23 Mai 2022
Résumé : 1291, Terre sainte. Un groupe de templiers, chargé d’une mission secrète, est massacré au milieu du désert. Un seul chevalier en réchappe, miraculeusement.
1943. Des ténébreux châteaux allemands aux couloirs troubles du Vatican, Tristan Marcas s’engage malgré lui dans une nouvelle quête. À la recherche d’un mystère qui le conduira jusqu’aux portes de l’enfer.
Auteurs : Giacometti et Ravenne
Nombre de pages : 512
Édition : Le livre de poche
Date de parution : 14 avril 2021
Prix : 22€ (Broché) - 8.90€ (Poche) - 8.49€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2253079361
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4ème volet des aventures de Tristan Marcas, le père du policier du même nom, qui a des allures d'Indiana Jones français. Contrairement à l'Américain, lui n'est pas vraiment archéologue, mais expert en tableaux et cette aventure va le mener de Russie en Allemagne puis d'Italie pour finir en Suisse.
Le début du livre commence en 1291, dans le royaume de Jérusalem. On y suit Guillaume de Lantis, un templier qui doit fuir devant l'avancée des troupes musulmanes. Alors qu'il se réfugie près de l'île Al Wallar, il est rattrapé et tué.
Tué ?
Un évènement improbable se produit alors, un miracle. Blessé, il survit, probablement grâce à ce qu'il transporte, un linceul...
Juillet 1943, Tristan Marcas est en Russie, dans la zone allemande. Alors qu'il se trouve avec un colonel du NKVD à la recherche des tableaux volés par les SS, il se fait remettre le grappin dessus par les Allemands. Himmler a une mission à lui confier en échange de sa vie sauve et d'un jolie pactole : retrouver un tableau "L'île des morts" qui se trouve chez Goering et comprendre quel secret ce tableau cache. La quête de Marcas va alors le mener jusqu'en Italie, ou il va avoir affaire à une étrange confrérie, les Templarim, menée par la comtesse d'Urbino.
Les auteurs mêlent la quête de Marcas à d'autres personnages qui sont au premier plan dans ce tome. En effet, on suit les pérégrinations du père Spinale parti de Bologne pour arriver à Rome, jusqu'au Vatican afin de trouver refuge auprès du cardinal Gianbatesti. Un cardinal qui procède à l'exorcisme d'une nonne en présence du Pape dans le but de faire tomber Hitler. Parallèlement, on suit la confrérie des Templarim à Rome.
Bon, autant le dire tout de suite, le livre, à contrario des précédents tomes présente des situations dépourvues souvent d'actions. On suit tour à tour les protagonistes dans leur quête respective et ce n'est que vers la fin que tout s'affole un peu. Cependant, c'est un livre qui est quand même agréable à lire, car les auteurs, Giacometti et Ravenne est un duo qui fonctionne bien sur papier. On sera déçu par contre de voir un des personnages principaux des autres romans revenir pour mourir en une ligne ou que l'on nous aguiche avec les sorcières d'Himmler sans développer le sujet. Il y a ici aussi beaucoup d'explications historiques sur Rome qui peuvent être intéressantes, mais qui ne sont pas toujours en lien avec la quête de Marcas et, parfois, on a l'impression d'avoir affaire à un guide touristique. Les informations apportées par contre sur les exactions des médecins allemands sur les handicapés sont intéressantes, et rappellent combien le régime était abominable. Ces informations se rattachant parfaitement à la quête de Marcas, car l'objet que doit trouver Marcas et les recherches de ces médecins ont un point commun, ramener l'homme à la vie.
Bref, ce n'est pas le meilleur des autres romans sortis du cycle du Soleil noir qui ont pour héros Tristan Marcas. Il manque ici en effet le mystère, la magie, l'action que l'on pouvait retrouver dans les autres. J'émets donc un avis mitigé et j'attends de lire le prochain, 669, en espérant que celui-ci, Résurrection, ne fut qu'une baisse de régime de la part des auteurs.
Autres romans de la saga de Tristan Marcas chroniqués sur ce blog :
- Le triomphe des ténèbres (tome 1)
- La nuit du mal (tome 2)
- La relique du chaos (tome 3)
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Résurrection (La saga du soleil noir, t.4) de Giacometti et Ravenne - www.audetourdunlivre.com
Cela fait quatre mois que la guerre a connu un incroyable retournement de situation, qui a pour nom Stalingrad. Les Allemands ont capitulé dans cette ville industrielle au sud de la Russie, au terme d’une sanglante bataille qui a duré six mois et fait plus d’un million de victimes.
Pour la première fois depuis le début du conflit, l’Allemagne connaît le goût amer de la défaite. Le mythe de l’invincibilité de la Wehrmacht et de l’infaillibilité d’Hitler vacille. Beaucoup de généraux allemands savent que la conquête de la Russie est désormais vouée à l’échec, mais le Führer, de plus en plus déconnecté de la réalité, veut sa revanche sur Staline.
Dans le camp de la liberté, l’espoir renaît aussi en Afrique du Nord. Les Américains et les Anglais, débarqués au Maroc à l’automne 1942, ont chassé de Tunisie l’Afrikakorps du général Rommel et les Italiens du maréchal Messe. Le prochain objectif des Alliés est l’invasion imminente de l’Italie, par la Sicile, où le pouvoir de Mussolini vacille.
Si l’étau se resserre, l’Allemagne nazie croit encore à une victoire, ainsi que son allié japonais. Le pays s’engage dans une « guerre totale », selon les mots du dictateur à la swastika. La production d’armement est poussée à son paroxysme, les pays européens occupés subissent une oppression chaque jour plus dure, les déportations de juifs, de résistants et des minorités s’accélèrent et les camps d’extermination tournent à plein régime.
En ce mois de juillet 1943, les ténèbres règnent toujours en maître sur l’Europe, mais des foyers de lumière ont surgi à l’est et au sud. Une lumière qui ne cesse d’irradier…
Adossé contre le mur en bois humide de l’isba, le SS observait en silence les fruits étranges qui se balançaient sous le vent frais et printanier. Les branches du chêne ployaient, mais ne rompaient pas.
Comme il l’avait prévu. Le lieutenant Hans Gruber émit un mince sourire de contentement. Il se trompait rarement dans ses calculs. N’avait-il pas passé son diplôme d’ingénieur à l’université de Cologne, avec félicitations du jury, un an avant la déclaration de guerre ?
Les sept pendus oscillaient avec nonchalance sous son regard satisfait. Juste derrière le haut chêne, on apercevait les ruines noircies du village qui servait, depuis un mois, de campement à la troisième compagnie de la division SS Wiking. Les habitants avaient fui depuis longtemps cette zone désolée, autrefois un prospère kolkhoze, aujourd’hui l’une des innombrables antichambres de l’enfer russe.
Le lieutenant Gruber s’approcha de l’arbre. Cela faisait bientôt trois heures que les partisans étaient pendus, mais leurs visages conservaient cette teinte presque bleutée, cyanosée, typique d’une pendaison sans rupture des vertèbres cervicales. Une mort par lente strangulation, comme on lui avait appris au centre de formation de la SS à Francfort, en ralentissant la descente du corps juste après avoir noué la corde autour du cou.
Gruber avait jaugé le poids des Russes avant de leur attribuer une branche précise. Heureusement, les deux femmes du groupe de résistants, plus légères, avaient joué leur rôle de variable d’ajustement dans la répartition des charges. Le plus difficile avait été de les empêcher de se débattre avant de les accrocher. Mais le SS et ses hommes maîtrisaient l’exercice de style, ils en étaient à leur dixième arbre à pendus depuis le début de l’année.
Le SS déboucha son bidon de campagne et avala une nouvelle rasade de Kartoffelschnaps de Brandebourg. Bien meilleur à son goût que la foutue vodka des Ruskofs. Le liquide brûlant coula d’un trait dans sa gorge trop sèche. Il reboucha la gourde et s’étira.
Malgré son jeune âge, vingt-huit ans au dernier hiver, Gruber possédait une solide expérience de la terreur. Il avait fait partie d’un Einsatzgruppe chargé de l’élimination des juifs et des communistes après l’invasion de la Russie en juin 1941. Son âme ne s’était pas endurcie au fil des atrocités, elle l’était déjà depuis sa formation à l’école des cadres de la SS, avant de partir au front. En guise d’épreuve éliminatoire standard, son instructeur lui avait ordonné d’assassiner, à bout portant, un groupe test composé d’un juif, d’un homosexuel et d’une grand-mère tzigane. Il avait appuyé sur la détente de son Luger à chaque reprise. Sans hésitation. Ni remords.
Gruber jeta un regard hautain sur le village martyrisé par ses soins, il n’avait qu’une hâte : reprendre le combat. Le temps devenait plus clément de jour en jour, il fallait reprendre l’offensive avant que les Russes ne se décident à attaquer de nouveau. Le Führer tardait trop.
Soudain, une détonation déchira le silence. Elle provenait de l’isba.
Au bout d’une minute, la porte de la chaumière s’ouvrit et laissa apparaître un sous-officier SS, à peine plus âgé que son supérieur. Il remontait son pantalon pour y ranger avec lenteur son tricot de corps gris modèle de combat.
— Bon sang, cette petite paysanne valait le coup d’attendre son tour.
Le lieutenant ne se retourna pas, continuant d’observer son œuvre.
— Sergent Bender… Tu sais que le règlement intérieur de la SS réprouve le viol des femmes de race inférieure. Ta semence doit profiter à une mère allemande. Imagine qu’elle mette au monde un sang-mêlé.
Le ton ironique et nonchalant de l’officier n’avait pas échappé au sous-officier, qui imita un garde-à-vous maladroit.
— Je vous prie de me pardonner ce moment de faiblesse, mon lieutenant. J’ai exécuté cette ennemie du Reich à la minute même où je me retirais.
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