1 Décembre 2021
Résumé : Hamish pensait savourer les plaisirs bien mérités d'un été dans les Highlands. Mais c'était avant que la pluie s'abatte sur les lochs et que sa chère Priscilla Halburton-Smythe débarque au bras d'un nouveau fiancé. Pour couronner le tout, Trixie Thomas, épouse modèle, vient de s'installer à Lochdubh et arrive à convaincre les dames du coin de se mettre au régime, de bannir l'alcool et d'entrer en communion avec la nature... ce qui n'est pas du tout du goût de leurs maris !
Auteure : M.C. Beaton
Nombre de pages : 252
Édition : Albin Michel
Date de parution : 2 octobre 2019
Prix : 14€ (Broché) + 9.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2226435958
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Avant la détective privée Agatha Raisin, MC Beaton a commencé sa carrière d'écrivaine avec un autre personnage, le constable Hamish MacBeth et n'avait pas encore épinglé ses intrigues dans les Coldsworth mais dans les landes écossaises du Sutherland.
Hamish est aussi roux qu'Agatha est blonde (du moins dans la série TV) et comme elle, il aime résoudre des enquêtes, mais le rapprochement entre les deux personnages s'arrêtent là, hormis que tous deux vivent dans un petit village au charme suranné. Là où Agatha se montre flamboyante, dragueuse, gaffeuse, extravertie, passant du monde de la pub à la vie de campagne, et aimant les projecteurs, Hamish MacBeth, lui, préfère sa tranquillité, son chien et considère les habitants de son village de Lochdubh comme des amis. Il connait tout le monde d'ailleurs et a un petit faible pour Priscilla Halburton-Smythe qui déplore le manque d'ambition de son prétendant.
Les jours semblent donc se couler tranquillement à Lochduch et aucun évènement n'est à déplorer, jusqu'à ce qu'une certaine Trixie Thomas, venue de Londres se décide à s'installer au village avec son mari Paul après avoir racheté une vieille bicoque dont elle veut faire une maison d'hôtes. La vie tranquille des habitants du village commence alors à changer, car Trixie aux allures de femme parfaite bouleverse tout en se mêlant de la vie maritale de chacun. Voilà que la femme du médecin Brodie, Angela, met son mari au régime muesli et salades en lieu et place de son steak-frites journalier et devient une vraie fée du logis, reléguant chien et chat à l'extérieur de la demeure. Mais Trixie ne s'arrête pas là. Elle décide pour meubler sa maison, de quémander à chacun des habitants un meuble ou deux... un truc dont il ne se serve plus... leur forçant presque la main. Elle prend tellement de place dans la vie de chacun que les couples commencent à battre de l'aile. Et voilà donc que, patatras, Trixie est retrouvée un beau jour, morte.
Le commissaire Daviot, fraichement débarqué de Londres arrive sur les lieux ainsi que le supérieur d'Hamish, Strathbane qui a l'habitude de s'octroyer les réussites du policier de Lochdubh. Si le premier laisse notre écossais mener son enquête, Strathbane, lui, ne le ménage pas. Mais qui a commis le meurtre de Trixie ? Les suspects ne manquent pas. Il y a son mari, Paul à qui elle interdisait les sucreries, son ex-mari écrivain venu là se reposer pour écrire, le docteur Brodie, ses premiers vacanciers, la femme du pêcheur, l'agriculteur du coin... tous sont de potentiels meurtriers, car Trixie les a tous poussés à bout.
A la différence d'Agatha Raisin, Hamish MacBeth mène seul son enquête. On y trouve moins d'action et ici, c'est plus la psychologie des personnages et leurs tracas qui est mis en avant ainsi que la relation d'Hamish avec chacun d'entre eux. On retrouve bien sûr, quelques similarités dans la manière de raconter les faits et de mener l'intrigue qui se révèle petit à petit mais qui n'est pas toujours au centre du livre. Les personnages sont bien campés et on s'attache à eux.
C'est plaisant à lire, on y passe des bons moments de détente et on est bien loin des thrillers sanglants d'autres auteurs. C'est un autre genre de lecture, plus tranquille et qui a moins de relief, je dois le dire, que les livres avec Agatha Raisin en héroïne.
Ce "Qui a une taille de guêpe ?" est une lecture somme toute sympathique avec le premier héros de MC Beaton.
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Hamish MacBeth : Qui a une taille de guêpe (tome 4) de M.C. Beaton - "www.audetourdunlivre.com"
L’agriculteur Iain Gunn, de Loch Coyle, était devenu propriétaire après avoir été simple fermier. En 1975, il avait racheté dans les environs de Lochdubh une exploitation qui battait de l’aile, au lieu-dit Sutherland, et n’avait pas ménagé ses efforts pour la mettre en valeur et la rendre à peu près rentable. Au fil des années, il avait débarrassé le sol des cailloux et de la moraine, labouré les champs et semé des cultures. Sa propriété occupait une des rares zones de terrain plat des Highlands, qui, avec ses étendues de champs cultivés et ses élevages de bovins, rappelait plutôt les paysages des Lowlands. Cependant, il restait encore, à un angle d’une de ses parcelles, une bâtisse en ruine qui le gênait. Iain avait donc loué un bulldozer, et il comptait raser la bicoque et déblayer les gravats pour pouvoir exploiter la surface.
Alors qu’il manœuvrait à travers champs son engin de démolition, il avisa, juste devant l’édifice délabré, une petite troupe de femmes munies de banderoles. En se rapprochant, il déchiffra, interloqué, les slogans qui y étaient inscrits. « Protégez nos chauves-souris », « Gunn est un assassin ». Iain se rapprocha et descendit du véhicule. Là, il reconnut dans l’assemblée la femme du pasteur, Mrs Wellington, Angela Brodie et plusieurs femmes du village. La porte-parole se détacha du groupe. Après un instant de confusion, il identifia la nouvelle venue à Lochdubh, Trixie Thomas.
— Vous ne passerez pas ! clama-t-elle haut et fort. (Aussitôt, ses compagnes commencèrent à faire des allées et venues et entonnèrent en chœur, telles des militantes pour les droits civiques :) Nous ne bougerons pas !
Dérouté, Iain se gratta le crâne.
— Hé, j’ai quand même pas l’arme nucléaire, moi ! C’est quoi, votre problème ?
— Les chauves-souris, déclara Trixie.
— Quoi, les chauves-souris ?
— Celles qui vivent dans cette vieille bâtisse, là. Je vous rappelle qu’il s’agit d’une espèce protégée. Vous n’avez pas le droit d’y toucher.
Au même instant, Iain aperçut, soulagé, une Land Rover de patrouille qui se garait en bordure du champ.
— Voici Hamish, fit-il. Il va régler la question.
Tandis que l’agent Macbeth s’approchait tranquillement, les femmes recommencèrent à scander leurs slogans.
— Hé, faites-moi vite partir ces bécasses de bonnes femmes. Elles veulent m’empêcher de raser cette bicoque, sous prétexte qu’il y a des chauves-souris dedans. C’est un peu fort, avouez-le !
— Je regrette infiniment, mais elles sont dans leur droit, plaida Hamish. Les chauves-souris font partie des espèces protégées, et vous allez être obligé de laisser cette ruine debout.
— Nom d’une pipe ! Vous allez bientôt me dire que je suis plus maître chez moi ?
— Pas quand il est question de chauves-souris, en tout cas.
La colère assombrit les traits d’Iain Gunn.
— J’ai bien envie d’écraser ces harpies avec mon bulldozer.
— Vous avez entendu, agent Macbeth ? s’exclama Trixie. Il a menacé de nous tuer.
— Je n’ai rien entendu de tel, la rabroua Hamish, excédé. Mesdames, vous devriez avoir honte de vous ! Mais oui, vous aussi, Mrs Wellington. Vous avez appris, je ne sais pas trop comment, qu’Iain avait l’intention de démolir cette bicoque. Enfin, mer… mince, quoi ! Ça n’aurait pas été plus simple de lui adresser un courrier ? Au lieu de ça, vous vous comportez comme des gamines sans cervelle. Vous êtes lamentables, toutes autant que vous êtes.
Trixie revint aussitôt à la charge.
— Iain Gunn est un vrai rapace, quand il s’agit de terres. Un courrier n’aurait jamais suffi à le décourager.
— Ça, par contre, je l’ai bien entendu, fit Hamish. Iain, je veux bien vous servir de témoin si vous décidez de porter plainte. Allez, rentrez chez vous et tâchez de vous conduire en adultes. Ouste !
Angela Brodie tiqua en entendant ces mots, mais l’expression d’Hamish demeurait intraitable. Brusquement, elle réalisa à quel point leur petit groupe était grotesque. Pourquoi donc s’était-elle fourrée là-dedans ? Trixie n’avait pas le droit de parler ainsi à Iain Gunn. En tant que propriétaire, Iain s’attirait l’antipathie des simples fermiers, mais, en dépit de quelques propos acerbes, il n’y avait pas de vraie malveillance à son encontre.
Les femmes se dispersèrent lentement.
— Je vais rentrer à pied, signala Angela à Trixie, qui l’avait emmenée sur place dans son antique van Ford.
— Ne soyez pas sotte, Angela.
Angela Brodie n’en pouvait plus – si on la traitait encore une seule fois de sotte, elle était sûre de fondre en larmes.
— Vous savez à quel point votre soutien est indispensable. On n’avait pas le choix, pour cette manifestation : Gunn n’aurait jamais réagi à un simple courrier. Par ailleurs, il faut que je tape un compte rendu de réunion pour la Ligue Anti-Tabac, et ce n’est vraiment pas dans mes cordes. Ne vous fâchez pas contre moi, Angela. Je compte sincèrement sur vous, je vous l’ai dit.
Les yeux immenses de Trixie avaient quelque chose d’hypnotique.
— Vous avez beaucoup changé ces derniers temps, et tout le monde a fait des remarques positives. Tenez, même Mrs Wellington a souligné l’autre jour combien vous aviez rajeuni et embelli.
Angela se sentit fondre. En trente ans de vie commune, son propre mari n’avait jamais émis le moindre commentaire sur son apparence, hormis sa boutade sur ses cheveux à la Harpo Marx. Sensible et vulnérable, elle n’avait jamais eu une très haute opinion d’elle-même, et pour une personnalité dominatrice comme Trixie, elle faisait une proie idéale.
Esquissant un sourire, elle accepta de monter dans le van.
Iain Gunn déclara en les regardant partir :
— Ces écolos, on devrait les empoisonner comme des rats.
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