21 Mars 2020
Résumé : Savez-vous qui vous êtes vraiment ? Êtes-vous sûr de ne pas avoir vécu d'autres vies ?
Auteur : Bernard Werber
Nombre de pages : 560
Édition : Albin Michel
Collection : A.M. ROM.FRANC
Date de parution : 26 septembre 2018
Prix : 22.90€ (Broché) - 8.70€ (poche) - 8.49€ (epub, mobi) - 0€ (audible)
ISBN : 978-226438393
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René Toledano, professeur d'histoire aime se rendre à des spectacles en fin de semaine avec sa collègue Élodie. Ce samedi, tous deux décident d'aller voir une hypnotiseuse dont le nouveau numéro s'intéresse à retrouver les vies antérieures. Dans la salle, elle choisit René qui répugne au départ à se prêter au jeu avant de se laisser faire. Celui-ci passe la porte du karma et se souvient d'avoir été un soldat héroïque durant la Première Guerre mondiale, mais un soldat qui va aussi voir la boucherie des tranchées. Traumatisé par la vision, René ne laisse pas à l'hypnotiseuse le temps de lui faire remonter le temps et de revenir au présent, et s'enfuit de la salle, groggy et en proie à des sentiments contradictoires. Sur les quais, il fait la rencontre d'un skinhead drogué qui lui réclame son argent. Alors qu'il ne sait pas se battre, voilà que René se lance sur lui et le tue. Perturbé par son geste, il rentre néanmoins chez lui avant de prendre la décision de retourner chez l'hypnotiseuse pour qu'elle lui fasse remonter une autre vie plus joyeuse afin d'équilibrer les choses et qu'il ne soit plus en proie à ces dissonances cognitives négatives. Il fait la connaissance alors de Zénon, un galérien au temps des Crétois et des Romains, puis de Geb, un atlante, sa première vie.
Rattrapé par la police et les caméras de surveillance de la ville, René est arrêté pour le meurtre du Skinhead. Pour le sortir de là, son amie Élodie ne trouve rien de mieux que de l'envoyer en hôpital psychiatrique, prétextant une schizophrénie. Mais là, pour René, c'est l'horreur. Le professeur Chob est amateur de chocs électriques. René se réfugie alors pour repousser la douleur dans ses vies antérieures, puis aidé par Hippolyte, le soldat des tranchées, il met le feu à l'hôpital avant de s'enfuir, l'esprit hagard...
Cette fois, Bernard Werber s'intéresse aux vies antérieures et fait de son héros René Toledano, un précurseur dans le domaine. Professeur d'histoire, l'homme au fil de ses régressions va tenter de changer la perception de ses élèves sur les faits historiques et se voir traiter de fous parce qu'il ne suit pas le dogme imposé. Par ailleurs, son héros René va tenter de faire entendre à tous que l'Atlantide a existé tout comme les géants.
Werber suit la même trame que ses précédents livres et l'on retrouve à l'instar de son "encyclopédie du savoir absolue", un "mnénos" dans lequel son héros au travers de sa plume note et démonte les faits historiques tels qu'ils nous ont été expliqués. Werber s'en prend plus particulièrement à Jules Michelet qui, selon lui, à travestir des faits afin de les rendre plus acceptables.
Bernard Werber dans sa " Boite de Pandore", reprend ses thématiques favorites et cela peut passer par moment comme de la redondance, avec une impression de lire le même livre que le précédent. Globalement, j'ai plutôt bien aimé ce récit, mais pour ce faire, je me suis détachée du côté "retour dans les vies antérieures" pour n'y voir qu'un simple roman d'aventure. En effet, la trame perd rapidement en crédibilité et le lecteur aura du mal à souscrire au postulat de l'auteur. Ne reste donc plus qu'une histoire fantaisiste à lire et il faut le prendre comme cela et non y chercher un côté scientifique qui aurait pu être intéressant à amener. Seuls en matière de crédibilité restent les mémos du mnémos qui revisite des faits historiques tronqués par Michelet.
A la fin, l'auteur nous fait un clin d’œil en nous faisant savoir que lui-même a testé les régressions et s'est vu en tant qu'archer au 13ème siècle.
Un roman donc sans prétention et à prendre tel quel sans y chercher autre chose qu'une aventure interdimensionnelle et avec un rapprochement intéressant entre la légende de l’Atlantide et l'émergence des pharaons et du panthéon des dieux égyptiens.
Loin d'être le meilleur de Bernard Werber, cette "Boite de Pandore" n'est pas non plus l'un des plus moments et se situe donc à mon sens dans la moyenne.
Autres livres de Bernard Werber chroniqués sur ce blog :
- Sa majesté des chats
- Demain les chats
- Les micro-humains
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Critique de "La boite de pandore", de Bernard Werber - www.audetourdunlivre.com
– Vous n’êtes pas seulement ce que vous croyez être. Alors je vous pose la question : saurez-vous vous rappeler qui vous êtes vraiment ?
L’hypnotiseuse Opale se prépare à enchaîner avec son tour final, le clou du spectacle. Elle scrute de ses grands yeux verts rehaussés de khôl noir l’assistance, à la recherche d’un volontaire.
– Qui parmi vous souhaite découvrir les mémoires enfouies au fond de son propre esprit ?
Personne ne réagit, tous baissent le regard. Elle relève une mèche de ses longs cheveux roux ondulés qui lui tombe sur les yeux.
– Personne ? Dans ce cas je vais désigner l’un d’entre vous au hasard. Lequel vais-je choisir ?
Pourvu que cela ne tombe pas sur moi.
Elle darde un index parfaitement manucuré en direction de la salle, le faisant passer sur chacun des spectateurs qu’elle examine les uns après les autres, avant de s’arrêter sur l’un d’entre eux.
– Vous !
Zut. Pas de chance.
– Oui, vous, monsieur. Pouvez-vous venir avec moi s’il vous plaît ?
L’homme se lève en laissant échapper un soupir. Il s’avance et monte sur scène, un sourire crispé sur le visage. Face à son peu d’enthousiasme, Opale demande à la salle de l’encourager.
Pourquoi c’est toujours sur moi que cela tombe ?
La salle de la péniche-théâtre La boîte de Pandore contient à peu près trois cents personnes. Elles applaudissent avec d’autant plus d’énergie qu’elles sont soulagées de ne pas avoir été elles-mêmes choisies.
Sur scène, l’hypnotiseuse et son cobaye s’observent. Elle, sculpturale, vêtue d’une robe noire au large décolleté dans lequel plonge un pendentif en forme de dauphin en lapis-lazuli. Lui, cheveux bruns, yeux noisette, lunettes fines en métal doré, vêtu d’un polo, d’un jean et de chaussures à semelle de crêpe épaisse.
– Merci pour votre spontanéité, l’accueille-t-elle non sans ironie. Comment vous appelez-vous et quel âge avez-vous ?
– René Toledano. 32 ans, répond-il avec une mauvaise volonté évidente.
– Que faites-vous dans la vie ?
– Je suis professeur d’histoire au lycée Johnny-Hallyday.
– Pourquoi êtes-vous ici, monsieur Toledano ?
– Avec ma collègue Élodie (il désigne une dame blonde aux cheveux courts qui salue timidement au troisième rang), nous avons un rituel : tous les dimanches soir nous assistons à un spectacle avant d’aller dîner dans une pizzeria.
– Ah ! Donc demain c’est la rentrée des classes pour vous deux. Beaucoup de stress en perspective pour parvenir à gérer nos chères têtes blondes, n’est-ce pas ?
Quelques rires retentissent dans la salle.
– Absolument. Élodie et moi voulions profiter de cette dernière soirée de vacances pour nous détendre avant le tourbillon de l’année scolaire.
– Et pourquoi avez-vous choisi mon spectacle ?
– J’aime la magie et Élodie l’hypnose. Dimanche dernier elle m’a accompagné voir un prestidigitateur, c’était mon tour de lui faire plaisir.
– Juste un échange de bons procédés, donc ?
– Je dois dire que le titre du spectacle, « Hypnose et mémoires oubliées », m’a intrigué.
Avec un sourire, la femme aux longs cheveux roux l’invite à s’asseoir sur le fauteuil de velours rouge au centre de la scène, surmonté d’une immense photo représentant un œil vert assez similaire au sien. Elle reprend :
– Laissez-moi vous poser une question, monsieur Toledano. Pour vous, l’expression « mémoire oubliée », qu’est-ce que cela évoque ?
Intéressé par la question, René rebondit, plus détendu :
– En tant que professeur d’histoire, j’ai l’impression que le monde devient amnésique. Du coup on répète les erreurs du passé puisqu’on a oublié leurs conséquences.
Encouragé par une rumeur d’approbation venue de plusieurs personnes dans la salle, René poursuit :
– Et comme, à notre époque, tout va plus vite, j’ai l’impression que tout est oublié aussi de plus en plus rapidement.
L’hypnotiseuse reprend la parole.
– Ça c’est la « mémoire collective », mais quel est votre rapport à votre… « mémoire individuelle » ?
J’ai l’impression qu’elle attend quelque chose de moi. Qu’est-ce qu’elle cherche à me faire dire ?
– Plutôt satisfaisant, je peux me rappeler d’infimes détails de l’histoire de France. Mais depuis peu j’ai des trous de mémoire qui m’inquiètent. Par exemple il m’arrive de plus en plus souvent d’oublier où j’ai rangé mes clefs, où j’ai garé ma voiture. La semaine dernière, j’ai oublié mon code de carte bleue. Pour être tout à fait sincère, j’ai peur de terminer comme mon père qui souffre de la maladie d’Alzheimer.
– Pour un professeur d’histoire, perdre la mémoire ce serait un comble, n’est-ce pas ?
Au lieu de répondre, René jette un regard dans la salle en direction de sa collègue.
Je suis sûr qu’Élodie aussi se demande pourquoi on perd du temps avec ces questions très personnelles au lieu de commencer le numéro.
Il a l’impression que cette salle aux hublots donnant sur le fleuve est une prison dont il doit s’échapper et que sa geôlière, la belle hypnotiseuse, n’en a pas fini avec lui. Elle tourne autour de son fauteuil comme un serpent encercle sa proie.
– Là je ne vous parle pas de mémoire à court terme, ni de mémoire à long terme, monsieur Toledano, mais de mémoire… « profonde ». Très profonde même. Ensemble, nous allons chercher à découvrir les sous-couches de votre mémoire qui sont cachées sous la surface de votre mémoire consciente. Êtes-vous prêt à découvrir cette mémoire profonde qui fait que vous êtes précisément ce que vous êtes ?
De quoi elle me parle ?
– « Mémoire profonde » ? Désolé. Je ne sais pas ce que cela veut dire.
– Vous allez pouvoir le découvrir si vous acceptez de tenter l’expérience. Je veux être parfaitement honnête et vous informer que c’est la première fois que je l’accomplis sur scène.
Quoi ? Je suis le premier ? Si ça se trouve elle maîtrise mal son numéro. Il faut que je réponde quelque chose, tout le monde me regarde, ils doivent me trouver ridicule. Bon, de toute façon c’est trop tard pour faire demi-tour.
Après une moue, il hoche la tête en signe d’approbation.
– Si vous êtes prêt, alors on y va.
Elle fait un signe au régisseur. La lumière se focalise sur René, la laissant dans une semi-pénombre.
– Fermez les yeux. Détendez-vous. Respirez amplement. Vous sentez une douce torpeur vous envahir et vous vous préparez à vivre une expérience très agréable et nouvelle.
« Détendez-vous », pile la phrase qui m’a toujours stressé.
Ça commence bien…
– Maintenant, visualisez un escalier. Descendez les marches. Ça y est ? Vous êtes arrivé devant la porte de l’inconscient. La voyez-vous ?
Je ne vois strictement rien.
– René, vous m’entendez ? Vous êtes toujours avec nous ? Répondez à ma question. Voyez-vous cette porte ?
Pas besoin d’ouvrir les yeux pour savoir que tout le monde me regarde. Si je n’y mets pas un peu de bonne volonté, à tous les coups, Élodie va me dire que j’ai saboté le tour parce que je n’aime pas l’hypnose et que je n’apprécie que la magie classique. Bon, allez, je vais faire un effort. Elle m’a demandé quoi déjà ? Ah oui, l’escalier. Descendre les marches et voir quoi ? La « porte de l’inconscient », c’est ça.
L’hypnotiseuse reprend :
– Alors vous la voyez ?
Il me semble distinguer quelque chose. Oui, peut-être. Ça doit être ça. Ça pourrait être ça.
– En effet. Je la vois.
C’est ça.
– Continuez à me parler. Dites-moi exactement ce que vous découvrez au fur et à mesure que cela apparaît devant vous. Nous vous écoutons. Alors elle ressemble à quoi cette porte de l’inconscient ?
– Elle est métallique, épaisse, blindée, avec de grosses charnières et une énorme serrure rouillée.
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