Le sixième sommeil, de Bernard Werber

Résumé :

PHASE 1

Assoupissement
PHASE 2
Sommeil léger
PHASE 3
Sommeil lent
PHASE 4
Sommeil très profond
PHASE 5
Sommeil paradoxal
PHASE 6
Le sixième sommeil.
Celui de tous les possibles.

Auteur : Bernard Werber
Nombre de pages : 416
Editeur : Albin Michel
Date de parution : 30 septembre 2015
Prix : 22 euros (broché) - 14.99 euros (epub)

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Avis / Critique :

Caroline Klein est une chercheuse en neurophysiologie. Elle traque les problématiques du sommeil. Alors qu'elle s'apprête à expérimenter sa trouvaille, la phase 6, son cobaye meurt. Renvoyée de l'institut, elle part se réfugier chez les Senoïs, une peuplade aborigène de Malaisie qui font du sommeil, un art de vivre et une culture. Son fils, Jacques s'apprête lui aussi à suivre sa voie. Dès son plus jeune âge, Caroline lui a appris les bienfaits des rêves et ce qu'ils peuvent apporter dans le réel. Quand sa mère disparaît sans laisser de traces, Jacques voit son alter égo du futur venir lui rendre visite et lui faire comprendre qu'il faut impérativement la retrouver. Une importante découverte en dépend. Jacques, d'abord peu enclin à se lancer dans l'aventure, finit par accepter. Il va alors découvrir chez les Senoïs, un monde onirique qu'il ne soupçonnait pas.

Le rêve. Qui n'a pas eu un jour, le désir de faire de ses rêves une réalité, de pouvoir les contrôler, de mieux comprendre ce monde qui se joue durant notre sommeil, les phases qui le peuplent. Stade 1, Stade 2, Stade 3... à quoi correspondent-ils vraiment ? Peut-on aller plus loin, contrôler le monde onirique à son aise ? Que nous apportent-ils ? Peuvent-ils nous aider à mieux-vivre ?

C'est le postulat du livre de Bernard Werber qui, à travers le peuple des Senoïs inventent une certaine philosophie de vie. Le rêve devient réalité, omniprésent, élément indispensable à un mieux être, à un retour aux fondamentaux, à une culture ancienne où la pensée est tout entière tournée vers ce monde où la nature à une place première.

En ayant permis à la technologie d'investir ainsi notre monde actuel, n'avons-nous pas perdu cette faculté ancrée en nous de mieux nous connaître, d'apprendre à appréhender notre potentiel, nos ressentis plutôt que de nous laisser guider par un monde chimérique,où l'être n'est plus un, mais tout un ensemble fixé dans le cloud informatique d'une société robotisée ou l'humain n'a de place que celle qu'il fournit dans un système de productivité ?

Empreint de cette sagesse qui caractérise ses livres, une vision d'une société ancestrale où l'homme pensait, vivait en communion avec la nature, Bernard Werber nous offre un roman, peut-être trop long, dont l'histoire s'étire parfois, mais qui permet de réfléchir sur le monde, son entité onirique, de remettre en exergue un mode de vie dans lequel de moins en moins de gens se souviennent, s'inspirent, embringués dans un système qui ne permet plus à l'homme de prendre le temps de se tourner vers soi.

C'est une certaine philosophie de vie que livre ici Bernard Werber qui poursuit le travail entamé dans ses précédents livres.

A lire pour ceux qui aime Werber, le monde des rêves. Pour les autres, les trop grandes longueurs, le manque réelle d'action, pourront être rebutés.

A noter que Bernard Werber donne à deux de ses personnages, les noms des écrivains, Eric Giacometti et Franck Thilliez. Un petit clin d'oeil sympathique.

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Extrait :

La police a l'air de sous-entendre qu'elle s'est enfuie avec un gigolo (il faudrait qu'elle l'ait rencontré entre le moment où elle a dîné avec nous et le lendemain matin !) ou une auto-stoppeuse. Et le détective pense qu'elle a fait un "burn-out".
- Si je me souviens bien des derniers instants que nous avons passés avec elle, elle est partie joviale. Elle ne pourrait pas être à ce point soupe au lait.
- Le détective m'a conseillé la prière. Pourquoi pas aller à Lourdes !
- Ne t'énerves pas.
- Ma mère était contre les croyances. Elle disait qu'il existe un monde au-delà de nos croyances. Plus exactement, elle disait : " la réalité, c'est ce qui continue d'exister lorsqu'on cesse d'y croire." Elle avait lu ça dans un livre, un roman, je ne me rappelle plus de qui.
Il hausse les épaules.
- Mais elle disait aussi que tout n'existe que parce que nous l'imaginons.
- En fait, ce qui te fait souffrir, c'est qu'elle  ne t'ait pas averti, qu'elle ne t'ait pas expliqué son geste. Elle a disparu d'un coup, comme ton père.
Jacques observe le chien en train d'errer dans la maison et se sent en phase avec cet animal aveuglé par une frange d'illusion dont il ne connaît même pas la source. Charlotte l'embrasse mais il ne réagit pas. Elle se place face à lui.
- Et si j'essayais de faire pour toi ce que tu as fait pour moi ? Veux-tu que je te dirige pour un rêve accompagné afin de te rassurer ?
Pourquoi pas ? se dit-il. Ca ne peut pas faire de mal.
Il s'étend sur le divan puis défait sa ceinture et enlève sa montre.
La jeune femme utilise son talent de réalisatrice de cinéma pour le plonger dans une situation où il se retrouve dans l'appartement familial. Elle lui fait visualiser l'instant où, après avoir fait ses valises, sa mère vient vers lui et lui annonce : "Je pars quelques jours en vacances pour me reposer, n'essaye pas de me retrouver, je reviendrai tranquillement quand je me sentirai mieux."
La stratégie de Charlotte est de faire vivre à Jacques une coupure "officielle, claire et expliquée", car elle estime que ce qui fait le plus souffrir son compagnon c'est l'aspect soudain de la situation. Cependant, alors qu'elle lui propose de serrer sa mère dans ses bras pour lui dire au revoir, il ouvre les yeux :
- Ca ne marche pas. Ca ne marchera jamais parce que tu ne sais pas ce qu'il s'est vraiment passé.

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