18 Juin 2021
Résumé : Un homme est retrouvé horriblement mutilé dans un bâtiment désaffecté du centre hospitalier Sainte-Anne à Paris. Pour Franck Somerset, commissaire à la Crim, c’est le début d’une enquête étrange et singulière.
Auteur : Maxime Girardeau
Nombre de pages : 432
Édition : Pocket
Date de parution : 12 février 2020
Prix : 19€ (Broché) - 8.49€ (epub, mobi) - 8.20€ (poche)
ISBN : 978-2863745175
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Ils sont quatre. Quatre personnes du monde de la pub, du marketing, aux dents longues et n'ayant guère d'égards pour leurs semblables. Dans leur domaine, ils sont les meilleurs et le savent. Lors du festival de la pub ayant lieu à Cannes, ils se retrouvent et se prennent en photo...
Quelques mois plus tard, le commissaire Franck Sommerset et son équipe sont appelés à l'hôpital Saint-Anne. On vient d'y retrouver un homme affreusement mutilé, le visage caché derrière un masque colombien clouté sur lui, mais toujours en vie. Une deuxième victime ne tarde pas à être également retrouvée. Cette fois-ci chez elle, aussi mutilée que la première et également laissée en vie. Aidé par Elga, une amie de la seconde victime, le commissaire Franck Sommerset va alors tout tenter pour remonter le fil de l'histoire et retrouver la personne qui leur a fait subir cela. Il a peu d'indices, car les victimes ne sont plus que des morts-vivants et ne peuvent lui apporter aucune information. Ne reste que la technologie, les algorithmes pour l'aider lui et son équipe dans sa tâche.
Maxime Girardeau offre là un premier thriller plutôt efficace. Dès le début, le lecteur entre dans le livre à travers lequel l'auteur prend le temps de dépeindre les traits des futures victimes pour nous amener à comprendre le comportement du "tueur". Puis viennent les découvertes de celles-ci, et Girardeau n'hésite pas à marquer les esprits par des descriptions fortes mettant l'accent sur les tortures infligées. Il s'y connait aussi en GAFAM pour y avoir travaillé et n'hésite pas à se servir de ce savoir et de l'intelligence artificielle pour installer plusieurs de ses personnages et apporter, via Elga par exemple, une importante contribution à l'enquête qui, il faut bien le dire, sans elle ne bougerait pas beaucoup.
Et c'est bien là que le bas blesse, car l'enquête piétine avant de connaitre un rebondissement dans les cinquante dernières pages. Le dénouement, à contrario du reste du roman est trop rapide et on a du mal à adhérer complètement aux explications fournies par l'auteur qui éclairciraient en effet les intentions de l'auteur des sévices. Il y a là un petit hic qui enlève du charme à l'ensemble comme un vent de déception d'avoir choisi cette option. C'est dommage, car ce premier thriller de Maxime Girardeau est globalement bon et c'est vraiment à souligner pour un premier livre : l'auteur a une belle écriture, ses informations sont documentées, il y a du suspens, les personnages sont attachants, les victimes le sont moins du fait de leur attitude antérieure, mais la fin n'est pas (pour moi) à la hauteur du reste. Attention, elle fonctionne cependant très bien, c'est juste que pour ma part, je la trouve un peu tarabiscotée.
A noté que le titre du livre est bien choisi. Il reflète en effet l'apparence sociale qui définit chacun de nous via ce qu'on appelle son persona à l'inverse de son véritable "moi" et ici, il s'agit bien de cela chez les victimes. Je ne trouve par contre pas la couverture exceptionnelle. Ce thriller aurait mérité une couverture plus punchy que celles dont les versions brochée et pocket sont affublés.
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Persona, de Maxime Girardeau - "www.audetourdunlivre.com"
Après avoir regardé autour de lui, Franck libéra l'agent de sécurité qui ferma la porte derrière lui. Il se retourna vers les deux femmes et les observa furtivement, Sonia d'abord, puis l'inconnue qui l'accompagnait. Franck devait être vigilant. Il ne voulait pas qu'elle crée d'interférence durant son interrogatoire. Ce premier échange avec Sonia était essentiel pour identifier rapidement la ou les pistes à suivre.
- J'ai hélas de mauvaises nouvelles à vous annoncer.
- C'est Philippe ?
Les yeux de Sonia se noyaient déjà, sa main gauche cherchant la table pour se maintenir et ne pas tomber.
Dans un élan symétrique, Elga et Franck saisirent chacun un bras pour la soutenir. Leurs regards se croisèrent, l'amie fidèle d'un côté et le bon flic de l'autre.
- Oui, en effet, il a été agressé. Mais ne vous inquiétez pas, sa vie n'est plus en danger.
- Qu'est-ce qu'il a ? Où est-il ?
Franck et Elga renforcèrent leur prise de peur que la jeune femme vacille.
- Asseyez-vous, je vous en prie, je vais tout vous expliquer.
Franck et Elga aidèrent Sonia à s'asseoir. Elga prit place aux côtés de son amie sans lâcher sa main. Franck attrapa la chaise de l'autre côté de la table et s'installa face à elles.
- Votre mari ne risque plus rien, il est entre de bonnes mains au centre hospitalier Sainte-Anne.
- Je veux aller le voir, maintenant.
- Il est dans un service où les visites sont interdites, je suis désolé, vous ne pouvez pas le voir pour le moment.
- Qu'est-ce qu'il a ?
- En venant, j'ai eu le Dr Rusek au téléphone. Avec son équipe, il s'occupe de lui. C'est le chef du service de neurologie de l'hôpital Sainte-Anne. Votre mari est en réanimation. Son état est stable, mais il a besoin d'une surveillance constante de l'équipe médicale, ce qui explique que vous ne puissiez le voir pour l'instant.
Franck garda une voix calme, il articulait distinctement tous les mots importants et marqua une légère pause après avoir dit que les jours de Philippe Silva n'étaient pas comptés. Ces premiers échanges, capitaux, construisaient un climat de sécurité. Il fallait que Sonia identifie Franck comme une personne de confiance. Laurence restait en retrait. Sa distance renforçait la posture de Franck. Son silence et sa position excentrée déstabilisaient et, par comparaison, accentuaient la position empathique de Franck. Elle observait également. Elle capturait les détails qui lui échapperaient, puis elle lui donnerait son sentiment une fois l'interrogatoire terminé. La connaissant, elle ne devait pas apprécier la présence d'Elga, une étrangère à la situation et donc à l'enquête. Amie ou pas, elle n'appréciait pas de s’embarrasser avec des complications inutiles. Il l'observa également du coin de l’œil. Elle analysait chacun de ses gestes, comme une personne méfiante qui cherche un faux pas pour conforter ses craintes.
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