Au détour d'un livre

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Une ville flottante, de Jules Verne

Une ville flottante, de Jules Verne

Résumé :
Il y eut pourtant quelques présages. Un des capitaines du Great Eastern a péri noyé. Un passager s'est ensuite égaré dans les profondeurs du navire. Pendant l'installation des chaudières, un mécanicien a même été soudé dans la boîte à vapeur ! Bien que ce bateau ait franchi vingt fois l'Atlantique, on ne pouvait nier qu'il ait reçu un sort... C'était pourtant un chef-d’œuvre de construction navale. Plus qu'un vaisseau, une ville flottante ! Et chacun en attendait monts et merveilles...

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Auteur : Jules Verne
Nombre de pages : 124
Éditeur : Éditions 84
Collection : Librio
Date de parution : 28 février 2005
Prix : Domaine public - Gratuit
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Avis / Critique :

C’est un roman sans doute moins connu de Jules Verne, où il raconte une traversée à bord du Great Eastern, un bateau à vapeur effectuant la liaison entre Liverpool et New-York. Bien que l’histoire soit romancée, elle s’inspire d’un voyage que l’auteur a lui-même effectué.Le Great Eastern était à l’époque – en 1870 – le plus gros bateau jamais construit : long d’environ 200 mètres et large de 30 mètres, ses dimensions ne sont pas si éloignées des super tankers d’aujourd’hui.
Au début du livre, ce bateau impressionnant, qui vient tout juste de servir à poser un câble télégraphique sous-marin entre l’Europe et l’Amérique, est en plein travaux afin d’accueillir à nouveau des passagers. Ensuite l’auteur raconte, à la première personne, la traversée de l’Atlantique et ses péripéties, tant météorologiques qu’humaines. Il en profite régulièrement pour donner des détails techniques sur le bateau lui-même, tel que le nombre et la puissance des chaudières ou les diverses dimensions du Great Eastern et de ses composants. Il fait appel à pas mal de termes techniques que l’on a du mal à comprendre de nos jours où l’on a plus souvent tendance à traverser l’Atlantique en avion plutôt qu’en bateau à vapeur.

Disons le, même si le livre est un témoignage intéressant sur la navigation à vapeur de l’époque, il n’est pas à la hauteur des grands romans de Jules Verne. C’est qu’une traversée de l’Atlantique qui dure 14 jours, c’est monotone, surtout que le bateau ne va pas très vite. Pour éviter que le lecteur ne s’ennuie, il a ajouté une histoire d’amour contrariée et de vengeance, mais ce n’est pas là l’essentiel du récit, ce qui n’est pas plus mal car cette histoire n’est pas la plus inspirée de son auteur. Quelques intempéries viennent çà et là rajouter également un peu de piment … Soit !

Ceux qui sont intéressés par les bateaux, et particulièrement par les bateaux à vapeur de la deuxième moitié du XIXème siècle, ou ceux qui ont décidé de lire les œuvres complètes de Jules Verne peuvent lire ce livre. Les autres peuvent se contenter de lire les œuvres plus connues de cet auteur ...

Critique rédigée par Evil.g

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Une ville flottante, de Jules Verne - www.audetourdunlivre.com

Extrait :

Le 18 mars 1867, j’arrivais à Liverpool. Le Great Eastern devait partir quelques jours après pour New York, et je venais prendre passage à son bord. Voyage d’amateur, rien de plus. Une traversée de l’Atlantique sur ce gigantesque bateau me tentait. Par occasion, je comptais visiter le North-Amérique, mais accessoirement. Le Great Eastern d’abord. Le pays célébré par Cooper ensuite. En effet, ce steamship est un chef-d’œuvre de construction navale. C’est plus qu’un vaisseau, c’est une ville flottante, un morceau de comté, détaché du sol anglais, qui, après avoir traversé la mer, va se souder au continent américain. Je me figurais cette masse énorme emportée sur les flots, sa lutte contre les vents qu’elle défie, son audace devant la mer impuissante, son indifférence à la lame, sa stabilité au milieu de cet élément qui secoue comme des chaloupes les Warriors et les Solférinos. Mais mon imagination s’était arrêtée en deçà. Toutes ces choses, je les vis pendant cette traversée, et bien d’autres encore qui ne sont plus du Domaine maritime. Si le Great Eastern n’est pas seulement une machine nautique, si c’est un microcosme et s’il emporte un monde avec lui, un observateur ne s’étonnera pas d’y rencontrer, comme sur un plus grand théâtre, tous les instincts, tous les ridicules, toutes les passions des hommes.

En quittant la gare, je me rendis à l’hôtel Adelphi. Le départ du Great Eastern était annoncé pour le 20 mars. Désirant suivre les derniers préparatifs, je fis demander au capitaine Anderson, commandant du steamship, la permission de m’installer immédiatement à bord. Il m’y autorisa fort obligeamment.

Le lendemain, je descendis vers les bassins qui forment une double lisière de docks sur les rives de la Mersey. Les ponts tournants me permirent d’atteindre le quai de New-Prince, sorte de radeau mobile qui suit les mouvements de la marée. C’est une place d’embarquement pour les nombreux boats qui font le service de Birkenhead, annexe de Liverpool, située sur la rive gauche de la Mersey.

Cette Mersey, comme la Tamise, n’est qu’une insignifiante rivière, indigne du nom de fleuve, bien qu’elle se jette à la mer. C’est une vaste dépression du sol, remplie d’eau, un véritable trou que sa profondeur rend propre à recevoir des navires du plus fort tonnage. Tel le Great Eastern, auquel la plupart des autres ports du monde sont rigoureusement interdits. Grâce à cette disposition naturelle, ces ruisseaux de la Tamise et de la Mersey ont vu se fonder presque à leur embouchure, deux immenses villes de commerce, Londres et Liverpool; de même et à peu près pour des considérations identiques, Glasgow sur la rivière Clyde.

À la cale de New-Prince chauffait un tender, petit bateau à vapeur, affecté au service du Great Eastern. Je m’installai sur le pont, déjà encombré d’ouvriers et de manœuvres qui se rendaient à bord du steamship. Quand sept heures du matin sonnèrent à la tour Victoria, le tender largua ses amarres et suivit à grande vitesse le flot montant de la Mersey.

À peine avait-il débordé que j’aperçus sur la cale un jeune homme de grande taille, ayant cette physionomie aristocratique qui distingue l’officier anglais. Je crus reconnaître en lui un de mes amis, capitaine à l’armée des Indes, que je n’avais pas vu depuis plusieurs années. Mais je devais me tromper, car le capitaine Mac Elwin ne pouvait avoir quitté Bombay. Je l’aurais su. D’ailleurs Mac Elwin était un garçon gai, insouciant, un joyeux camarade, et celui-ci, s’il offrait à mes yeux les traits de mon ami, semblait triste et comme accablé d’une secrète douleur. Quoi qu’il en soit, je n’eus pas le temps de l’observer avec plus d’attention, car le tender s’éloignait rapidement, et l’impression fondée sur cette ressemblance s’effaça bientôt dans mon esprit.

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