Au détour d'un livre

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Le graal du diable, de Giacometti et Ravenne

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Résumé :

HIVER 1448.
Dans une Roumanie déchirée par la guerre,  le prince Vlad, dit Dracul, échappe de peu à la mort.  Une rencontre va tout changer : l’énigmatique  impératrice de Bohème, Barbara de Cilli.  Obsédée par l’alchimie, la magie et le sang,  elle entraîne Vlad dans la quête initiatique du Graal.  Celui du Diable.
ÉTÉ 1944.
Des partisans anti-allemands terrorisent  la région des Balkans, se comportant comme  des vampires. Tristan Marcas et Laure d’Estillac  vont à nouveau plonger dans l’occulte,  au cœur des soubresauts d’un conflit  mondial à son paroxysme. 

 

Auteurs : Eric Giacometti et Jacques Ravenne
Nombre de pages : 480
Éditeur : JC Lattès
Date de parution : 3 mai 2023
Prix : 22.50€ (Broché) - 15.99€ (epub, mobi)
ISBN :
978-2709666930

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Avis / Critique :

Nouvelle aventure de Tristan Marcas, le père du commissaire Antoine Marcas, cette fois-ci au cœur des Balkans à la recherche du Graal du diable.

Serbie, juillet 1944.
Alors qu'une famille allemande du Bela Crkva s'apprête à dîner de ses derniers poulets, une femme que ses congénères appellent Nada la noire pénètre avec ses sbires dans la ferme et massacre toute la famille au nom de la libération des terres. Elle ne laisse comme survivante que la plus jeune des enfants qui sera chargée de raconter aux soldats allemands son acte afin de les terroriser alors que les Allemands sont en déroute.
Au même moment, Tristan est aux prises avec la milice parisienne et s'apprête à être fusillé quand il est sauvé in extremis par une tireuse de tarot. Avant de mourir, celle-ci lui donne la carte de l'impératrice, qui, elle en est sûre lui sauvera la vie. De ce fait, parvenant à s'enfuir, Tristan après un détour en Suisse est de nouveau recruté par Himmler en échange de sa vie sauve, à lui et à Laure. Le couple se retrouvent à Bela Crkva en compagnie du SS Baldel, à la recherche du Graal du diable. Ils ne vont pas tarder à tomber sur Nada la noire. Quelle en sera l'issue ?

1448.
Vlad Tepes, attend que le bourreau lui ôte la vie en le torturant quand un homme vole à son secours et le libère. Poursuivi par les hommes de son frère Radul, Vlad est obligé de fuir. Il va alors chercher refuge sur les terres du royaume voisin, celui de sa cousine, Barbara de Cilli. La femme, qui n'a rien à envier à Ersébet Bathory, le fait entrer dans l'ordre du Dragon et l'envoie chercher le sang du Christ volé par le Diable, le Graal du Diable, dont elle pense qu'il lui donnera la jeunesse et la gloire éternelle. Vlad part donc sur les terres obscures où il devra affronter ceux que la population appelle "vampires", les morts qui reviennent prendre le sang des vivants.

Vous l'aurez compris, ici, Tristan va poursuivre la même quête que Vlad Dracul (oui, le fameux Dracula de Bram Stocker), mais à contrario du prince de Valachie, ce sera pour Himmler et non pour Barbara de Cilli qu'il devra ramener le fameux Graal. Himmler, plus que jamais féru d'occultisme, croit en effet dur comme fer que l'objet sacré permettra à l'Allemagne de reprendre le dessus sur l'issue de la guerre. Bien sûr, on connait la suite, mais voilà, Giacometti et Ravenne au travers de ce livre prennent ce postulat pour lancer sa quête. Tel un Indiana Jones à la française, Tristan Marcas n'aura de cesse de réussir afin de se sauver lui, mais plus que tout, Laure qu'il a enfin retrouvé et le bébé qu'elle porte... Notre futur commissaire Marcas.

Une fois encore, pas de temps mort dans cette nouvelle aventure, ce sixième opus de la saga du Soleil Noir. On passe des Balkans, à l'Allemagne, pour aller à Paris, puis en Suisse et de nouveau repartir dans les Balkans. L'histoire de Tristan et celle de Vlad se vivent tour à tour jusqu'à chacune arriver à la fin de la quête finale. A nouveau, grâce à Giacometti, le féru d'histoire, le lecteur apprendra plein de faits historiques non seulement sur l'ésotérisme d'Himmler, les Lebensborn, mais également sur le règne de Barbara de Cilli peut connue chez nous. Ravenne, lui, amène l'action. Les deux auteurs nous apprennent d'ailleurs dans l'avertissement qu'à eu lieu durant l'été 1944, une étrange épidémie de vampirisme qui aurait sévi dans la région du Banat, au cœur de la région de Serbie fomentée par Nada la Noire, dont ils se sont inspirés pour ce livre.

Ces deux quêtes qui se rejoignent font un très bon livre d'aventure que l'on dévore rapidement et dont on retire un vrai plaisir de lecture.

 

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Les autres opus de la saga du Soleil Noir :

- Le triomphe des ténèbres (tome 1)
- La nuit du mal (tome 2)
- La relique du chaos (tome 3)
- Résurrection (tome 4)
- 669 (tome 5)
 


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Extrait :

Serbie
Territoire allemand du Banat
Juillet 1944

Le soleil enfin évaporé, deux hannetons à la carapace piquetée de jaune sortirent de leur résidence, un monticule de pierres collé contre une grange. C’était l’heure de passer à table, et le potager situé de l’autre côté de la cour de la ferme leur offrirait le plus merveilleux des festins. Dévorer était leur seule raison d’exister. Au moment où ils décollaient vers le paradis, une ombre gigantesque apparut au-dessus des insectes. Ils n’eurent pas le temps de rectifier leur plan de vol que l’ombre, la semelle de bois cloutée d’une botte, les écrasait à la vitesse de l’éclair.

— Deux vermines en moins, lança le propriétaire de la botte, un caporal de la Wehrmacht corpulent qui s’était levé de sa chaise et regardait de tous côtés comme s’il se sentait épié.

— Plus faciles à exterminer que ces salopards de partisans communistes, commenta son compagnon, un soldat qui taillait un pieu avec son couteau de campagne.

Le caporal balaya la cour d’un regard inquiet et cracha sur le sol de boue craquelée. Il n’avait pas plu depuis presque un mois et une chaleur inhabituelle stagnait sur la plus grande ferme fortifiée des alentours de Bela Crkva, l’Église Blanche. La ferme du maire, plus nazi que ses compatriotes du Vaterland1. De mémoire de paysans on n’avait jamais connu un été aussi brûlant dans la région. Comme si une main invisible avait plaqué une couverture brûlante sur tout le Banat.

— On s’en fout des partisans, pesta le caporal, moi j’ai qu’une envie, me tirer d’ici. Risquer ma peau pour protéger ces Souabes bien gras, ça me soulève le cœur.

— T’as plus de cœur depuis qu’on a liquidé tous les Juifs et les Roms du coin.

Leur poste de garde était logé dans une maisonnette qui faisait face au corps principal de la ferme, où résidaient le propriétaire et sa petite famille. C’était un bâtiment typique à toiture chapeautée et chevrons comme on en trouvait dans toute la région, enclave germanique du nord-est de la Serbie, collée contre la frontière roumaine. Ici on parlait allemand depuis le XVIIIe siècle, quand les premiers paysans, souabes mais aussi lorrains, étaient venus coloniser la région sous l’impulsion de l’Empire autrichien. Au fil du temps les Donauschwaben2 s’étaient retrouvés majoritaires dans les bourgs et villages devenus prospères. Ils avaient asséché les marais et transformé les sols putrides en riches terres agricoles. Rien de

semblable aux montagnes sauvages des Carpates roumaines qui leur faisaient face, de l’autre côté de la frontière toute proche. Les Donauschwaben n’avaient pas attendu Hitler pour se considérer comme l’incarnation de la suprématie germanique face aux Slaves qu’ils côtoyaient avec mépris.

Le soldat inspecta son pieu en soufflant sur les copeaux de bois.

— C’est qu’une question de semaines ou de mois avant qu’on déguerpisse d’ici. Les Souabes devraient nous imiter. Je n’ai pas envie de subir le sort des autres Allemands. Comme à Opovo. Un massacre… les hommes, les femmes, les enfants. Mais avec ce pieu, je peux te dire que Nada et ses…

— Tais-toi, ne prononce pas ce nom, c’est de la foutaise ! Cette bonne femme n’existe pas. Viens faire la ronde, le coupa le caporal en s’essuyant le front avec un mouchoir sale et humide. Quant aux massacres, l’Allemagne l’a bien cherché. Maintenant on paye l’addition. Et pas qu’ici…

Quand les armées nazies avaient déferlé sur les Balkans, quatre ans plus tôt, Hitler avait enlevé le Banat à la Serbie, transformée en protectorat, et confié son administration aux Donauschwaben ravis d’assumer enfin leur suprématie raciale. Et au-delà du Banat aryanisé, la botte et le fouet régnaient sur les Balkans. Les pays environnants étaient dirigés par des gouvernements fascistes ou mis eux aussi sous protectorat. La Roumanie voisine, à quelques kilomètres à vol d’oiseau, marchait au pas du sanglant maréchal Antonescu et de sa Garde de fer, une milice fasciste encore plus antisémite que les SS. À la frontière ouest, la Croatie était devenue une féroce et sanglante dictature depuis la prise de pouvoir du mouvement antisémite, fasciste et antiyougoslave des Oustachis. En Hongrie, au nord, le gouvernement du parti des Croix fléchées déportait ses Juifs avec une telle efficacité qu’il n’y avait plus assez de trains disponibles pour les envoyer vers les camps de la mort.

Mais en cet été 1944, un vent mauvais soufflait sur le Reich et ses amis balkaniques. La Russie avait envahi la Roumanie et en Yougoslavie des armées entières de résistants serbes et croates, nationalistes ou communistes, ne cessaient de gagner du terrain. Et se vengeaient en conséquence.

— On expédie notre tournée et ensuite à table, lança le sergent.

— Et comment ! La femme du maire a promis de nous apporter du poulet.

Les deux Feldgrau prirent leurs fusils et se dirigèrent d’un pas traînant vers le sous-bois et le lac qui marquaient les limites naturelles de la ferme.

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