7 Juillet 2024
Autrice : Harper Lee
Nombre de pages : 320
Édition : Le Livre de Poche
Date de parution en édition poche : 23 août 2006
Prix : 8.70€ (Poche) - 6.99€ (epub)
ISBN : 978-2253115847
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Résumé de l'intrigue :
"To Kill a Mockingbird" est un chef-d'œuvre intemporel de la littérature américaine écrit par Harper Lee. Publié en 1960, ce roman a non seulement remporté le prix Pulitzer, mais il a également suscité un large débat sur des questions fondamentales de justice, de race, et de moralité aux États-Unis.
L'histoire est racontée par Scout Finch, une jeune fille qui raconte son enfance dans la ville fictive de Maycomb, en Alabama, dans les années 30. La famille Finch se compose de Scout, de son frère aîné Jem et de leur père Atticus Finch, un avocat plein de principes et de compassion. Atticus est chargé de défendre un homme noir, Tom Robinson, accusé d'avoir violé une femme blanche, Mayella Ewell. Cette affaire déclenche une série d'événements qui obligent la famille Finch à faire face au racisme profondément ancré dans leur communauté et au-delà, dans leur famille moins proche.
Le personnage d'Atticus Finch est sans doute l'un des plus emblématiques et admirés de la littérature. Il incarne la moralité, la compassion et l'intégrité, enseignant à ses enfants des valeurs de tolérance et de compréhension. Atticus est déterminé à défendre Tom Robinson malgré l'hostilité et le racisme omniprésents dans la communauté de Maycomb, et sa bravoure et son sens de la justice en font un modèle de comportement éthique.
Les enfants Finch, Scout et Jem, ainsi que leur ami Dill, ajoutent une dimension d'innocence et de curiosité à l'histoire. Dill, un personnage fascinant et complexe, est basé sur l'ami d'enfance de Harper Lee, Truman Capote. La présence de Capote dans le roman à travers le personnage de Dill enrichit le récit avec des éléments autobiographiques et souligne l'amitié profonde entre Lee et Capote. Dill, comme Capote, est un garçon imaginatif et sensible, souvent en quête d'aventures et d'histoires. Son rôle dans le roman offre un contrepoint intéressant à la gravité des événements, apportant une perspective d'enfant sur des questions sérieuses.
Scout et Jem se lient également d'amitié avec un mystérieux voisin, Boo Radley, qui devient une figure centrale de leur vie. Boo, bien que reclus et incompris, devient finalement un symbole de bonté et d'humanité. Son interaction avec les enfants Finch et son acte héroïque à la fin du roman soulignent le thème de ne pas juger les autres sans les connaître réellement.
Le roman entremêle habilement les luttes du procès Robinson avec les expériences de passage à l'âge adulte des enfants et leur compréhension croissante des injustices sociétales qui les entourent. Un autre aspect crucial du roman est la description vivante et détaillée de la vie dans le Sud des États-Unis pendant les années 1930. Harper Lee réussit à capturer l'essence de Maycomb, avec ses rues poussiéreuses, ses maisons décrépites et ses habitants aux mœurs bien ancrées. La ville elle-même devient un personnage à part entière, représentant à la fois la beauté et la laideur de la société de l'époque.
"Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" aborde des thèmes profonds qui restent d'actualité :
L'injustice raciale : Le roman est une critique virulente des préjugés raciaux et de l'inégalité, en particulier à travers le procès de Tom Robinson. Il expose les dures réalités auxquelles sont confrontés les Afro-Américains dans une société profondément marquée par la ségrégation.
La moralité et empathie : Atticus Finch sert de boussole morale et enseigne à ses enfants l'importance de l'empathie et de la compréhension. Sa conviction qu'il faut "se mettre à la place de quelqu'un d'autre" reflète le thème central du roman.
L'Innocence et la perte : la perte d'innocence de Scout et de Jem lorsqu'ils sont confrontés aux aspects les plus sombres de leur communauté souligne l'exploration du roman sur la perte de l'innocence de l'enfance face à l'injustice de la société.
La classe sociale : Le livre explore également l'impact de la classe sociale sur la vie des individus, en soulignant les disparités entre les riches et les moins fortunés.
Le style de l'auteur :
Le style d'écriture de Harper Lee est à la fois évocateur et simple. Du point de vue de Scout, le langage reflète la voix d'un enfant, ce qui confère de l'authenticité au récit. L'utilisation par Lee d'images vivantes plonge le lecteur dans le décor du Sud, lui permettant de visualiser la ville, la maison des Finch et les scènes de la salle d'audience. Le dialogue est riche en dialectes du Sud, ce qui donne de la profondeur aux personnages et renforce le sentiment d'appartenance au lieu.
Pourquoi vous devriez le lire :
"To Kill a Mockingbird" est un chef-d'œuvre qui a laissé une marque indélébile sur la littérature. L'exploration de thèmes profonds à travers des personnages attachants et une intrigue captivante en fait une lecture incontournable pour quiconque souhaite comprendre les complexités de la nature humaine et de la société. La pertinence durable du livre réside dans sa capacité à inspirer des discussions sur la justice, l'empathie et la lutte permanente pour l'égalité. Grâce à la narration habile de Harper Lee, les lecteurs sont transportés dans un monde qui remet en question leurs perceptions et les encourage à réfléchir au pouvoir de la compassion et à l'importance de s'élever contre l'injustice.
Cependant, "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" n'est pas exempt de critiques. Le roman, bien qu'avant-gardiste pour son époque, présente des limitations dans sa représentation des personnages noirs, qui manquent souvent de profondeur et sont réduits à des rôles de victimes ou de soutiens aux personnages blancs. Tom Robinson, bien que central à l'intrigue, n'est pas développé en tant que personnage autonome avec sa propre histoire et ses propres perspectives. De plus, le traitement du racisme dans le roman est vu principalement à travers les yeux des personnages blancs, ce qui peut limiter la portée de sa critique sociale.
Malgré ces critiques, "To Kill a Mockingbird" reste une œuvre puissante et influente. Elle résonne en partie grâce à sa capacité à aborder des thèmes universels et intemporels tels que l'injustice, la moralité et l'importance de l'empathie. Le roman incite à la réflexion sur les préjugés et la nécessité de défendre ce qui est juste, même face à l'adversité.
En conclusion, "Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur" est une œuvre littéraire intemporelle qui captive les lecteurs par ses thèmes puissants, ses personnages mémorables et sa prose éloquente. C'est un livre qui ne se contente pas de divertir, mais qui éclaire aussi, ce qui en fait une lecture enrichissante et stimulante pour les personnes de tous âges.
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Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur, de Harper Lee - www.audetourdunlivre.com
— Oui, dit notre père lorsque Jem lui demanda si nous pouvions aller au bord de la mare de Miss Rachel avec Dill, parce que c’était sa dernière nuit à Maycomb.
« Dites-lui au revoir de ma part, et que nous nous verrons l’été prochain.
Nous passâmes par-dessus le muret qui séparait le jardin de Miss Rachel de notre allée. Jem imita le sifflement du colin de Virginie et Dill lui répondit dans l’obscurité.
— Il n’y a pas un souffle d’air, dit mon frère. Regarde, là-bas.
Il désignait, à l’est, une lune gigantesque qui se levait derrière les pacaniers de Miss Maudie.
— Ça donne l’impression qu’il fait encore plus chaud.
— Tu y vois une croix cette nuit ? demanda Dill sans lever la tête.
Il était en train de se fabriquer une cigarette avec du papier journal et de la ficelle.
— Non, rien que la dame. N’allume pas ça, Dill, tu vas enfumer tout ce coin de la ville.
À Maycomb, on voyait une dame dans la lune. Assise à une coiffeuse, elle se peignait les cheveux.
— On va s’ennuyer sans toi, mon vieux, dis-je. Je me demande si on ne devrait pas surveiller Mr Avery.
Mr Avery prenait pension en face, chez Mrs Henry Lafayette Dubose. Chaque dimanche, il collectait la petite monnaie des fidèles à la quête et, chaque soir jusqu’à neuf heures, il s’installait sur la véranda et éternuait. Nous fûmes un soir les témoins privilégiés d’un exploit qui dut être le dernier de sa vie car nous eûmes beau le guetter, il ne le réédita jamais. Jem et moi descendions le perron de Miss Rachel, quand Dill nous interpella :
— Mince ! Regardez, là-bas !
Il désignait la maison d’en face. Nous n’aperçûmes d’abord que là véranda couverte de kudzu[6]. Mais une inspection plus poussée révéla un jet d’eau en arc de cercle jaillissant du feuillage et éclaboussant le rond de lumière jaune du réverbère, trois mètres plus bas. Jem dit que Mr Avery avait mal calculé son coup, Dill ajouta qu’il devait boire plus de trois litres par jour ; s’ensuivit une comparaison entre les distances relatives et leurs prouesses respectives et je me sentis à nouveau exclue faute d’avoir la moindre aptitude dans ce domaineDill s’étira, bâilla tout en lançant d’un ton trop désinvolte
— Et si on allait faire un tour ?
Cela me parut louche. Personne à Maycomb n’allait faire un tour sans raison.
— Où ça, Dill ?
D’un signe de la tête, il indiqua le sud.
— D’accord, dit Jem.
Comme je protestais, il répondit suavement :
— T’es pas obligée de nous suivre, sainte-nitouche.
— Tu dois pas y aller. Rappelle-toi…
Jem n’était pas du genre à s’appesantir sur les défaites passées : à croire que la seule leçon qu’il ait apprise d’Atticus était un aperçu de l’art du contre-interrogatoire.
— On va rien faire, Scout. On va seulement jusqu’au réverbère et on revient.
Nous descendîmes la rue en silence, écoutant grincer sous le poids de leurs occupants les fauteuils à bascule sur les vérandas, écoutant les doux murmures nocturnes des grandes personnes de notre rue. Parfois résonnait le rire de Miss Stephanie Crawford.
— Alors ? interrogea Dill.
— Bon, dit Jem. Si tu rentrais, Scout ?
— Qu’est-ce que vous allez faire ?
Ils avaient seulement l’intention de jeter un coup d’œil par la fenêtre au volet mal ajusté pour tâcher d’apercevoir Boo Radley et, si je ne voulais pas venir avec eux, je pouvais rentrer tout droit à la maison et fermer mon clapet. C’était tout.
— Mais pourquoi donc avez-vous attendu jusqu’à cette nuit ?
Parce que, de nuit, personne ne pourrait les voir, parce que Atticus serait tellement plongé dans un livre qu’il n’entendrait même pas la fin du monde, parce que si Boo Radley les tuait, ils manqueraient l’école sans avoir perdu un jour de vacances, et parce qu’il était plus facile de voir à l’intérieur d’une maison obscure dans les ténèbres qu’en plein jour. Avais-je bien compris ?
— Jem, je t’en prie…
— Scout, pour la dernière fois, boucle-la ou rentre à la maison… Je le dis devant Dieu : chaque jour qui passe, tu te conduis de plus en plus comme une fille !
Après cette remarque, je n’avais pas d’autre choix que de me joindre à eux. Nous décidâmes qu’il valait mieux ramper sous le haut grillage à l’arrière du terrain des Radley pour avoir plus de chances de passer inaperçus. Le grillage clôturait un grand jardin et un petit appentis en bois.
Jem souleva le grillage et fit signe à Dill de se glisser dessous. Je suivis et tins à mon tour le grillage pour mon frère qui passa de justesse.
— Pas un bruit, lança-t-il à voix basse. Ne va surtout pas te prendre les pieds dans les choux, ça fait un boucan à réveiller un mort.
À cause de cette admonestation, je dus avancer d’un pas à la minute mais accélérai en voyant Jem loin devant, qui me faisait signe dans le clair de lune. Nous parvînmes au portillon séparant le potager du jardin proprement dit. Jem l’effleura. Il grinça.
— Crache dessus, murmura Dill.
— À cause de toi, on est pris au piège ! marmonnai-je. On ne pourra pas sortir de là si facilement.
— Chut ! Crache dessus, Scout !
On cracha sec dessus et Jem ouvrit lentement le portillon en le soulevant un peu et en l’appuyant contre la clôture. Nous étions à l’arrière de la maison.
Il était encore moins accueillant que la façade. Une véranda délabrée courait sur toute sa largeur ; entre deux portes se trouvaient deux fenêtres sombres. Une des colonnes soutenant l’un des bords du toit avait été remplacée par un grossier piquet en bois. Un vieux four Franklin occupait l’un des coins de la véranda ; au-dessus, le miroir d’un porte-chapeaux captait l’éclat de la lune et brillait de manière sinistre.
— Arr… geignit doucement Jem en soulevant son pied.
— Qu’est-ce qu’il y a ?
— Rien de grave, dit-il dans un souffle.
Nous eûmes la confirmation que l’imprévu pouvait surgir de partout lorsque Dill, devant nous, souffla « Bon-Dieu » en séparant les mots.
Nous nous faufilâmes sur le côté de la maison, sous la fenêtre au volet mal ajusté. Le rebord se trouvait à plusieurs centimètres au-dessus de la tête de Jem.
— On va te faire la courte échelle, chuchota-t-il à Dill. Attends.
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