Au détour d'un livre

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La fille de Kali, de Céline Denjean

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Résumé :  Quand elle pénètre au domicile d'un homme dont on vient de lui signaler la disparition, la jeune capitaine de gendarmerie Éloïse Bouquet ne peut imaginer le spectacle qui l'attend. Sur le mur, un immense swastika tracé avec du sang. Au pied du lit, un tas de piécettes et des pétales de fleurs faisant penser à une offrande. Et allongé, le cadavre du disparu, presque intégralement nu, le torse maculé de sang, décapité. Le meurtrier n'ayant pas laissé le moindre indice, l'enquête piétine.

 

Auteure : Céline Denjean
Nombre de pages : 720
Édition : Pocket
Date de parution :
21 octobre 2021
Prix : 19.90€ (broché) - 9€ (poche) - 8.99€ (epub, mobi)
ISBN :
978-2266310840

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Avis / Critique :

2012. Alors que dehors, il pleut, une jeune femme scrute la route et tente d'arrêter une voiture. Elle a oublié son portable et ses clefs au travail. L'homme qui lui propose son aide tente d'abuser d'elle, mais la femme se rebiffe et le tue.
2013, à Vieille-Toulouse, une patrouille de gendarmerie retrouve un ingénieur d'Airbus mort chez lui. L'homme a été décapité. La toute nouvelle capitaine, Éloïse Bouquet du SR qui a découvert le corps est mise sur l'affaire.
Amanda Kraft, pigiste pour la Voix du Sud, entrevoit un filet sur la mort d'un homme. La SR ne donne aucune information. Intriguée, elle décide d'enquêter de son côté, car cette affaire pourrait changer sa vie professionnelle.

Danny Chang enquête à la demande de sa cliente sur le décès de son père qui a eu lieu en 2012 et que les assurances ont classé comme suicide. L'homme a été retrouvé dans un étang à bord de sa voiture...

Ces trois protagonistes vont remonter, sans le savoir, chacun à leur manière le fil de l'histoire de la Fille de Kali, tueuse en série.

Ce thriller est une véritable claque. Céline Denjean nous tient en haleine du début à la fin avec ce roman qu'elle a construit sur plusieurs niveaux. Le lecteur suit en effet, l'enquête sous trois angles différents : celui de la cellule de gendarmerie, celui de la journaliste et celui du détective privé. Le plus, c'est que chacun parvient à la conclusion en ayant des indices différents et en prenant donc des chemins qui n'ont rien à voir les uns avec les autres. Le lecteur se laisse tout du long guider par chacune des enquêtes et par l'écriture de l'auteur qui est fluide, sans faux rythme. Même si on connait l'assassin dès le départ, son identité demeure cachée et tout l'intérêt est de comprendre qui est cette tueuse et pourquoi elle en est arrivée à commettre ces meurtres. On comprend que le déclencheur est dû à cette nuit où elle rencontre un homme qui tente d'abuser d'elle, réveillant chez elle, une situation qui la ramène à sa vie d'autrefois. L'assassin est en effet une enfant mal aimée par une mère, devadâsî, c'est-à-dire, prostituée en Inde qui rejette sur sa progéniture le dégoût de sa propre situation.

Petit à petit, entre deux pans d'enquêtes et de meurtres, Céline Danjean nous expose l'histoire de la tueuse, petite fille en Inde qui trouve refuge dans son amour pour la déesse Kali qui lui sert alors de "substitue" maternel. Une mère, après laquelle l'enfant, puis l'adolescente, et enfin l'adulte continuera de courir, nourrissant sa pathologie, ses névroses, sa jalousie qui la conduira finalement à commettre des meurtres.
C'est vraiment bien écrit, et comme je l'ai dit, on ne s'ennuie pas une minute. Céline Denjean parvient à nous introduire dans le monde de la tueuse, à nous faire ressentir de l'empathie pour elle, ce qui n'est pas rien. Tout le scénario est finement orchestré et l'auteure n'hésite pas à se servir de multiples chemins pour nous amener à la conclusion, où tous les protagonistes principaux vont se retrouver : journaliste, détective, gendarme, devant la fille de Kali.

On regrettera cependant une fin abrupte, trop rapide qui nous laisse un tantinet sur notre faim. Je mettrais également deux petits bémols concernant la Svatiska utilisée par la tueuse. Aucun ne relève, sous la plume de Céline Denjean, pas plus les gendarmes que le spécialiste en hindouisme que celle-ci est inversée par rapport à celle utilisée par les Nazis plus tard. C'est une faute, à mon sens. Autre bémol, le profiler, et c'est un comble, ne note pas que les meurtres du tueur en série se déroulent sur une chronicité mensuelle ce qui tend à démontrer que son rythme s'accélère et qu'il a forcément déjà commis un premier meurtre. Deux choses qui m'ont un peu interpellé dans ma lecture au vu des recherches de l'auteure sur l'Inde et le profilage. Mais peut-être que Céline Denjean les a volontairement "omises" pour laisser planer plus de suspens et brouiller les pistes de ses "enquêteurs".
Je noterais également le clin d’œil (du moins, je l'ai vu ainsi.) au cinéma, à la télé et au monde de la science-fiction avec des noms de personnages comme Bouquet (on pense à Michel Bouquet), Ameza qui est l'anagramme d'Azéma, ou Garrigues pour le journaliste et écrivain Jean Garrigues, Ray Bradbury pour l'écrivain du même nom ou Pradel.

Je finis ici ma digression sur ce livre que je conseille vraiment à tous ceux qui aiment les thrillers bien construits.
Ce roman "La fille de Kali" est d'excellente facture et ce deuxième roman signé Céline Denjean nous amène à penser que nous avons là incontestablement une reine du thriller.

 

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Extrait :

Le corps sans tête de Marc Boule gisait sur le lit ensanglanté. De nouveau, Eloïse songea qu'il y avait quelque chose de particulièrement indécent dans ce type de mutilation. Finalement, un homme sans tête... n'était plus qu'un corps sans âme, sans identité... Le visage n'est-il pas le reflet même de la personne ? Elle détacha ses yeux du vide laissé par l'absence de crâne au-dessus du cou et détailla le corps. Même marques de luttes gravées dans la chair des poignets. Même marques de lutte gravées dans la chair des poignets. Même pose lascive donnée au cadavre : bras gauche replié, ramené sous la tête qui n'était plus là. Même nudité tout juste voilée par un tissu léopard... L'idée fulgurante lui traversa l'esprit. Elle balaya rapidement la chambre des yeux, mais il n'y a avait pas de pièce attenante. Elle se retourna alors vers la sortie quand Jean-Marc surgit :
- C'est ça que tu cherches ?
Il tenait dans sa main gantée une petite poubelle de salle de bains. A l'intérieur, sur un amas de Coton-tige et de Kleenex chiffonnés, reposait un préservatif usagé. Apparemment, Marc Boule, à l'instar de Maurice Desbals, avait eu un rapport sexuel peu de temps avant sa mort ! La présence d'une capote sur les deux scènes de crime ne pouvait être une coïncidence... Eloïse planta ses yeux dans ceux de son collègue :
- Incroyable !
- Tu l'as dit. Désormais, pas de doute possible, compléta Jean-Marc. Soit elle agit seule, soit elle est complice. Mais c'est bien une femme que nous recherchons.
Eloïse tentât de mesurer ce que cette réalité impliquait, mais trébucha rapidement.
- Une tueuse en série ? Mais c'est du jamais vu ! Enfin, je veux dire... Des empoisonneuses ou des infanticides, OK... Mais ça ! lâcha-t-elle en désignant le sinistre carnage autour d'elle.
- Il existe quelques cas, précisa Jean-Marc. Assez rares. Genre Aileen Wuormos, relativement connue depuis le film Monster. Mais il y a eu aussi une dénommée Gunness Belle, veuve noire à qui on attribue entre trente et quarante meurtres, dont certains très violents.
Eloïse porta de nouveau son attention sur le corps.
- Tu crois possible qu'une femme puisse dézinguer un type de cette manière-là ?
- A voir avec le légiste... Quelle est la force requise pour étêter un homme avec un filin d'acier ?
- Ou alors, comme tu l'as évoqué... nous n'avons pas affaire à une femme seule...
- Tu penses à mon idée de couple ? demanda Jean-Marc.
- Un couple... ou... un groupuscule, qui sait ? lâcha Eloïse en désignant le swatiska tracé au sang, sur le mur face au lit. Une sorte de secte...
- Possible, pourquoi pas... Mais tant qu'on n'a aucun élément supplémentaire, il faut rester rivé sur la femme... Elle, au moins, on sait qu'elle existe.
- La scientifique n'a rien prélevé chez Desbals qui prouve la présence d'autres personnes... Reste à voir si c'est la même chose ici.

Jean-Marc hocha la tête avant de quitter la pièce pour ramener la petite poubelle en plastique dans la salle de bains. Quand il revint, il trouva Eloïse accroupie au pied du mur :
- Là aussi, lui lança-t-elle, même topo. Des pièces, des fleurs et un petit tas de fruits. tout est à l'identique, absolument tout !
- Comme dans les rituels.

 

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