Au détour d'un livre

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La vérité et autres mensonges, de Sascha Arango

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Résumé : Auteur adulé de bestsellers, mari comblé, ami généreux : Henry aurait une vie de rêve si celle-ci n’était construite sur le mensonge. Survient un malheureux hasard, imputable à une maîtresse encombrante, et le château de cartes patiemment édifié menace de s’effondrer. Henry se retrouve face à un choix : révéler la vérité à sa femme, sans laquelle il ne serait rien et au risque de tout perdre, ou éliminer l’obstacle.

Auteur : Sascha Arango
Nombre de pages : 352
Édition : Le Livre de Poche
Date de parution : 2 septembre 2016
Prix : 7.90€ (Poche ) - 10€ (Broché)
ISBN : 978-2253111979

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Critique / Avis :

 

Henry Hayden est un écrivain célèbre. Il est marié à Martha, a une maîtresse, Betty, une belle maison, un chien, mais son monde est basé sur le mensonge. Car Henri n'a rien écrit du tout. C'est Martha qui, le soir venu, s'acharne sur sa machine à écrire (oui, à l'ancienne) et pond les polars qui font de son mari un écrivain reconnu. Et cela convient bien aux deux, Martha refusant d'être mise sur le devant de la scène, elle préfère se cacher derrière son mari qui reçoit les éloges à sa place. En contrepartie, Henri s'occupe de Martha et fait en sorte qu'elle ne manque de rien.  Mais tout menace de s'effondrer quand Betty, la maitresse d'Henry et celle qui l'a "découverte" en tant qu'écrivain, lui révèle qu'elle est enceinte. Comment va réagir Martha à cette annonce, car Henri le sait, Betty ne va pas cacher la situation longtemps. Il faut donc agir. Mais que faire ? Tuer Martha ou tuer Betty ?
Et c'est en croyant s'être débarrassé de l'une qu'il réalise que c'est en fait l'autre qui est décédée. Désormais, Henry va aller de Charybde en Scylla, car son monde menace de s'effondrer au fur et à mesure que les jours passent. La police se met en chasse à la recherche de la disparue, une marte qui se cache dans sa maison le fait tourner en bourrique, il lui faut livrer son nouveau livre, un gamin connu durant son enfance surgit de nulle part et menace de révéler la vérité sur l'enfance d'Henri et la mort de ses parents.

Pour faire face aux évènements, peu à peu, Henry reprend la personnalité qui a toujours été la sienne et met en place ses pions pour tenter de s'en sortir. Va-t-il réussir ?

Sascha Arango, scénariste allemand, livre avec ce roman un polar teinté d'humour. Car, en effet, ce sont les situations subies par Henry et qu'il n'aura de cesse de retourner à son avantage qui font le sel de ce roman. On notera quelques incohérences, mais finalement, cela ne porte pas à préjudice et n'empêche pas la lecture. D'ailleurs, ce roman se lit facilement, les situations à rebondissements sont légion et permettent de redonner un coup d'élan quand on pense qu'Henry va se faire attraper. Le héros, psychopathe sans affect, mais qui aide quand même ceux qui l'entourent, est servi par des personnages secondaires à la vie tout aussi rocambolesque que la sienne. Finalement, ce sont les coups du sort, les aléas qui font que la situation se renverse. On sourit souvent devant ce méli-mélo de circonstances improbables où Henry s'en tire alors qu'il manque de se faire prendre. 

Malgré quelques invraisemblances,+ donc, ce polar tient toutes ses promesses si tant soit peu que l'on prend ce livre pour ce qu'il est : un contenu original, pas forcément toujours crédible, teinté d'humour et avec des personnages attachants. L'auteur s'est amusé à écrire ce livre, cela se sent dans sa plume et le résultat est là : on passe un bon moment de lecture sans se triturer l'esprit.

 

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Extrait :

Tous les après-midis, il lisait les pages nouvellement écrites. Personne à part lui n'avait accès à la moindre ligne avant que le livre ne soit terminé. Il disait si ça lui plaisait ou non. La plupart du temps, ça lui plaisait. A la fin, il allait porter le manuscrit terminé à Moreany, en main propre. Betty, et Moreany en prenaient alors connaissance simultanément dans le grand bureau lambrissé, tandis qu'Henry, dans la pièce adjacente, lisait sur un canapé Le Grand Vizir Iznogoud, la meilleure BD du monde, soit dit entre nous.
Des heures durant, un silence total régnait dans la maison d'édition, jusqu'à ce qu'ils aient tous les deux achevé leur lecture. Moreany faisait alors venir le directeur commercial. "Nous avons un livre !", s'écriait-il. Huit semaines plus tard démarrait le lancement presse. Quelques journalistes triés sur le volet avaient le privilège de venir consulter un exemplaire de lecture dans le bureau de Moreany. On leur demandait de signer une lettre de confidentialité, car ils devaient certes annoncer le roman à son de trompe dans les médias, mais avec une rétention d'informations qui mettrait les lecteurs à la torture.

Martha n’accompagnait jamais Henry lors de ses apparitions publiques. Quand il se rendait sur un salon ou à une lecture, c'était Betty qui était avec lui. Beaucoup de gens la prenaient pour sa femme, hypothèse qui semblait tout à fait correcte, car ils étaient l'image du couple idéal.

Henry était accueilli partout avec des applaudissements, des sourires, on lui tournait autour, on le félicitait de son bonheur. Il n'avait pas l'air particulièrement heureux, d'ailleurs, car il n'aimait pas la bains de foule. Ce qui ne faisait que renforcer l'enthousiasme unanime devant sa modestie, chez les femmes en particulier. L'apparente humilité d'Henry était de la prudence pure et simple, car il n'oubliait jamais qu'il n'était pas un écrivain mais un imposteur, une grenouille dans le nid du serpent.

Il éprouvait en outre de la difficulté à retenir tous les visages amicaux et les nouveaux noms. Des grappes humaines se formaient dès qu'ils s’arrêtaient quelque part. Les appareils photo crépitaient, les regards se repaissaient de lui sans relâche, on ne cessait de lui montrer des choses qui ne l'intéressaient pas, de lui expliquer des trucs qu'il ne saisissait qu'à moitié. Il accordait de brèves interviews, refusait toute question sur ses méthodes de travail. Le sentiment d'irréalité se renforçait, le réel se diluait comme une aquarelle sous la pluie - d'abord les contours, puis tout le reste. Martha l'avait mis en garde : le succès n'est qu'une ombre qui se déplace avec le soleil. A un moment ou un autre le soleil se couchera, songeait Henry avec anxiété, et on se rendra compte que je n'existe pas.

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