9 Octobre 2015
Jean Cocteau, ce touche-à-tout.
Poète, graphiste, cinéaste, écrivain, dessinateur, il a embrassé l'art avec chaque fois le succès comme peu d'artistes ont réussi à le faire.
Né le 5 juillet 1889 à Maisons-Lafitte, c'est au sein d'une famille bourgeoise que l'artiste a prononcé ses premiers mots. Enfant élevé par sa mère, (son père s'est suicidé en 1898), c'est son grand-père, Eugène LeComte, mélomane et collectionneur qui lui amènera la figure paternelle dont il aura besoin et l'encouragera à se passionner pour la musique. Ses autres passions ? Le cirque et le théâtre qu'il découvrira à travers les pièces de la Comédie-Française auxquelles il assiste deux fois par semaine.
Maisons-Laffitte le marquera durablement et Jean Cocteau en fera le portrait dans "La difficulté d'être" en 1947 : "Le cheval de courses et la bicyclette y régnaient en maîtres. On y jouait au tennis chez les uns et les autres, dans un monde bourgeois que l'affaire Dreyfuss divisait. (...) La foire du village, le feu d'artifice, les prouesses des pompiers, le château de Mansart, ses herbes folles et ses bustes d'empereurs romains, tout composait pour l'enfance un domaine propre à flatter cette illusion qu'elle a de vivre en des lieux uniques au monde."
A l'âge de 15 ans, Jean quitte le cocon familial, rate son bac deux fois, se fait renvoyer du lycée Condorcet et voit ses poèmes être déclamés pour la première fois en 1908 par le dramaturge Edouard de Max. En 1909, il publie à compte d'auteur son premier recueil, "La lampe d'Aladin" et se fait connaitre dans les cercles un peu bohème. L'année suivante, il publie son second recueil, se rapproche des artistes russes, se fait réformer, rencontre Apollinaire, André Breton, Rolland Garros et finit par s'enrôler malgré tout comme ambulancier avant d'être renvoyé pour problèmes de santé. Il publiera sur ces années de guerre, l'ouvrage "Thomas l'imposteur".
Après avoir fait un détour par le mouvement du cubisme, Jean Cocteau se rapproche de Raymond Radiguet que Max Jacob lui présente. Entre eux naît une puissante amitié qui entraînera les deux hommes à se conseiller mutuellement sur leurs créations respectives, mais également à entreprendre ensemble de nombreux voyages. Ce sera grâce à Cocteau que Radiguet publiera son premier roman "Le diable au corps" en 1923 et dont le héros principal sera plus tard interprété par Gérard Philippe.
1923, c'est aussi l'année de la mort de Radiguet.
Cocteau n'assistera pas aux obsèques, se fâchera avec la famille de l'écrivain à cause notamment de sa dépendance à l'opium et choisira de partir. Quelques temps plus tard, Cocteau rencontre Charles de Foucaud et se convertit par son entremise au catholicisme et se lie d'amitié avec Jean Bourgoing et sa femme Jeanne dont il fera les héros de son ouvrage "Les enfants terribles".
Dans les années 1930, Jean Cocteau, toujours opiomane tombe amoureux de la princesse Natalie Paley avec laquelle il aura une liaison. Enceinte, celle-ci perdra l'enfant (peut-être sous l'effet de l'opium). Evènement que l'artiste portera dans "Le passé défini". Il quitte Nathalie et s'installe ensuite avec Marcel Khill qui le quittera peu après leur tour du monde pour se fiancer avec une jeune dessinatrice.
De leur voyage, Cocteau tirera "Mon premier voyage".
Jean Cocteau et Marcel Khill - Cocteau - livre de Max Jacob - Opium - Buste de Cocteau
Jean Marais, qui est alors âgé de 24 ans et qui vient d'échouer au concours d'entrée du conservatoire de Paris, arrive alors dans la vie de l'artiste. Beau comme un dieu, l'acteur se fait remarquer lors d'une audition pour Oedipe Roi que Cocteau vient de réécrire. C'est un coup de foudre réciproque. Cocteau lance alors la carrière de son amant et lui écrit un rôle de composition dans "Les parents terribles" (1938). C'est aussi l'époque pour le poète de sa collaboration avec Picasso et Coco Chanel avec laquelle il travaillera sur de nombreux projets.
Arrive la guerre et avec elle, une période un peu sombre dans l'histoire du poète. Certains diront qu'il a été collaborateur et se réfère en cela à l'article écrit dans l'hebdomadaire collaborationniste "La Gerbe" exhortant les jeunes français à prendre part "au nouvel ordre européen". Il protégera également Leni Riefenstahl, actrice et réalisatrice allemande du IIIème Reich, après la guerre.
Acquitté par ses pairs, il est acclamé lors de la sortie de "La Belle et la Bête" et devient une référence tant littéraire, graphique que cinématographique et se verra octroyer la présidence du festival de Cannes en 1953 puis 1954. Peu avant, il a commencé à décorer des villas, encouragé en cela par Matisse et dessinera notamment l'intérieur de la villa Santo Sospir de thèmes inspirés par la Bible et la mythologie grecque. Il décorera également la chapelle Sainte-Blaise des Simples à Milly-la-Forêt où il sera enterré ainsi que les vitraux de l'église Saint-Maximin de Metz sur le thème principal d'Orphée, la salle des mariages de la ville de Menton, les fresques de la chapelle Saint-Pierre de Villefranche-sur-mer, la chapelle Notre-Dame de Jérusalem à Fréjus,
Sa mort adviendra dans la maison qu'il partagera à Milly-la-Forêt avec Jean Marais, en 1963 quand il apprendra la mort d'Edith Piaf. Bouleversé par la nouvelle, Cocteau sera pris d'une crise d'étouffement et succombera quelques heures plus tard d'une crise cardiaque.
Sa maison est devenue depuis 2010, le musée Jean Cocteau qu'il est possible de visiter toute l'année.
Musée Jean Cocteau
Les romans de Jean Cocteau à découvrir :
1919- Le Potomak
1923- Le grand écart
1928- Le livre blanc
1929- Les enfants terribles
1940- La fin du Potomak
2012- La croisière aux émeraudes (posthume)
Quelques receuils de poèmes
1909- La lampe d'Aladin
1920- Escales
1934- Mythologie
1939- Enigmes
1948- Poèmes
1954- Clair-obscur
1962- Le requiem
Films
1930- Le sang du poète
1946- La belle et la bête
1948- L'aigle à deux têtes
1948- Les enfants terribles
1950- Orphée
1960- Le testament d'Orphée
Jean Cocteau a également signé plusieurs pièces de théâtre telles que : Parades (1917), Antigone (1922), La machine infernales (1934), Les monstres sacrés (1940), Le jeune homme et la mort (1946) et d'autres...
On lui doit quelques interprétations au cinéma, notamment dans "Le baron fantôme" (1942), Le Malibran (1943), Le testament d'Orphée (1960)
Jean Cocteau fut membre de l'Académie française de 1955 à sa mort et de l'Académie royale de langue et de littérature française de Belgique.