Au détour d'un livre

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Et c'est ainsi que nous vivrons, de Douglas Kennedy

 

Résumé :

Août 2045. À la suite d'une nouvelle Sécession, l'Amérique s'est scindée en deux.
D'un côté, la République affiche son progressisme et sa liberté de mœurs, au prix d'une surveillance totale de sa population.
De l'autre, la Confédération s'est constituée en théocratie puritaine, où le blasphème et l'avortement peuvent conduire au bûcher.
C'est là, justement, que doit s'infiltrer l'agent Samantha Stengel – pour un assassinat ciblé.

Auteur : Douglas Kennedy
Nombre de pages : 456
Éditeur : Pocket
Date de parution : 6 juin 2024
Prix : 22.90€ (Broché) - 15.99€ (epub, mobi) - 9€ (poche)
ISBN : 978-2266341042

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Avec l'élection de Donald Trump, beaucoup de cartes ont été rebattues. A l'heure où le conservatisme reprend de la vigueur, il existe aux États-Unis, un État qui pense à faire Sécession. Cette option, Douglas Kennedy en a fait un livre. Mais là, où il ne s'agirait aujourd'hui que de la Californie, dans son livre, ce sont plusieurs États qui refonderaient, en 2045 une nouvelle Amérique après une nouvelle guerre de Sécession.

L’histoire se déroule en 2045. Les États-Unis n’existent plus tels qu’on les connaît. Le pays s’est divisé en deux : d’un côté, la République Unie, ultra-progressiste mais où tout le monde est surveillé, et de l’autre, la Confédération Unie, dominée par une théocratie hyper stricte gouvernée par les Douze apôtres qui imposent des valeurs chrétiennes strictes, interdisant notamment le divorce, l'avortement et les relation hors mariage.

Mais le roman ne parle pas que de cela, c'est aussi l'histoire de deux sœurs ennemies vivant chacune d'un côté. Au milieu de ce chaos, on suit Samantha Stengel, une espionne chargée d’infiltrer la CU pour une mission ultra-sensible.

Dans "Et c'est ainsi que nous vivrons", Douglas Kennedy nous met face à une question terrifiante : et si on se dirigeait vraiment vers ça ?!

Ce livre est-il réaliste ? Vaut-il la peine d'être lu ? 

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L'histoire

Dans le livre, nous suivons Samantha Stengel, une agente des services secrets de la RU (la République Unie). Samantha vit seule, n'a pour passion que son métier. Il faut dire que de toute façon, si l'agent se marie, il descend dans la hiérarchie, car son mariage peut l'empêcher de remplir sa mission, ses sentiments étant accaparé par sa situation familiale. Alors, Samantha a des aventures d'un soir comme la plupart des autres agents qui fréquentent tous la même application de rencontre. Alors que Samantha vient de finir la mission, ses patrons lui demande d'infiltrer la CU (La Confédération Unie) pour neutraliser une cible dangereuse. Mais cette cible n'est pas n'importe qui : il s'agit de sa demi-sœur, Catlin, une fille que son père a eu lors d'une liaison quand les États-Unis n'étaient encore qu'un seul pays et dont elle ignorait jusqu'ici son existence. Samantha n'a guère le temps de réfléchir à cette nouvelle, puisqu'elle doit partir au plus tôt, du moins dès que sa nouvelle identité aura été fabriqué et son visage modifié. 

On suit alors comment se passe les relations de Samantha avec ses supérieurs, ses collègues, son arrivée dans la zone de transition, puis en Confédération Unie. La traque de cette sœur détestée, la découverte de l'amour et la politique mise en place par les deux États ennemis.

 

L'univers pensé par Douglas Kennedy

Le roman se distingue par sa capacité à mêler les genres. Il s'agit à la fois d'une dystopie politique, d'un thriller d'espionnage mais aussi d'un drame familial. Samantha va-t-elle chercher à mieux connaitre sa demi-sœur ou son conditionnement sera-t-il tel qu'elle n'hésitera pas à la supprimer ?

Dans ce livre "Et c'est ainsi que nous vivrons", Douglas Kennedy explore les thèmes de la surveillance de masse, les dérives politiques et surtout religieuses. On pense qu'un des deux pays est mieux que l'autre, mais finalement, celui qui se dit "libre", est tout aussi répressif sous couvert d'une certaine notion de liberté d'être. La bien-pensance n'est finalement pas moins répressive que la religion dans un sens. C'est d'ailleurs la division entre ces deux blocs qui reflètent les tensions actuelles de nos sociétés.

On le comprend au travers des lignes que Douglas Kennedy est plutôt de gauche et déteste l'Amérique de Trump. Mais en dépeignant les deux blocs, finalement il arrive à nous faire mettre sur un même pied d'égalité ces deux pays. Chacun a ses travers et pas des moindres : D'un côté le traditionalisme façon Mormon, pentecôtiste et évangélique contre la laïcité, le Wokisme, mais avec contrôle des masses et interdiction de la moindre parole incorrecte. 

 

Les points forts et faibles du livre

La dichotomie entre les états progressistes et conservateurs est bien retranscrite, du moins au début. On parvient très bien à distinguer qui est qui, qui est le "gentil", qui est "le méchant" mais passé vers le milieu du livre, cela commence à s'embrouiller un peu.

J'ai bien aimé le personnage de Samantha, ses interrogations qui viennent percuter son monde, elle doute, elle galère, et c’est ça qui la rend crédible. Il y a surtout la confrontation avec sa sœur, sa romance et également toutes les références au cinéma des années 60, 70. Mais à contrario, je ne suis pas sûre (car nous sommes sensés être en 2045) que l'on parlera encore beaucoup de ce cinéma-là jusqu'à en faire des podcasts. A l'heure de l'intelligence artificielle, de la vitesse où l'informatique évolue, les médias, je crois que Douglas Kennedy s'il parvient à se transposer dans le futur au point de vue politique à beaucoup plus de mal à en décrire l'aspect multimédia et le type de communication du futur. Pas sûre que les podcasts existeront encore. 

On sent bien dans son livre son inquiétude pour l'avenir et il nous offre une vision crédible de deux sociétés issues d'une possible scission américaine, mais il se confronte à son propre idéologisme politique et cela se fait voir, peut-être un peu trop.

J'ai moins aimé la fin du roman, la révélation de l'identité de la sœur, comment elle parvient à piéger Samantha, c'est un peu cousu de fil blanc et manque de réalisme. Pourtant, il y a de bonnes choses, je l'ai dis, j'ai bien aimé leur confrontation, mais c'est pour moi, une certaine déception de voir leur "relation" se terminer ainsi. Tout comme l'est la fin du roman.

Il y a des longueurs aussi qui rendent la lecture un peu lourde, mais je ne sais trop comment on a envie de poursuivre pour connaitre ce qu'il va se passer. 

Conclusion

C'est donc un roman en demi-teinte que nous livre là Douglas Kennedy. L'idée de départ était très bonne, mais le tout est un peu bâclé, emmêlé. Quand il parle des gadgets des agents, de leur transformation, on voit très bien que l'on se situe en 2045, mais à d'autre moment, on a l'impression d'être replongé dans les années 70, 80. L'univers du livre, à ce niveau-là, n'est pour moi pas bien construit.

"Et c'est ainsi que nous vivrons" est donc intéressant par l'idée d'un pays qui se divise en deux états, par l'intrigue de Samantha avec sa sœur, mais pêche par son manque de construction de ces deux entités qui finissent par presque se confondre.

 

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"Et c'est ainsi que nous vivrons" - Quand Donald Trump inspire Douglas Kennedy pour son livre

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