Au détour d'un livre

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Flash, ou le grand voyage - de Charles Duchaussois

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Résumé : De Marseille au Liban, d'Istanbul à Bagdad, de Bombay à Bénarès, en bateau, à pied, en voiture, Charles peu à peu se rapproche de Katmandou, le haut lieu de la drogue et des hippies. Sa route est jalonnée d'aventures extraordinaires. A Beyrouth, il s'associe à des trafiquants d'armes, il participe dans les montagnes du Liban à la récolte du hachisch. A Koweit, il dirige un night-club. C'est enfin l'épisode de Katmandou et l'évocation saisissante de l'univers des drogués : l'opium et le hachisch qui font « planer », le « flash » de la première piqûre, le « grand voyage » du L.S.D. Jamais peut-être un homme, sauvé in extremis, n'était allé aussi loin et n'avait pu revenir pour dire ce qui se passe là-bas.

 

 Auteur : Charles Duchaussois
Nombre de pages : 704
Edition : Le livre de poche
Collection : Littérature & Documents
Date de parution : 8 janvier 1974
Prix : 25€ (Broché) - 7.90€ (poche) - 7.99€ (epub, mobi)
ISBN :  978-2253000143

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Avis / Critique :

 

C’est le témoignage d’un drogué repenti. Sans aucun tabou, il décrit le plaisir ressenti lors de ses premiers shoots, car il rappelle une évidence que l’on a parfois tendance à oublier : la drogue c’est d’abord agréable. Malgré tout, il ne fait pas l’apologie de la drogue, bien au contraire. Il nous explique comment, au fil des shoots, l’accoutumance s’installe, le plaisir finit par s’estomper et comment la drogue ne lui sert plus qu’à arrêter les effets du manque.

 

Cela, on l’a déjà lu dans d’autres témoignage. Ce qui fait l’intérêt de celui-ci, c’est le côté roman d’aventure, entre le Liban, la Turquie, l’Inde, le Népal… Le récit des arnaques, des accidents, des rencontres. Avec, en toile de fond, le mouvement hippy, auquel il n’appartient pas vraiment mais qu’il côtoie en permanence.

Et puis il y a la description de la Katmandou de 1969, la Mecque des routards. Lui, il y était et il raconte. Il décrit tous les hôtels et les restaurants que fréquentaient les hippies, il raconte la facilité qu’il y avait à s’y procurer de la drogue, il raconte comment les hippies étaient vus par une population locale pas toujours bienveillante.

 

Les derniers mois sont vraiment poignants, quand Charles Duchaussoy comprend qu’il est piégé par la drogue, qu’il devient une loque humaine. Ce n’est que grâce à son entourage qu’il va éviter le suicide par overdose dans les montagnes et qu’il va pouvoir être rapatrié en France.

Par contre, il est vraiment difficile de croire certains des passages de "Flash ou le grand voyage", comme l’épisode des tours de la mort en Inde ou la description des opérations improvisées qu’il fait aux paysans népalais. Il est probable que certains passages ait été un peu romancés.

De plus le style, appliqué, manque d’originalité. Il est même parfois énervant par l’utilisation fréquente de clichés.

 

Ces réserves faites, "Flash ou le grand voyage" reste un livre passionnant, un témoignage unique sur la folie de cette époque et sur les dangers de la drogue.

 

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Extrait :

 

Au bout d'un quart d'heure, le taxi me laisse avec mon baluchon dans une ruelle moyenâgeuse sans trottoir, en terre battue, remplie d'enfants au crâne rasé qui courent et piaillent partout, pieds nus dans la neige qui tombe toujours. Je suis en face d'une maison aux murs de pisé décrépis, très étroite. Je lève le nez et au-dessus d'une petite porte de bois pleine je lis sur un fronton, en lettres noires délavées, fantaisistes et crochues : Gulhane Hôtel. J'y suis.

Je regarde un peu mieux. Il y a trois étages, deux petites fenêtres par étage. Au-dessus, une terrasse cernée de grillages et dont une moitié est recouverte d'un vague toit de tôle ondulée et de carton. Sur l'autre moitié, de la toile.

Je pousse la porte et j'entre dans un couloir noir et sale avec, au bout, une porte qui donne sur un jardinet en friche plein d'ordures entassées. Tout cela sent effroyablement mauvais.

J'appelle. Pas de réponse. A droite, une porte. Je frappe. Je tourne le loquet, en vain. C'est fermé. A gauche, par contre, la porte s'ouvre. C'est un réduit avec un grand baquet de bois posé à même la terre battue. Lui aussi est vide.

Je m'engage dans l'escalier aux vieilles marches craquantes et, au premier, je débouche dans une pièce d'environ quatre mètres sur cinq. Comme taudis, j'ai rarement vu mieux. Au plafond, des poutres toutes noires. Au sol, couvert de poussière et de déchets douteux, un parquet rudimentaire. Les murs, naturellement, sont en pisé. Sur les quatre carreaux de la fenêtre, trois sont manquants et le quatrième est percé par le tuyau d'un poêle à sciure en ferraille. Pas de lits, ni même de châlits. Tout simplement, faisant le tour de la pièce, des paillasses en toile de jute avec sur chacune une couverture arabe crasseuse. Toutes sont bizarrement déchiquetées. Je saurai vite pourquoi. Çà et là, des sacs, des bagages.

L'air sent très fort. Une odeur de sueur sale et d'urine, un peu comme dans un zoo. Et là-dessus un vague fond d'encens et de haschisch.

C'est alors que dans le coin le plus sombre de la pièce, mon regard s'habituant peu à peu à l'obscurité, j'aperçois quelqu'un. Une interminable forme couchée. C'est un garçon, un Européen squelettique, barbu, les cheveux longs et bouclés. Il est pieds nus et ses pieds sont très sales. Aux jambes, il a un pantalon de toile qui a dû être blanc et, au-dessus, une chemise ample, blanche aussi, ras du cou, avec de grandes manches très larges.

Je hasarde un bonjour. Pas de réponse. Je m'approche. Le garçon me jette un regard distrait et me fait un vague sourire. J’ai l'impression qu'il m'a à peine vu. D'ailleurs, il a autre chose à faire. Et j'assiste à une étrange opération.

Se soutenant sur un coude, et toussant d'une toux sèche et rapide, il sort une seringue de son sac, puis une petite boite de carton, genre produits pharmaceutiques. Il pose la seringue, qui a son aiguille toute prête, par terre, sur le parquet, à côté de lui. Sans se soucier le moins du monde de ma présence, il ouvre la boîte, en sort un tube, le débouche et en fait tomber dans le creux de sa main cinq ou six petits cachets ronds et blancs qu'il pose par terre, à côté de la seringue. Il refouille dans son sac, en sort un bout de papier journal, le pose à côté des cachets qu’il met dessus. Puis il ramasse un verre à moitié ébréché et, à petits coups, pulvérise les cachets un à un, jusqu’à les réduire en fine poussière.

Je le regarde, fasciné. Je me penche un peu et je lis, sur la boîte, ce mot : Méthédrine. C'est, je le sais, un excitant puissant, genre Maxiton.

Mais le drogué, pour la première fois, semble s'apercevoir que je suis là. Il me tend le verre et, dans un anglais parfait, me demande d'y mettre un doigt d'eau.

« Où ça? dis-je en faisant le tour de la pièce du regard.

– Au robinet, sur le palier », m'explique-t-il.

J 'y vais et dans un recoin du palier, à côté d'un trou d'où sort un relent de fosse d'aisance, j'avise un vieux robinet de cuivre taché de vert-de-gris et qui goutte. Je mets le doigt d'eau demandé.

« Thanks (merci) », me dit le drogué avec un sourire fugitif.

Habilement, il replie le papier journal en gouttière et fait glisser sa poudre blanche dans le verre. Avec son doigt il remue le mélange un' moment. Il prend la seringue et aspire le tout à travers un coton. Puis il sort encore de son sac une ceinture, remonte la manche gauche de sa chemise. enroule la ceinture autour de ce qui lui reste de biceps, juste au-dessus du coude. Et il serre.

Mais il n'y arrive pas. Il me fait signe de l'aider.

« Serre, là, veux-tu ? » me demande-t-il.

Je serre. Les veines saillent, toutes boursouflées de petites hernies. avec des points noirâtres de sang séché un peu partout, et des bleus sous la peau.

II enfonce l'aiguille tout droit, sans hésiter. Il tire sur son piston, en arrière. Un peu de sang rougit l'intérieur de la seringue.

L'air satisfait, le type s’injecte alors tout le mélange, range vite ses affaires et se recouche, tourné du côté du mur.

Il ne bouge plus.

 

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"Flash ou le grand voyage" de Charles Duchaussois - BD

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