12 Octobre 2018
Résumé : Jusqu'en 1945, leurs pères étaient des héros. Après la défaite allemande, ils sont devenus des bourreaux. Gudrun, Edda, Niklas et les autres sont les enfants de Himmler, Göring, Hess, Frank, Bormann, Höss, Speer et Mengele.
Ces petits Allemands ont vécu la Seconde Guerre mondiale en privilégiés, entourés par des parents affectueux et tout-puissants. Pour eux, la chute du Reich a été un coup de tonnerre. Innocents et inconscients des crimes paternels, ils en ont alors découvert toute l'étendue. Certains ont condamné, d'autres non, mais tous ont dû composer avec une histoire qui les dépassait et assumer un héritage familial bien trop lourd.
Auteur : Tania Crasnianski
Nombre de pages : 288
Editeur : Pocket
Collection : DOC RECIT ESSAI
Date de parution : 5 octobre 2017
Prix : 6.95€ (poche) - 6.95€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2266274043
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Tania Crasnianski nous fait découvrir la vie et les pensées des enfants de ces nazis qui sont nés au cœur du 3ème Reich. Il y a ceux qui ont épousé les causes de leurs parents et ceux qui, au contraire, s'en sont détachés pour renier ce passé et le dénoncer.
C'est ainsi que nous voyons la princesse du nazisme, Gudrun Himmler, digne fille de son père qui se plaît, adulte, à voir défiler devant elle les anciens SS et les nouveaux chantres de l’extrême droite. Gudrun Himmler n'aura d'autre combat que de réhabiliter ce père qui n'avait d'yeux que pour elle, allant jusqu'à réfuter les accusations qui le désignent comme au centre de la mise en place du système concentrationnaire des Juifs d'Europe.
Elle sera à la tête des "Jeunesses Viking", les "Wiking-Jugend", créée en 1952 et démantelée en 1994.
Puis c'est au tour d'Edda Göring, la fille d'Herman, le commandant en chef de la Luftwaffe. Fille chérie qui se verra offrir une miniature du palais de Frederic le Grand avec cuisine, salons... et qui vouera un amour inaltérable à son père et à la mouvance nazie tout au long de sa vie, au contraire du reste de la famille qui se fera stériliser pour ne pas engendrer d'autres Göring, voire même se convertira au Judaïsme pour certains.
Wolf R. Hess, le fils de Rudolf Hess, le dauphin d'Hitler, féru d'astrologie qui s'en ira pour l'Angleterre pour y chercher une alliance. Capturé, Hess refusera durant 24 ans que sa famille lui rende visite. La mère de Wolf restera proche elle aussi de la mouvance nazie et son fils consacrera trois livres à son père.
Le livre se poursuit avec :
Nikas Frank, le fils du "Boucher de Cracovie" ; Martin Adolf Borman le fils de Martin Borman le secrétaire d'Hitler, et qui devint prêtre ; les enfants Höss, descendants du commandant d'Auschwitz qui partirent vivre à l'étranger pour oublier ; Les enfants Speer, l'architecte du diable et dont le fils qui s'appelle comme lui, Albert, deviendra lui aussi architecte ; Rolf Mengele, le fils de Josef le médecin de la mort d'Auschwitz qui laissa derrière lui des milliers de cadavres. Le fils deviendra avocat, retrouvera son père en fuite au Brésil à la veille de sa mort, et ne cautionnera jamais les actes barbares de celui-ci.
Tania Crasnianski nous entraine donc dans cette histoire allemande de la Seconde Guerre mondiale au sein du régime nazi, au travers des yeux des enfants de ces dignitaires nazis. Elle nous fait partager leur vie d'enfants, d'adolescents emprisonnés par la suite, et enfin leur vie d'adultes rejetant ou non leur histoire et leurs géniteurs.
Ce livre est intéressant pour la vision qu'il nous donne sur l'humain. En effet, il est difficile de voir un homme comme Himmler ordonner des assassinats à grande échelle et se montrer pourtant comme un parfait père de famille, aimant.
Il est également intéressant de tenter de comprendre comment certains de ces enfants nazis ont pu à la suite de leurs parents épouser les thèses du parti d'Hitler alors que d'autres les ont rejetés entièrement.
Des histoires différentes avec une enfance et une adolescence parfois opposées qui peuvent expliquer ces disparités, ces divergences parmi ces Enfants de nazis.
Un livre qui nous éclaire sur un pan de l'histoire de l'Allemagne et la difficulté pour les descendants de faire fi de leur histoire familiale, de ce lourd tribut, parfois plusieurs générations plus tard suivant leur lien affectif, leur structure familiale, leur parcours...
Articles sur la même thématique :
- La disparition de Josef Mengele
- L'ordre du jour
- Le Nazi et le psychiatre
- Les étonnantes histoires du IIIe Reich
- Les furies d'Hitler
- Histoire de la Gestapo
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Introduction
Gudrun, Edda, Martin, Niklas et les autres…
Enfants d’Himmler, Göring, Hess, Frank, Bormann, Höss, Speer et Mengele. Enfants du silence, ils sont les filles et les fils des criminels responsables des plus sombres heures de l’histoire contemporaine.
Mais l’Histoire n’est pas leur histoire.
Leurs pères ont commis le mal absolu et abdiqué toute humanité sans hésiter à plaider de façon unanime « non coupables » des faits reprochés au procès de Nuremberg. Mais l’Histoire se souvient-elle que ces hommes étaient aussi des pères ? Après la guerre, dans un désir collectif de déculpabilisation, certains ont voulu considérer les principaux chefs du IIIe Reich comme seuls responsables des atrocités et exterminations de l’Allemagne nazie, la population étant innocente. « Tout ça, c’était Hitler… », ont quant à eux fait valoir ces dignitaires et nombre de nazis pour se soustraire à toute culpabilité.
Qu’en est-il des enfants dont le parcours est évoqué dans cet ouvrage ? Leur héritage commun, c’est l’extermination de millions d’innocents par leurs parents. Leur nom est marqué à jamais du sceau de l’infamie.
Doit-on se sentir responsable, voire coupable, des faits commis par ses parents ? L’histoire familiale nous façonne irrémédiablement au cours de notre jeunesse. Lorsqu’un héritage est aussi sinistre, il ne peut être sans incidence, même s’il est communément admis que les enfants ne sauraient être tenus pour responsables des fautes de leurs parents. Ne dit-on pas que « le père a deux vies, la sienne et celle de son fils » ou encore « tel père, tel fils » ? Que sont devenus ces enfants de dignitaires nazis ? Comment vivre avec un héritage aussi macabre ?
Interrogé par sa petite-fille juive israélienne, un nazi non repenti répond que « celui qui est coupable, c’est celui qui se sent coupable ! ». Et il lui suggère sans sourciller : « Prends de la distance avec tout ça. La vie est beaucoup plus simple après. »
Il est très difficile pour des enfants de juger leurs parents. Nous manquons de distance et d’objectivité vis-à-vis de ceux qui nous ont mis au monde et élevés. Plus grande est la proximité affective, plus le jugement est compliqué. De l’adhésion au rejet total, comment vivre avec son passé familial, quand il est aussi effrayant ? La position adoptée par les enfants de ces dignitaires nazis est parfois diamétralement opposée, parfois conforme à celle de leur parent, mais peu d’entre eux sont neutres. Certains parviennent à rejeter fermement l’action paternelle, tout en continuant à avoir de l’amour envers leur père. D’autres ne peuvent aimer un « monstre » et nient cette face sombre pour préserver un amour filial inconditionnel. Enfin, certains ont basculé dans la haine et le rejet. Ce passé leur est légué comme un boulet avec lequel il faut vivre au quotidien, et qu’il est impossible d’ignorer. Certains n’ont rien renié, d’autres ont emprunté le chemin de la spiritualité, voire se sont fait stériliser pour ne pas « transmettre le mal », ou ont pensé expier en… se masturbant ! Dénégation, refoulement, adhésion ou culpabilité, tous ont dû, consciemment ou non, choisir leur voie pour faire face à leur passé.
Une majorité de ces enfants vivent ou ont vécu en Allemagne. Certains se sont convertis au catholicisme ou au judaïsme, sont devenus prêtre ou rabbin. Était-ce pour conjurer leur sort, celui d’être né d’un parent criminel ? Citons Ahron Shear-Yashuv, devenu rabbin de l’armée israélienne, même si son père n’était ni un haut dignitaire du nazisme ni un de ses principaux exécutants. Lors de ses études de théologie, Ahron, de son vrai nom Wolfgang Schmidt, décide de ne pas devenir prêtre catholique car il n’adhère pas au catholicisme. Il souligne que sa conversion n’est qu’en partie liée à l’Holocauste et que « le judaïsme se caractérise par son particularisme à certains égards, il est vrai, mais aussi par une grande largeur d’esprit. Le fait est que non seulement les convertis sont admis, mais un converti peut même devenir rabbin et servir comme aumônier et commandant dans les forces de défense israéliennes2 ! » Dan Bar-On, professeur de psychologie à l’université Ben Gourion, considère que ce type de conversion vise à rejoindre « la communauté des victimes, en se libérant du fardeau d’appartenir à celle des criminels ». Serait-ce plutôt une façon de fuir son passé, au lieu de l’affronter ? Lorsque la question est posée aux convertis, les réponses divergent. Mais la voie spirituelle a permis à certains de surmonter leur histoire.
Face à la conjuration du silence de l’Allemagne de l’après-guerre qui cherchait à se reconstruire, les descendants de nazis ont dû faire un travail considérable sur eux-mêmes pour se construire.
Mon propre grand-père, militaire de carrière dans l’armée de l’air, dont j’ai été très proche, et qui vivait dans une maison de chasse retirée dans la Forêt-Noire, n’a jamais souhaité évoquer avec moi cette période de son histoire. Il n’est pas le seul. L’ombre silencieuse de la guerre a plané sur l’Allemagne et aussi sur la France pendant de longues années. Elle plane encore, mais les langues se sont déliées. Quand j’étais enfant, on se soumettait au diktat du silence. Comme mon grand-père, les générations qui ont suivi la guerre évitaient d’en parler. Certains ont fini par adhérer au mutisme et n’ont plus jamais évoqué cette période, de peur de ternir l’image qu’ils se faisaient de leurs parents. Auraient-ils vraiment voulu savoir qui ceux-ci étaient vraiment et quelle avait été leur implication dans les années noires de l’Allemagne ? Ce n’est pas sûr. La transmission ne s’est pas opérée. Pour échapper à ce passé, ma mère allemande a choisi à vingt ans de vivre seule en France. Elle a toujours voulu être française et lorsque j’ai commencé à travailler sur ce livre, elle n’a pas compris. Pourquoi un tel sujet ? Pourquoi continuer à en parler ? Ces questions, on ne les pose pas souvent.
De ma triple origine allemande, française et russe, la première a eu une influence particulière sur ma personnalité. L’histoire de l’Allemagne s’est imposée dans ma vie. « Est-ce un fardeau avec lequel on vient au monde ? C’est là depuis le début et cela ne s’en va pas, aucun Russe ne représente le goulag, aucun Français la Révolution française ou la colonisation, ils ont chacun leur histoire nationale », pour reprendre la formulation d’Anne Weber. En revanche, on identifie l’Allemagne au nazisme.
Mon intérêt pour les gens que la société met à l’écart m’a conduite à travailler sur la prison puis à devenir avocat pénaliste. Cette profession m’a donné la rigueur nécessaire, je l’espère, pour évoquer des faits historiques et la perception qu’ont pu en avoir les enfants de nazis ici évoqués. A travers leurs exemples, je cherche à comprendre les implications de notre passé dans un monde où nous tentons désespérément d’être sujet.
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