalyse en développement, ancrée dans les tumultes du XXe siècle et notamment de la seconde Guerre Mondiale.

 

Points forts
  • Isabelle Pandazopoulos nous plonge dans les pensées et les émotions d’Anna, rendant le récit très personnel. La narration, fragmentée comme une série de souvenirs, permet de partager les moments les plus importants de la vie de son personnage principal. Le sujet de la psychanalyse est plutôt mis en arrière-plan. L'auteur survole les concepts de sorte qu'ils ne soient pas omniprésents et ne volent la vedette. L'intérêt tourne tout autour de la personnalité d'Anna, de ses pensées et de sa relation avec son père. Ceci est plutôt bien retranscrit tout comme l'est sa relation avec Dorothy.
Points faibles
  • La problématique du livre tient à son rythme. L'histoire ne suit pas une structure linéaire et la dynamique se perd parfois. Le début est un peu long et on a du mal à s'accrocher au récit. Puis vient l'histoire avec Lou Andrea Salomé et on raccroche un peu, puis de nouveau cela ralentit, devient moins intéressant, puis arrive Dorothy et hop, le rythme reprend, puis avec la fin se délite à nouveau. L'auteur, si elle montre bien l'ambiance familiale avec Sigmund et Martha, élude plutôt celle avec le reste de la fratrie, ce qui est un peu dommage. Il aurait été peut-être plus intéressant de partir sur un jeu confidences entre Anna "Amy" et Paula. Si cela est suggéré au début, on perd l'idée ensuite puisque cela passe à de la narration pure. Et pour le coup, on perd de vue une exploration plus approfondie de la personnalité d'Anna Freud. Tout son travail consistant aussi à bâtir une école pour les enfants est survolé.
Conclusion

Les Sept maisons d'Anna Freud est un roman qui permet, pour ceux qui ne connaissent que de nom Anna Freud, de découvrir cette femme en quête d’identité et d'indépendance dans un environnement intellectuel dominé par la figure écrasante du père de la psychanalyse.

Le livre plaira à ceux qui s’intéressent aux histoires de vie intime et aux récits psychologiques, même si les longueurs pourront décourager les lecteurs en quête d’un rythme plus soutenu.

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