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La clef et la croix, de Giacometti et Ravenne

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Résumé : Paris, 1809.
Napoléon ordonne de voler les archives du Vatican pour récupérer les actes du procès des Templiers. Chargés de cette mission, des francs-maçons entrent en action pour sauver l’Empire… Mais dans l’ombre, les ennemis de Napoléon ont trouvé le moyen de l’anéantir : s’attaquer à l’impératrice Joséphine.

Milan, de nos jours.
Un grand patron de la mode, membre d’une société catholique secrète, est assassiné. Il laisse derrière lui le mystère qui lui a permis de bâtir son empire. Antoine Marcas se trouve plongé dans une enquête qui va le mener sur les traces d’un trésor fabuleux

Auteurs : Giacometti et Ravenne
Nombre de pages : 480
Éditeur : JC Lattès
Date de parution : 17 avril 2024
Prix : 22.90€ (Broché) - 15.99€ (epub)
ISBN :
978-2709672658

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Avis / Critique :

 

Revenu du Royaume Perdu et de sa quête du livre d'Enoch, sa précédente aventure avec le carnet de Tristan, son aïeul en poche, voici Antoine Marcas de retour dans La clef et la croix.
L'histoire commence avec la mort dans son jet privé du magnat de la mode, Gianfranco Varnese. L'homme a avalé une gélule empoisonné plutôt que de dévoiler son secret alors même que son jet privé était hacké par une intelligence artificielle.
De son côté, Antoine, qui a repris du service, s'est infiltré au cœur d'une secte, l'OTTR, l'ordre du temple et de la terre ressuscitée. Alors que le groupe d'adeptes se retrouvent en lisière de forêt près d'un menhir, la DGSI débarque. Il faut dire que le gourou de la secte utilisait son organisation pour organiser un trafic d'armes depuis les pays de l'Est en direction des banlieues. Antoine est remercié de ses services et rendu à sa liberté., mais la femme du gourou, Von Salzman le rattrape et lui propose un deal qu'il ne peut refuser. 

A la mort du magnat Varnese, ses enfants, Lupo, Giula et Salvatore se disputent son empire. Dans son testament, l'homme a spécifié que remportera le gros lot, celui qui sera capable de répondre à l’énigme à laquelle est rattachée une clef.
Antoine Marcas, de son côté, décide de partir sur la piste de Tristan son aïeul et se rend à Nice. Pour indice, il détient une photo avec une note : Nice. Hôtel de la Clef étoilée. A l'ombre de Jean-Baptiste de la croix. Le sang de Vénus. Punctus.
Après un arrêt aux archives de la ville, son enquête l'amène à l'hôtel particulier qui était autrefois l'hôtel qu'avait acheté Tristan. De nos jours, celui-ci appartient à une famille italienne, les Varnese. A la poursuite d'indices, Antoine fait croire qu'il enquête sur une série de tableaux volés pour pouvoir se faire ouvrir les bureaux des Varnese. Dans le bureau de feu Gianfranco Varnese, il tombe sur un tableau dans lequel il retrouve une partie des indices qui va pouvoir le mener à la suite de la trace de l'histoire de Tristan Marcas. Mais il se trouve que son énigme est également en partie celle des enfants Varnese, qui doivent découvrir l'origine de l'empire bâti par leur père. Dorénavant, il faudra à Antoine, bon gré mal gré, faire équipe avec Giula Varnese.

En 1809, le général Étienne Radet, héros des guerres de la Révolution, et chef de la gendarmerie de Napoléon est sur la piste d'un groupe de conspirateurs qui menace l'Empire. Lors de l’assaut, il trouve un prêtre et des lettres manuscrites dont il reconnait l'écriture. La divulgation de ces lettres pourrait faire trembler l'Empire d'autant que Napoléon est sur le point de divorcer de Joséphine. L'Empereur souhaite un héritier, mais également étendre son hégémonie en partant sur les traces du grand Alexandre le Grand. Seulement, les caisses de l'état sont vides. Qu'importe, Cambacéres, et Talleyrand ont une idée : trouver l'endroit où repose trésor des Templiers et pour cela, il faut aller fouiller les archives du Vatican. Mais ils ne sont pas seuls, un ordre ancien dont les membres portent en guise de tatouage une croix croisée à une clef est chargé lui, de veiller sur ce secret que pourrait menacer les hommes de Napoléon s'ils mettaient la main dessus.

Le lecteur va suivre cette histoire sur deux temporalité comme c'est parfois le cas dans les aventures des Marcas. Ici, donc, nous suivons d'une part, Antoine et Giula ainsi que le frère de Gianfranco Varnese, le cardinal Batista et de l'autre le général Radet, Fouché, Cambacérès et Talleyrand. 

Cette nouvelle aventure nous entrainera donc à Paris, Nice, mais aussi à Milan, à Florence, à Rome et bien sûr à Versailles.

Le livre est long et le contenu dense. Il fait quand même 480 pages et il y a beaucoup de personnages. Peut-être trop d'ailleurs, car on s'y perd à force de faire des allers et retours et parfois, il est nécessaire de revenir en arrière pour tout comprendre. Parce qu'il s'agit bien de deux aventures distinctes que nous suivons même si celles-ci, vous vous en doutez vont finir par ne plus en faire qu'une. Et dans les aventures, il y a aussi d'autres aventures qui viennent corser le tout. Notamment l'affaire des lettres. Alors, il est vrai que cela pourrait rebuter et que tout cela nous parait quand même un peu longuet. Par contre, au niveau historique, rien à redire. C'est bourré de détails, on a l'impression d'être dans l'action en 1809 aux côtés d'Etienne  Radet et de côtoyer tous les grands personnages de l’État. De ce point de vue, c'est une pleine réussite. Mais trop de protagonistes tue l'intérêt qui finit, je dois bien le dire par s’essouffler. C'est long, très long. Et si, par malheur, vous songiez à sauter quelques pages, alors cela en serait finit de votre lecture, car vous ne comprendriez plus rien.

Bref, trop de longueur qui enlève du souffle à l'histoire.

Bien sûr, comme à leur habitude, les auteurs ne manquent pas de nous faire un petit cours sur la Franc-Maçonnerie. Cela tombe bien, puisque nous y assisterons à une initiation présidée par Joséphine, l'épouse de Napoléon, herself.  

Pour conclure, ce n'est pas le meilleur des aventures d'Antoine Marcas. Je préfère nettement celles ayant pour héros son aïeul, Tristan. Cela dit, un Giacometti et Ravenne, c'est toujours sympathique à lire et du point de vue historique, même si cela est romancée à la Dumas, c'est-à-dire un peu rocambolesque ici, on en retire toujours quelques faits historiques qui nous sont détaillés en Annexe. Et ça, c'est quand même bien. Et si vous êtes comme moi, vous irez chercher sur un moteur de recherches le portrait du fameux Radet ! Quand à la Main de Sang, dommage, le personnage est fictif.

 

 

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Extrait :

3.

Paris
Quartier latin
Octobre 1809

Habituellement paisible, la rue Saint-Jacques venait brusquement de changer de visage. Alors que le crépuscule s’annonçait, baignant d’une teinte dorée le dôme du Panthéon, toutes les boutiques de la rue s’illuminaient. Des guirlandes de lampions aux couleurs vives faisaient miroiter chaque enseigne tandis que des pyramides de bougies éclairaient les devantures. Une rumeur monta et d’une ruelle étroite jaillit un groupe de femmes qui portaient en triomphe un buste de l’Empereur ceint d’une couronne de lauriers. Le conquérant avait le front altier, les pommettes saillantes et le menton volontaire tel que le présentait la propagande impériale. À la vérité, pensa l’inconnu dont le col de la redingote était relevé sur le nez, Napoléon ne ressemblait plus vraiment au vainqueur des guerres d’Italie ou de la campagne d’Égypte. Le jeune général efflanqué, aux joues creuses et aux cheveux en bataille avait pris du galon comme de la bedaine. Son visage s’était arrondi, son regard épaissi, quant à ses cheveux, ils se faisaient aussi rares que sa bonne humeur.

— Vive l’Empereur ! Vive notre père à tous ! hurla un adolescent en tendant les mains vers le visage de marbre de l’Empereur.

Un cri de joie unanime lui répondit. Ce soir tout le peuple de Paris allait festoyer jusqu’à l’aube. On perçait déjà des barriques en pleine rue pour que le vin coule à flots. Sur une estrade improvisée, des musiciens, sourire aux lèvres, accordaient leurs instruments. Dans toute la capitale, danses endiablées et fougueuses farandoles allaient célébrer la grande nouvelle.

— Vive la paix ! lança une femme âgée, vêtue de gris, les yeux brillants d’espoir.

Elle devait avoir un fils aux armées et espérait son retour. L’inconnu haussa discrètement les épaules. Certes Napoléon avait gagné, écrasant une fois encore l’Autriche et l’Angleterre coalisées, mais la victoire lui avait coûté cher. En deux campagnes, Essling et Wagram, il avait laissé plus de 50 000 hommes sur le champ de bataille. Qui sait si cette femme reverrait un jour son fils ?

À l’angle de la rue des Feuillantines, réunie autour d’un tonneau, une poignée de hussards vidait des chopes à la santé de Napoléon. Le dolman et la chemise ouverts jusqu’au nombril, la plupart étaient déjà ivres. L’un d’eux s’avança dans la rue, le fourreau de son sabre battant ostensiblement la cuisse.

— Et toi, tu es bien pressé, tu ne bois pas à la santé de l’Empereur ?

Le passant se figea. Lui qui comptait sur la liesse générale pour passer inaperçu laissa échapper un juron.

— Tu n’aimes pas le petit tondu1 ? Tu es quoi, un foutu républicain ou un maudit royaliste ? Si tu m’réponds pas…

L’ivrogne posa la main sur la poignée de son sabre. L’inconnu rabattit brusquement le col de sa redingote, dévoilant un visage zébré d’une fine cicatrice qui courait jusqu’à l’oreille aussi déchiquetée qu’une côte bretonne. Dans la Grande Armée, tout le monde connaissait cette signature de chair.

— Pardon, mon général, je ne vous avais pas reconnu !

Le hussard recula, épouvanté.

— Vous étiez en civil. Je ne pouvais pas savoir… je vous en prie…

— Suffit, soldat. Retourne à ta chope.

Titubant, le cavalier se précipita parmi ses camarades.

— Tu en fais une tête, on dirait que tu as vu le diable !

Juste avant de s’écrouler sur une chaise bancale, le hussard balbutia.

— J’aurais préféré.

 

Juste à quelques pas, la rue des Feuillantines échappait au vacarme. Bordée de longs murs, elle semblait être un îlot de calme, égaré au milieu de la fête assourdissante. Dans l’ombre fourchue des arbres, le pavé était jonché de feuilles mortes qui formaient un tapis immaculé jusqu’à une porte cochère en retrait. Là, un groupe de mendiants tentait de se réchauffer autour d’un maigre brasero. Vêtus de guenilles et coiffés de chapeaux bosselés, la barbe hirsute, ils semblaient prostrés ou endormis ; pourtant l’inconnu qui s’avançait remarqua qu’ils avaient tous le regard fixé sur une maison aux volets clos cernée par des marronniers décharnés.

— Mon général !

Un des mendiants se releva et fit le salut militaire.

— Nous sommes en observation depuis ce matin. Rien n’a bougé. Personne n’est sorti.

Autour, les autres gueux s’étaient levés mais n’osaient s’approcher. Tous connaissaient la réputation de l’officier qui dirigeait l’opération. Un nom résonnait dans chaque tête. Radet ! Le général Étienne Radet. Héros des guerres de la Révolution, chef de la gendarmerie et surtout l’homme des missions spéciales de Napoléon. Un soldat qui ne craignait ni dieu, ni diable et l’avait prouvé. C’est lui qui, trois mois auparavant, avait pris d’assaut le Vatican et enlevé le pape. Depuis, on ne prononçait son nom qu’avec fascination et terreur.

— Décrivez-moi les lieux, brigadier.

Le gendarme, déguisé en mendiant, montra la façade dont le crépi s’effilochait jusqu’au sol.

— C’est l’ancien monastère des Feuillantines. Vidé de ses religieuses à la Révolution et laissé à l’abandon depuis, mais le propriétaire loue quelques pièces, encore habitables.

— À qui ?

— Il y a deux veuves qui logent sous les combles. Et une femme seule avec trois enfants au rez-de-chaussée.

Radet montra le premier étage aux volets clos.

— Et là ?

— Notre cible, mon général.

 

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