3 Avril 2016
Résumé :
Alice Hoffman, nerveusement détruite par la disparition de son fils de 11 ans, lors d'une terrible catastrophe fluviale, a décidé de mourir.
Seulement, elle se réveille dans une clinique cinquante-trois jours après sa tentative de suicide. Ses souvenirs reviennent en même temps que sa douleur. Dans cette ambiance suspendue, où on l'incite mollement à vivre, elle fait la connaissance de Van Dern, un officier de police en convalescence, victime d'une grave blessure reçue en opération.
Une étrange complicité va naître entre ces deux naufragés. Car tout ne s'est peut-être pas passé comme Alice l'avait cru...
Auteur : Michel Moatti
Nombre de pages : 298
Editeur : HC Editions
Date de parution : 31 mars 2016
Prix : 19 euros (Broché)
Avis / Critique :
Après Jack l'éventreur, après les bas-fonds de Whitechapel, Michel Moatti s'intéresse à l'histoire d'Alice, son héroïne, qui vient de perdre son fils, Franck.
Après une tentative de suicide, elle se retrouve en convalescence dans une clinique. Là, peu à peu ses souvenirs reviennent. Un homme, un inconnu, vient la voir. Elle apprend du personnel hospitalier qu'il s'agit d'un flic, Van Den, lui aussi en convalescence après avoir été blessé par balle. Intriguée par les mots qu'il a prononcés dans sa chambre, Alice cherche à lui parler. L'homme émet alors une hypothèse concernant le décès de son fils Franck. Il a enquêté pendant qu'elle était dans le coma et il a repéré des similitudes avec d'autres cas. Et si Franck ne s'était pas noyé ? Et s'il était toujours vivant ? Et s'il avait été enlevé ?
Alice plonge alors dans un marasme de sentiments qui viennent s'entrechoquer. Est-elle en train de devenir folle, doit-elle le croire ?
Ce livre se lit comme une langueur. Non pas telle, une langueur mélancolique ou monotone comme l'aurait dit Verlaine, mais clinique. Clinique, car il se vit comme une journée passée, à l'instar de l'héroïne, à l'hôpital. C'est tout en demie-teinte que nous sont distillés les indices, les découvertes apportés ou non à Alice. On lit donc le roman de la même façon, par bribe, quelques pages par-ci, quelques pages par-là, s'arrêtant puis reprenant le lendemain. Difficile de le lire autrement, peut-être à cause des pensées de l'héroïne qui s'étalent en longueur.
Il y a peu de dialogues dans le livre de Michel Moatti, ce qui rajoute cette impression de lenteur qui s'étire au fur à mesure que les lignes sont ingurgitées et digérées. On se questionne. Où donc tout cela va-t-il nous mener ? Et puis, parvenu à la moitié du livre, les indices distillés sans l'être nous amènent à percer le secret, la vérité et à comprendre ce qu'il en est réellement.
Il n'y a pas de surprise, presque pas.
Alors ce livre de Michel Moatti est-il raté ou seulement pas assez élaboré ?
Oui et non. C'est un roman qui manque de consistance, de mal-être, de déchirement, qui ne puise pas assez dans les tripes, qui reste trop en surface. Ce livre, c'est une impression d'être dans l'eau, avec le nez dehors, la bouche dedans, et le corps flottant. Tout flotte à la surface de ce livre. L'histoire, les idées, le tempo. une impression d'être à la frontière de quelque chose, mais dans laquelle Michel Moatti n'a pas tenté d'amener son héroïne, ne lui a pas donné les clefs, pas plus qu'il ne nous les a données.
Et puis ça sonne le "Déjà Vu", le "Déjà lu". Cette histoire finalement, on la connaît. Rien de neuf. Rien justement qui aurait pu faire de ce livre un très bon roman, une bonne histoire.
Il manque ce mouvement dérangeant capable de retourner le lecteur, de le faire entrer tout entier dans le monde de l'héroïne.
L'exercice aurait pu être réussi, il ne l'est qu'à moitié. Dommage, vraiment dommage.
A lire du même auteur : Retour à Whitechapel - Tu n'auras peur de rien -
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Extrait :
Je rentrais chez moi. J'avais levé les yeux vers la rive gauche, et regardais les tours, de l'autre côté de la Seine. Je me disais que je ne ferais plus jamais ce trajet machinal. J'étais revenue sur mes pas et j'allais m'engager sur le pont de Grenelle. Mon regard se posait sur mille choses ordinaires. En réalisant que je ne les verrais plus, javais curieusement le sentiment de les découvrir la première fois. D'en voir les faces cachées et les mystères. Quand on meurt, pensai-je, tout cela n'existe plus. Tout disparaît. Mais quand on va mourir, les choses anodines deviennent des curiosités. Elles luisent presque, semblent s'exonérer du réel ordinaire et exister d'une vie propre. Je lisais, fascinée, le nom d'un club de football sur un maillot porté par un gamin ; j'examinais, en suspendant un instant mon pas, des pierres mal équarries sur l'angle d'une façade. L'ordre des lettres sur une devanture de magasin me stupéfait. La couleur d'un car de tourisme, le mouvement des feuilles d'automne sur un marronnier. Je restais en arrêt, avec la bouche bée des crétines, à fixer la course des nuages réfléchie dans une façade de verre.
J'avais, à l'époque, pris cette habitude devenue une manie et un tourment : je compilais les informations sur la noyade. La dimension physiologique de la noyade. Ses différents stades : asphyxie, arrêt cardiaque, perte de connaissance. Plusieurs lignes me revinrent en mémoire, aussi fluides que les vers d'une fable.
L'apnée de noyade se caractérise par la fermeture de l'épiglotte, autorisant une protection provisoire des voies respiratoires et empêchant l'invasion pulmonaire. Toutefois, on constate une diminution immédiate de la quantité d'oxygène disponible. Le sujet entre alors immédiatement en phase d'hypoxie. Ce stade est rapidement suivi d'un abandon de spasme réflexe, conduisant à une intrusion massive de l'eau retenue dans la trachée et les poumons. Le flux sanguin et le débit se...
A découvrir aussi du même auteur : Retour à Whitechapel
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