28 Juin 2021
Résumé : " La voyance, est-ce que j'y crois ? Au départ, pas du tout... "
C'est en 2009 que Karl Zéro fait par hasard la connaissance de Geneviève Delpech. À ce moment-là, l'animateur de télévision et journaliste d'investigation est loin d'imaginer que cette femme, qui a été pendant de nombreuses années l'épouse du chanteur Michel Delpech, a un don de médium. Quand on lui rapporte qu'elle peut se connecter au monde de l'invisible, Karl reste plus que sceptique. Est-il réellement possible de communiquer avec les défunts ? De " voir " ce qui s'est passé lorsqu'un enfant a disparu et que toutes les méthodes d'enquêtes traditionnelles mises en œuvre pour le retrouver ont échoué ?
Auteurs : Karl Zéro et Geneviève Delpech
Nombre de pages : 320
Édition : First Illustrated édition
Date de parution : 10 juin 2021
Prix : 16.95€ (Broché)
ISBN : 978-2412064733
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Avis / Critique :
Faire appel à un ou une médium pour résoudre des enquêtes criminelles ? Chose incongrue, diront certains. Et pourtant... aux États-Unis, certaines polices n'hésitent pas à le faire pour trouver de nouveaux indices.
Mais qu'en est-il de la France ? Des médiums ont-ils déjà permis d'apporter leur pierre à l'édifice à la résolution d’énigmes ?
Geneviève Delpech est médium et veuve du chanteur Michel Delpech. Elle est connue du grand public pour ses révélations et son travail altruiste auprès des personnes qu'elle cherche à aider sans la moindre contrepartie.
Un soir, en 2009, Karl Zéro est invité avec sa femme chez Geneviève où se trouve également le père de la jeune Estelle Mouzin, la jeune fille dont l'avis de recherche a fait le tour de l'hexagone. Là, au cours du diner, Geneviève fait part de ce qu'elle voit à l'animateur et producteur de télévision. Pour elle, il n'y a aucun doute, celui qui a enlevé et tué la jeune Estelle est Michel Fourniret. Elle le sait depuis 2003, année où elle a vu la photo du tueur en série. Elle en a fait part au père de la jeune fille qui a alors tenté à plusieurs reprises de demander au juge d'entendre l'Ogre des Ardennes. En vain.
Et voilà que quelques années plus tard, Monique Olivier, l'ex femme de Fourniret révèlera à la nouvelle juge en charge du dossier que son mari a enlevé et assassiné Estelle...
Coup de chance pour Genevieve Delpech ou vraie vision ?
Karl Zéro, intriqué, décide alors de la tester sur d'autres affaires criminelles. C'est l'objet de ce livre. Pour cela, il envoie à la médium par téléphone le visage d'une personne et parfois donne un prénom et la laisse lui dire ce qu'elle voit. Dans le livre, il retranscrit leurs échanges tels qu'ils se sont déroulés.
Et le résultat, il faut le dire, est assez saisissant pour la plupart des sollicitations que Karl Zéro fait auprès de Geneviève Delpech. Parmi elles, on peut citer notamment l'endroit où Nordahl Lelandais a déposé le corps de la jeune Maëlys (info qui a permis à la gendarmerie d'avancer d'un pas-de-géant dans l'enquête), l'affaire Phil Spector (peu connue en France) où le producteur de musique a assassiné sa femme. Là, Geneviève Delpech donnera à Karl Zero des indices précis de la nuit du meurtre et des détails non fournis dans les journaux. Elle parle aussi de l'affaire Maddie, cette petite fille disparue au Portugal et voit comme meurtrier " un Allemand" et donne l'endroit où reposerait le corps de l'enfant.
Si certaines révélations sont véritablement bluffantes, il est également vrai que parfois, Geneviève Delpech se trompe, s'emmêle les pinceaux, notamment quand deux tueurs en série semblent œuvrer dans une même région. Les visions se confondent alors, et son intuition prend le pas sur ses visions et amène à des erreurs, à l'instar de l'affaire Lucas Tronche... (je ne spolierai pas ici, mais vous laisserai découvrir si vous avez l'idée d'acheter ce livre).
Si au début, le fait de lire les échanges de SMS ne dérange pas trop, il est vrai qu'au bout d'un certain moment, cela lasse un peu. Toutes les histoires ne sont pas forcément très intéressantes et Karl Zéro se fait plus plaisir avec ce livre et ces affaires qu'il ne veut faire plaisir aux lecteurs. C'est un des principaux reproches que je ferai.
Ce livre est néanmoins intéressant, car il montre le travail fourni bénévolement (il faut le rappeler) par Geneviève Delpech, comment elle reçoit les messages visuels, comment elle ressent les émotions des protagonistes de l'évènement et ce qu'elle en déduit. Et souvent, elle met le doigt juste en donnant des noms de lieux, des détails, très proches de ceux découverts ensuite par les enquêteurs. Il y a bien sûr des plantages, mais au vu des réussites, ma foi, on se dit que la police et la gendarmerie devraient ne pas hésiter à faire appel à son talent plus souvent.
Ce livre est donc plus de l'ordre du documentaire, et devrait plaire aux fans déjà acquis de la médium. Je le conseille également aux sceptiques afin qu'ils se fassent leur propre idée sur le sujet et s'autorisent, à la sortie de cette lecture, pourquoi pas à s'ouvrir un peu plus à ce phénomène de médiumnité qui demeure aujourd'hui toujours incompris par la science.
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La medium et le journaliste, de Geneviève Delpech et Karl Zéro - www.audetourdunlivre.com
Extrait :
La voyance, est-ce que j’y crois ? Au départ, pas du tout…
En 2009, Geneviève Delpech nous a été présentée, à Daisy (mon épouse) et moi, par nos amis Serge et Mumu, du célèbre restaurant de Trouville Les Quatre Chats. Puis, un soir d’hiver, elle nous a invités chez elle et son mari, l’immense chanteur Michel Delpech, malheureusement décédé depuis. C’est un dîner entre copains. Il y a là leurs amis proches, les chanteurs Alain Chamfort et Bénabar et, plus inattendu, Éric Mouzin, le père de la petite Estelle, disparue en janvier 2003. Que fait-il là ?
Geneviève le connaît bien, me dit-elle. Elle m’explique alors les raisons de cette amitié : depuis sa prime enfance, Geneviève a un don de voyance, que longtemps personne n’a cru, ou voulu croire, et dont, surtout, elle a ensuite refusé de se servir, entre autres pour ne pas gêner Michel. Les gens sont si prompts à ricaner lorsqu’on évoque devant eux un don de voyance qu’elle ne tenait pas à passer pour une pauvre « Madame Soleil » de plus…
Mais parfois, me dit-elle, elle ne parvenait pas à taire les flashs qu’elle avait sur certaines personnes. Et parmi les nombreuses célébrités que côtoyait son mari, ni Coluche ni Balavoine n’ont, par exemple, écouté ses mises en garde, sur la moto pour l’un, et l’hélico pour l’autre…
Enfin, c’est ce qu’elle nous raconte ce soir-là…
Moi, je l’écoute, un peu dubitatif et amusé aussi parce que Geneviève a un côté marrant, en vrac, tête en l’air. Elle est généreuse et très croyante, ce qui, à mes yeux, ne gâche rien.
Mais ce qui me frappe, c’est surtout la présence ce soir-là d’Éric Mouzin. Pas exactement le genre de personne qu’on imagine faisant appel à une voyante, et lui accordant sa confiance. Dans ses interventions médiatiques, Éric est assez glacial, distant, mesuré en toutes choses. Le calvaire qu’il a subi l’a visiblement transformé en un homme d’un métal froid.
Pourtant, lorsque Geneviève l’a contacté, quelques jours après la disparition d’Estelle, il l’a accueillie et l’a écoutée. Immédiatement, elle avait « vu », et même dessiné, le portrait du prédateur qui avait enlevé sa fille. Ce qu’elle avait décrit à Éric dès le départ, c’est finalement ce qu’on sait maintenant de ce qui est arrivé à Estelle. Dès que Fourniret fut arrêté en Belgique, six mois après la disparition d’Estelle, en juin 2003, Geneviève a vu sa photo et a « tilté » : « Éric, ne cherche plus, c’est lui. C’est exactement le dessin que je t’ai donné. » Sauf que Fourniret avait un alibi (qui s’est révélé bidon depuis) auquel les flics crurent dur comme fer malgré tout, pendant seize ans : un coup de fil donné à son fils, depuis la Belgique, le soir de l’enlèvement d’Estelle. Il a donc fallu attendre 2019 pour que son épouse, Monique Olivier, avoue : cet appel, c’était elle qui l’avait passé, suivant les ordres de Fourniret, pendant qu’il enlevait Estelle à Guermantes. De 2003 à 2019, Éric Mouzin et ses avocats ont fait vingt fois la demande qu’on entende Fourniret à propos d’Estelle, ce que les différents juges d’instruction en charge du dossier Estelle ont toujours refusé jusqu’à l’aveu de Monique Olivier, retranchés derrière l’alibi du coup de fil.
Ce soir-là, en cet hiver 2009, on ne sait évidemment pas que cette « vision » de Geneviève sera un jour avérée. Mouzin regarde Geneviève d’un œil bienveillant, et quand bien même il n’y croirait qu’à moitié, on sent que l’amitié qu’elle lui témoigne le réchauffe visiblement dans sa longue nuit.
Sortant de ce repas, on se fait des accolades dans la nuit froide, devant les voitures, et on se dit « À bientôt », comme toujours dans ce genre de circonstances où on ne sait pas en réalité si on reverra vraiment un jour les personnes avec lesquelles on vient de dîner.
Geneviève, finalement, je ne l’ai pas tant revue que ça ! Mais une correspondance étrange s’est établie entre nous depuis ce soir-là. Une correspondance uniquement autour des faits divers. Je ne lui ai jamais rien demandé de personnel ou concernant mes proches.
Le « conteur de faits divers télévisuel » que j’étais à plein temps à ce moment-là s’était dit, en la quittant : Il faudra le tester sur d’autres affaires, ce phénomène ambulant ! Pour en avoir le cœur net.
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