10 Mai 2019
Résumé : Au cours de la nuit du 31 décembre 1999, alors que d'autres fêtent l'arrivée du Nouvel An, la doyenne de l'humanité, Marie Pasteur, s'éteint doucement dans sa chambre d'hôpital. À son chevet, Claire, infirmière à la maternité située deux étages plus bas, assiste aux derniers instants de son arrière-grand-mère. Soudain, elle est témoin d'un phénomène inexplicable : Marie, dont le cœur avait pourtant cessé de battre, revient à la vie.
Auteur : Franck Thilliez
Nombre de pages : 25
Édition : 12-21
Date de parution : 2 mai 2019
Prix : Gratuit
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Marie Pasteur a 130 ans à l'aune de l'an 2000. C'est la doyenne de l'humanité. Mais à quelques minutes du troisième millénaire, elle meurt... durant sept minutes puis revient à la vie. Dans l'hôpital où son arrière-petite fille travaille comme sage-femme, les bébés se mettent à mourir. Que se passe-t-il ? Le bug de l'an 2000 n'est donc pas informatique comme certains le pensait, et voilà que l'ADN des humains leur joue un vilain tour. La terre en a-t-elle assez de cette espèce qui la détruit où là-haut la grande faucheuse a-t-elle envie de s'amuser un peu ? Dans tous les cas, les gens rajeunissent, le compte à rebours s'inverse, la civilisation s'éteint peu à peu. Marie Pasteur, depuis son chalet au Canada raconte...
Franck Thilliez en 25 pages imagine un bug auquel personne ne pourrait s'attendre et à travers l'écriture de son héroïne, ce qu'il en découlerait pour l'humanité. En dehors de l'histoire en elle-même, cette nouvelle amène à réfléchir. Nous, êtres humains semblent blindés de notre certitude, de notre civilisation, de notre mode de vie capitaliste ou libéral, de notre force sur la nature. Oui, mais si celle-ci décidait que c'en était assez. Comment réagirions-nous et quelle alternative aurions-nous ?
Récit court, qui pourrait être développé en roman par l'auteur dans un prochain opus, Franck Thilliez offre ici une nouvelle bien construite, une dystopie intéressante, qui peut faire réfléchir sur notre devenir.
Une idée originale bien contée. A découvrir d'autant qu'elle est gratuite.
Autre nouvelle gratuite :
- Le Noël d'Agatha, de MC Beaton
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Le temps… Quelle étrange notion. À peine avez-vous lu cette phrase qu’elle appartient déjà au passé. Le présent — le moment exact où vous aviez découvert la phrase précédente — n’existe déjà plus, et le futur est ce que cette phrase était avant que vous ne la lisiez. Passé, présent, futur, réunis dans une simple phrase, wagons d’un train qui roule en sens unique, pense-t-on, un bolide qui fend l’inconnu sans jamais s’arrêter, depuis le point zéro, depuis l’origine, depuis le début du passé, vers une destination que nul ne connaît.
Sauf moi. Je connais l’ultime étape du temps. Je sais où il s’arrête, et dans quelle direction il repart.
Je m’appelle Marie Pasteur. Personne ne lira cette histoire, mais je vais quand même brièvement raconter ce qui s’est passé, tant que mes facultés intellectuelles me le permettent. Bientôt, je ne saurai plus écrire ni lire. Demain, ce crayon à papier entre mes mains ne
sera plus qu’un vulgaire morceau de bois que je tiendrai, le poing serré en gribouillant, comme le ferait un enfant de cinq ans. Demain… Ou devrais-je plutôt dire hier ?
Une partie de ce récit n’a pas pu être vérifiée par mes propres yeux, mais je vous relate l’histoire telle qu’on me l’a racontée, et à la troisième personne, comme si vous lisiez un roman. J’en ai tellement lu aux êtres que j’aimais, des romans…
Tout est parti de ce premier jour du nouveau millénaire. Cette fameuse nuit où les feux d’artifice illuminaient le ciel, où tout le monde criait de joie, tandis que fanaient déjà les fleurs du temps. Une fraction de seconde qui a sonné, quelque part, le début de la fin de notre Humanité.
C’était le jour où je suis morte, il y a si longtemps.
Ce jour-là, la clinique Heisenberg s’apprêtait à vivre un moment historique, à presque minuit, le 31 décembre 1999 : Marie Pasteur, la doyenne de l’Humanité, allait s’éteindre. À 130 ans, 8 mois et 24 jours, la Française écrasait la concurrence puisque son successeur, un Chinois, était un petit jeune d’à peine
121 ans. De bon sang breton, Marie était née en même temps que Lénine, à l’époque où Dickens tirait sa révérence. Au soir de sa naissance, pour réchauffer son frêle corps de moineau, on la déposait au fond d’un four à pain encore tiède. Cette année-là vit aussi la toute première carte postale transportée par dirigeable.
Marie avait connu la famine, les épidémies de tuberculose et la terrible grippe espagnole de 1917. Elle avait traversé les deux guerres mondiales et parcouru le monde en long, en large. Une aventurière qui avait vécu en Sibérie, dans les Rocheuses et dans une forêt canadienne avec des loups, en complète autonomie, ivre de chasse et de pêche. Elle avait raccroché son sac à dos à 79 ans pour profiter de ses enfants, petits-enfants, sans oublier les plaisirs de la bonne chère. Trois mois avant de sombrer dans le coma, elle portait encore à ses lèvres un ballon de rouge. Depuis l’âge de 80 ans, celui où elle s’était mise à boire un verre de vin par jour, elle avait vidé plus de trois mille bouteilles de bordeaux.
Mais cette fois, c’était la fin.
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