Au détour d'un livre

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Le cercle, de Bernard Minier

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Résumé : Un coup de fil surgi du passé, un e-mail énigmatique, qui signe peut-être le retour du plus retors des serial-killers, précipitent le commandant Martin Servaz dans une enquête dangereuse, la plus personnelle de sa vie. Un professeur de civilisation antique assassiné, un éleveur de chiens dévoré par ses animaux... Pourquoi la mort s'acharne-t-elle sur Marsac, petite ville universitaire du Sud-Ouest, et son cercle d'étudiants réunissant l'élite de la région ? Confronté à un univers terrifiant de perversité, Servaz va rouvrir d'anciennes et terribles blessures et faire l'apprentissage de la peur, pour lui-même comme pour les siens.
 

Auteur : Bernard Minier
Nombre de pages : 800
Édition : Pocket (édition revue et corrigée)
Date de parution : 14 novembre 2013
Prix : 20.90€ (broché) - 8.75€ (poche) - 9.99€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2266242806

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Avis / critique :

Université de Marsac.
Une des professeurs est retrouvée ligotée dans sa baignoire, noyée. Sur place, la police retrouve un de ses élèves, Hugo, qui semble hagard.
L'a-t-il tuée ?
C'est ce que semble croire la justice qui le place en prison, mais Martin Servaz doute très vite de sa culpabilité d'autant que ladite Claire ne semble pas être aussi clean qu'il y paraît. Son avis va s'accroître quand la piste va le mener vers l'un des politiciens du cru, amant de la décédée et future étoile montante de la politique. Les possibles suspects allongent la liste, sans oublié Julian Hirtmann, le tueur en série de Glacé qui revient ici se rappeler au bon souvenir de Servaz et semble planer telle une ombre sur lui. Et que dire du mystérieux Cercle dont ferait partie une bande d'étudiants que la fille de Servaz, Margot, épie.
Quel mystérieux secret cachent-ils ? 

On retrouve dans ce roman les personnages principaux du précédent ouvrage, GlacéServaz, Hirtmann, la gendarme Ziegler, Espérandieu, Samira.
Ici, s'invitent en plus Marianne, l'ancien amour de jeunesse de Servaz, son meilleur ami d'enfance, Gilles, l'intrigue se plaçant dans la ville d'enfance du policier et surtout autour de l'université.
On suit donc trois intrigues de front : l'enquête sur la mort de la professeure, la vie de la femme kidnappée par Hirtmann et par extension les messages de celui-ci à l'intention de Servaz, et l'histoire tournant autour de la bande de copains de Hugo avec l’énigme du fameux Cercle. 

Si le début commence par une banale enquête criminelle, Bernard Minier installe petit à petit une cohorte de suspects potentiels agrémentant son intrigue de nouvelles données. Le nombre de personnages qui viennent se greffer autour perd cependant parfois le lecteur qui pourrait avoir du mal à raccrocher le personnage en question d'autant que le livre fait quand même près de 800 pages.

On regrettera également des longueurs et des descriptions qui n'apportent pas grand-chose à l'intrigue, et même l'alourdissent. Je pense au déroulé de la vie de l'homme de ménage qui n'est qu'un personnage secondaire voir tertiaire de l'intrigue et dont Minier nous dresse deux, trois pages pour montrer son parcours. Autre bémol, les nombreuses références musicales qui ponctuent le roman. On a parfois l'impression d'avoir affaire à du placement de produits ou un besoin pour Minier de nous montrer son érudition sur le Dark et Black Metal. Ensuite, il y a le rôle de la prisonnière qui m'a posé souci. Je n'ai pas compris dans quelle temporalité elle se situait. A ce niveau, j'ai trouvé qu'il y avait un vrai problème de compréhension à son sujet puisque l'on découvre de qui il s'agit dans les dernières pages du roman.

Enlevés ces désagréments, Le Cercle, reste un thriller très bien fichu à lire. Même si on se demande où cela va mener, il faut s'accrocher, car la fin est terriblement bien construite. Le fait de se retrouver ainsi propulsé dans l'environnement qui a construit son passé amoureux, littéraire, d'homme, amène une certaine fragilité au personnage qui, bien sûr se laisse attendrir quand il ne le faudrait pas.
La force de Bernard Minier, c'est qu'il nous ballade tout du long du roman, distillant ses indices, nous égarant sur les fausses pistes, amenant une tension psychologique qui s'installe doucement.

Donc, malgré les bémols dont j'ai parlé plus haut, ce thriller se lit vite et bien et il serait dommage de passer à côté, ne serait-ce que pour le final.

 

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Autres livres de Bernard Minier chroniqués sur ce blog :
- Lucia
- Nuit
- M, le bord de l'abîme
- La vallée

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Extrait :

4 - Éclairages

Le flamboiement des éclairs par les lucarnes illuminant les marches qui craquaient sous leurs pas. La lueur des torches sculptant leurs visages par en dessous, Espérandieu voyait les yeux de son patron briller comme deux cailloux noirs tandis qu’il cherchait, le nez baissé, des traces de pas dans l’escalier. Il grimpait en posant les pieds le plus près possible des plinthes, écartant les jambes à la manière d’un rugbyman All Black pendant le haka.
— Espérons que monsieur le procureur aura fait de même, dit-il.
Quelqu’un avait déposé une lampe-tempête sur le dernier palier. Elle jetait une clarté indécise autour d’elle. Et sur la seule porte.
La maison continuait de gémir sous les assauts de l’orage. Servaz s’arrêta devant le seuil. Il consulta sa montre. 11 h 10. Un éclair d’une intensité particulière illumina la fenêtre de la salle de bains et s’imprima sur leurs rétines au moment où ils entraient. Un coup de tonnerre fracassant le suivit. Ils firent un pas de plus et balayèrent la soupente du pinceau de leurs torches. Il fallait faire vite. Les techniciens en scène de crime n’allaient pas tarder à arriver, mais, pour l’instant, ils étaient seuls. La pièce en soupente était plongée dans l’obscurité. À l’exception de la pyrotechnie se déchaînant derrière la fenêtre… et de la baignoire, qui formait un rectangle de clarté bleu pâle dans le noir, vers le fond.

À la manière d’une piscine… éclairée de l’intérieur…

Servaz sentit son pouls battre dans sa gorge. Il promena soigneusement le faisceau de sa torche sur le sol. Puis il se mit en devoir de s’approcher de la baignoire en rasant les murs. Ce n’était pas facile : des flacons et des bougies partout, des meubles bas et des vasques, un porte-serviettes, un miroir. Un double rideau encadrait la baignoire. Il était écarté et Servaz distinguait à présent le miroitement de l’eau contre l’émail. Et une ombre.

Il y avait quelque chose dans le fond… Quelque chose ou plutôt quelqu’un.

La baignoire était d’un modèle ancien en fonte blanche sur quatre pieds. Elle mesurait pas loin de deux mètres et elle était profonde - si bien que Servaz dut franchir le dernier mètre qui l’en séparait pour en voir le fond.
Il fit un pas de plus. Réprima un mouvement de recul.
Elle était là - et elle le regardait de ses yeux bleus grands ouverts comme si elle l’attendait. Elle ouvrait aussi la bouche, si bien qu’elle semblait sur le point de dire quelque chose. Mais c’était bien sûr impossible parce que ce regard était mort. Il n’y avait plus rien de vivant en lui.

Bécker et Castaing avaient raison : Servaz lui-même avait rarement vu spectacle aussi difficilement soutenable. Hormis peut-être le cheval décapité dans la montagne… Mais, à la différence d’eux, il savait comment gérer ses émotions. Claire Diemar avait été ligotée avec une longueur absolument invraisemblable de corde qui s’enroulait à d’innombrables reprises autour de son torse, de ses jambes, de ses chevilles, de son cou et de ses bras, passait sous ses aisselles, entre ses cuisses, écrasait sa poitrine, en formant une quantité considérable de tours, de contours et de nœuds grossiers, la corde râpeuse mordant profondément la peau chaque fois. Espérandieu s’avança à son tour et il regarda par-dessus l’épaule de son patron. Un mot s’imposa immédiatement dans son esprit : bondage. Les liens et les nœuds étaient par endroits si nombreux, si complexes et si serrés que Servaz se fit la réflexion qu’il allait falloir des heures au légiste pour les couper, puis pour les examiner une fois au labo. Il n’avait jamais vu un écheveau pareil. La saucissonner de la sorte avait dû prendre moins de temps cependant : celui qui avait fait ça avait agi avec brutalité avant de l’allonger dans la baignoire et d’ouvrir le robinet.
Il l’avait mal fermé, car il gouttait encore.
Un bruit lancinant dans la pièce silencieuse, chaque fois qu’une goutte heurtait la surface de l’eau.
Peut-être l’avait-il frappée avant. Servaz aurait aimé pouvoir plonger une main dans la baignoire, sortir la tête de l’eau et soulever le crâne pour tâter l’occipital et le pariétal - deux des huit os plats qui forment la boîte crânienne - à travers les longs cheveux bruns. Mais il n’en fit rien. C’était le boulot du légiste.
La lueur de sa torche ricochait sur l’eau. Il l’éteignit et il n’y eut plus qu’une source de lumière. L’eau en était comme pailletée…
Servaz ferma les yeux, compta jusqu’à trois et les rouvrit : la source de lumière ne se trouvait pas dans la baignoire, mais dans la bouche de la victime. Une petite lampe torche, qui ne devait pas excéder deux centimètres de diamètre. Elle avait été enfoncée dans sa gorge. Seule son extrémité émergeait de l’oropharynx et de la luette, et elle éclairait le palais, la langue, les gencives et les dents de la morte, en même temps que son faisceau se diffractait dans l’eau environnante.

On aurait dit une lampe à abat-jour humain…

Servaz se demanda, perplexe, quelle était la signification de ce dernier geste. Une signature ? Son inutilité dans le mode opératoire lui-même et son indiscutable valeur symbolique le laissaient penser. Restait à en trouver le symbole. Il réfléchit à ce qu’il voyait, ainsi qu’aux poupées dans la piscine, essayant de déterminer l’importance de chaque élément.

L’eau…

L’eau était l’élément principal. Il apercevait aussi des matières organiques au fond de la baignoire, et il renifla une légère odeur d’urine. Il en conclut qu’elle était bien morte dans cette eau froide.

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