Roman culte de la science fiction moderne, porté deux fois au cinéma par David Lynch, puis dernièrement par Denis Villeneuve, je reviens aujourd'hui sur Dune, le roman Frank Herbert divisé en trois parties principales, chacune marquant une étape clé dans l'évolution de l'histoire de Paul Atréides. Ces parties sont appelées livres dans l'édition originale. Je ne parlerai donc ici que des histoires initiales de Dune.
Il s'agit donc de Dune (Livre I), de Muad-Dib (livre 2) et du prophète (Livre 3).
En plus de ces trois parties principales, Dune comprend plusieurs appendices qui offrent des informations supplémentaires sur l'univers du roman. Ces appendices traitent de l'écologie d'Arrakis, de la religion et de la culture des Fremen, de l'histoire des grandes maisons, et du programme génétique des Bene Gesserit. Il y a aussi un glossaire des termes spécifiques à l'univers de Dune, qui aide à comprendre les nombreux concepts introduits dans le récit.
Ces différentes parties du livre contribuent à construire un récit complexe et riche, mélangeant politique, écologie, religion, et prophétie, tout en suivant le parcours de Paul Atréides vers son destin.
Pour ceux qui ne connaitraient pas encore lu les livres en voici un résumé rapide. Je donnerai ensuite les points faibles puis les points forts, à mon sens, de ces récits. Comme souvent, on trouve dans les livres plus d'informations que dans les films qui condensent l'histoire pour en faire un spectacle pouvant tenir sur une durée plus ou moins longue sans lâcher le spectateur.
Résumé de "Dune" de Frank Herbert :
Dune est donc un roman de science-fiction épique, publié en 1965, qui se déroule dans un futur lointain où des familles nobles se disputent le contrôle de la planète désertique Arrakis, aussi appelée Dune. Cette planète est la seule source de l'épice "mélange" (ou "épice"), une substance extrêmement précieuse qui prolonge la vie, améliore les capacités mentales et permet de développer les voyages spatiaux.
L'histoire suit Paul Atréides, un jeune homme de 15 ans, héritier de la Maison Atréides, une famille noble récemment nommée pour gouverner Arrakis. Cependant, cette nomination est en réalité un piège tendu par l'empereur Padishah Shaddam IV et la Maison Harkonnen, ennemis jurés des Atréides. Les Harkonnen, dirigés par le baron Vladimir Harkonnen, veulent reprendre le contrôle d’Arrakis après avoir été forcés de la céder aux Atréides.
La famille Atréides, dirigée par le duc Leto, s'installe sur Arrakis, où elle découvre rapidement les dangers mortels du désert, y compris les gigantesques vers des sables et les redoutables conditions climatiques. Leto tente de gagner la loyauté des Fremen, un peuple indigène du désert, réputé pour sa force et son adaptation à cet environnement hostile.
Paul, dès son arrivée sur Arrakis, commence à avoir des visions prophétiques, un don hérité de sa mère, Lady Jessica, membre de l'ordre Bene Gesserit, une société secrète de femmes aux pouvoirs psychiques. Jessica, ayant dérogé aux directives de l’ordre en donnant naissance à un fils au lieu d’une fille, a initié Paul aux arts du Bene Gesserit, ce qui décuple ses capacités mentales et physiques. Paul est également le produit d’un programme génétique millénaire visant à créer le Kwisatz Haderach, un être aux pouvoirs mentaux exceptionnels capable de voir le passé, le futur, et d’autres dimensions de la réalité.
Le complot contre les Atréides atteint son paroxysme lorsque les Harkonnen, avec l'aide des Sardaukar (les forces d'élite de l'empereur), attaquent et détruisent leur forteresse. Le duc Leto est trahi et tué, mais Paul et Jessica parviennent à s'échapper dans le désert. Ils trouvent refuge chez les Fremen, qui croient que Paul pourrait être leur messie, le Mahdi, prophétisé pour les mener à la liberté.
Au sein des Fremen, Paul adopte le nom de Muad'Dib et commence à mener une guérilla contre les Harkonnen et l'Empire. Ses visions s’intensifient, lui révélant un destin où il mène une croisade interstellaire. Paul devient de plus en plus conscient du rôle qu’il est destiné à jouer, mais il est aussi hanté par la vision des destructions que son pouvoir pourrait causer.
Avec l'aide des Fremen et leur connaissance du désert, Paul renverse les Harkonnen et force l'empereur à abdiquer en épousant sa fille, la princesse Irulan, consolidant ainsi son pouvoir sur Arrakis et l’Empire. Cependant, ce triomphe marque aussi le début de nouvelles luttes internes, car Paul doit maintenant affronter les implications morales et éthiques de ses actions, ainsi que le poids de son destin prophétique.
Frank Herbert a construit un univers complexe et riche où chaque élément, des paysages désertiques aux structures sociales, joue un rôle crucial dans l'évolution des personnages et des événements. Il a eu l'idée de ce roman en voyant les longues plages désertiques de l'Oregon. A l'époque, jeune journaliste, il doit rédiger un papier sur l'utilisation des herbes économes en eau pour stabiliser les dunes, qui avancent dans les terres en raison des vents forts de l'océan Pacifique. Franck Herbert n'écrira finalement pas son article, mais le sujet l'a marqué et il va dorénavant s'atteler à de nombreuses recherches sur ce sujet durant cinq ans où il va élaborer l'univers de Dune.
La version en nouvelles sera soumise à plus de vingt éditeurs, qui vont toutes la rejeter avant d'être finalement acceptée et publiée en août 1965 par Chilton Books, une maison d'édition connue pour la publication de manuels de promotion et de réparation automobiles. Étonnant, non ? Comme quoi, il ne faut jamais désespéré de vous faire éditer si vous-même écrivez.
Mais revenons au sujet.
Alors, faut-il lire les livres ou plutôt regarder les films ?
Il faut savoir, avant de vous jeter dans la lecture de cette saga que Dune est complexe et parfois difficile à suivre. L'univers riche et détaillé d'Herbert est peuplé de multiples factions, de termes inventés et d'intrigues politiques. Herbert aimaient les longues descriptions, les passages philosophiques. Le début du roman, le livre premier est lent, avec beaucoup d'exposition et de mise en place avant que l'action principale ne commence. Donc, il faut le savoir avant de se jeter sur la lecture. Mais à contrario, cette lenteur permet aussi d'exprimer l'univers complexe de la planète et l'évolution progressive des personnages et des intrigues.
C'est un livre essentiellement masculin (l'époque veut cela - je parle de 1965). Les personnages féminins sont relégués au second plan et souvent stéréotypés. Pire même, puisque le Benet Gesserit censé être une sorte de sororité reflète plutôt des idées patriarcales. Ici, les femmes ne sont pas des figures autonomes, mais ont un seul et unique but : celui de servir les intrigues politiques des maisons. Cela étant dit, certains personnages sont néanmoins forts puisqu'elles influencent les évènements majeurs.
Le style d'écriture de Frank Herbert est assez lourd, avec en plus de longues descriptions, de nombreux instants de dialogues intérieurs et de passages introspectifs qui ralentissent le rythme. C'est ce qui permet à l'auteur d'expliquer et d'explorer plus profondément les thèmes de la religion, mais aussi de l'écologie qui tiennent ici une grande place, de même que la politique. Il y a de longs moments qui mettent l'accent sur la gestion de l'écosystème d'Arrakis.
Concernant la religion, le thème principal tourne autour de Paul, le Messie. Tantôt, on a l'impression de voir une dénonciation du fanatisme religieux, tantôt une glorification du messianisme. Cela sert complètement le roman et il faut le voir comme tel. Mais il est vrai que cela peut être dérangeant pour certains, car la religion ici a une grande importance.
Pour sa religion, Frank Herbert s'est inspiré de différents termes que l'ont retrouvent principalement dans l'Islam, mais aussi dans la Kabbale. L'idée du Messie qui est attendu fait d'ailleurs écho à ces religions. Herbert s'est inspiré principalement du soufisme et des combats des soufis (les mystiques de l'islam) contre le colonialisme européen au 19e siècle.
Les couleurs chaudes, les habits des Fremen ne sont pas sans rappeler les Touareg et les Bédouins qui là, aussi, ont inspiré Herbert. C'est donc tout un contexte de culture orientale qui est amené ici à servir le récit de l'auteur.
En résumé, Dune est une œuvre complexe, qui amène certains à l'encenser quand d'autres la trouveront pompeuse. C'est en tout cas, un chef-d’œuvre de création récompensé d'ailleurs par deux grands prix que sont les prix Hugo et Nebula.
Voilà, vous savez l'essentiel pour vous lancez ou non dans la lecture de ces romans. Je dirais à ceux qui n'ont pas encore lu, tentez l'aventure et voyez par vous-mêmes si cela vous inspire ou non. Sinon, les films de Denis Villeneuve sont une représentation très qualitative de l'adaptation des premiers livres.
Pour ceux qui aiment cette saga et cet univers, rendez-vous donc avec la série Bene Gesserit ou Dune : prophecy qui devrait sortir pour l'automne 2024 et ensuite le troisième volet au cinéma pour 2027. En attendant, tout cela, plongez-vous au cœur d'Arakis.