24 Mai 2021
Auteur : Michel Houellebecq
Nombre de pages : 320
Edition : Flammarion
Date de parution : Janvier 2015
Prix : 21 euros (Broché) - 8.40€ (poche) - 7.99€ (epub, mobi)
Résumé :
Dans une France assez proche de la nôtre, un homme s’engage dans la carrière universitaire. Peu motivé par l’enseignement, il s’attend à une vie ennuyeuse mais calme, protégée des grands drames historiques. Cependant les forces en jeu dans le pays ont fissuré le système politique jusqu’à provoquer son effondrement. Cette implosion sans soubresauts, sans vraie révolution, se développe comme un mauvais rêve.
Avis / Critique :
Uchronie ou Anticipation ?
Un peu des deux ?
Dérangeant ou prévisible ?
Brûlot politique ?
Le nouvel opus de Houellebecq ne laissera pas indifférent.
Joris-Karl Huysmans.
Coeur de la thèse que vient de passer le jeune étudiant qui est le héros du livre de Michel Houellebecq. Élu maitre de conférence à paris III Sorbonne,à la suite de sa thèse, celui-ci est le témoin de l'installation d'un nouveau pouvoir en France, celui des salafistes. Un héros très vieille France à qui il ne déplairait pas de voir la femme retourner à ses fourneaux. Un héros porté sur la chose qui aime penser aux fellations que lui faisait son ex, qui aime passer ses soirées sur YouPorn mais qui prend conscience peu à peu de ce se modifie autour de lui.
Nous sommes à la veille des nouvelles présidentielles mais déjà des indices laissent présager de ce qui va se dérouler.
Aux abords de l'université où il officie, les juifs ne se montrent plus. La fraternité mulsumane a déployé quant à elle ses antennes un peu partout, les femmes voilées, vêtues de burka deviennent légion, un nouveau mode de vie s'installe. La gauche se fait réélire scrutin après scrutin avec le soutien de la fraternité musulmane.
La droite à disparu. Les pro-israéliens, sont chassés des organes, les pro-palestiniens s'installent partout.
Et puis arrive les élections.
Contre toute attente, la gauche est, cette fois-ci, balayée.
La leader du front national affronte le leader de la fraternité musulmane, Mohamed Ben Abbès.
Les français sont dès lors partagés. Élire un musulman pour pouvoir contrer le front national ou élire le front national pour ne pas voir installer un musulman au pouvoir ? Dans les deux cas, il y aura un changement.
L'école, notamment qui servira de tremplin pour la nouvelle doctrine.
Mohamed Ben Abbès gagne.
Les changements se mettent en place.
Le héros voit son lieu de travail, La sorbonne, devenir "l'université islamique de Paris-Sorbonne", les sourates du Coran s'affichent partout, les juifs se cachent ou s'enfuient pour Israël, les femmes ne portent plus que des pantalons, certaines boutiques ferment leur porte, remplacées par d'autres plus appropriées. Notre héros lui-même, va peu à peu se laisser porter par la nouvelle doctrine.
Suprématie à venir du peuple vainqueur sur l'autre, destruction ou assimilation sous la contrainte du peuple vaincu.
Un héros qui assiste au nouveau monde qui se met en place, à la nouvelle France, à la nouvelle Europe.
Michel Houellebecq signe là un livre d'anticipation qui pourrait ne plus l'être d'ici quelques années. Il a osé amené une vision, sa vision de la France de demain. Sa plume est tour à tour lyrique, poétique, historique, terriblement réaliste, érotique, politique et parfois aussi, banale, sans intérêt.
Non, Soumission n'est pas un brûlot. C'est simplement une uchronie.
Sûrement est-ce un Houellebecq qui ne laissera pas indifférent (il a fait tant parler même avant sa parution et fera parler bien après aussi) mais vaut-il toute la publicité qu'on en fait ou doit-on le voir comme un simple ouvrage ?
A chacun de voir.
Au futur de parler.
Extait :
"Tu es pour le retour au patriarcat, c'est ça ?
- Je ne suis pour rien du tout, tu le sais bien, mais le patriarcat avait le mérite minimum d'exister, enfin je veux dire en tant que système social il persévérait dans son être, il y aait des familles avec des enfants , qui reproduisaient en gros le même schéma, bref ça tournait ; là il n'y a plus assez d'enfants, donc c'est plié."
"Dans cet ouvrage destiné à une large audience, et qui l'avait du reste atteinte, Rédiger multipliait les accommodements à l'intention d'un public humaniste, et ne manquait pas de comparer l'Islam aux civilisations, pastorales et brutales, qui l'avaient précédé. Il soulignait ainsi que l'Islam n'avait pas inventé la polygamie, mais qu'il avait plutôt contribué à en réglementer sa pratique."
"De fait, il essaya tout simplement de refaire en moins d'une génération, et par les seules voies de la diplomatie, ce que l'Empire romain avait mis des siècles à accomplir - en y ajoutant de surcroît, et ce sans coup férir, les vastes territoires de l'Europe du nord allant jusqu'à l'Estonie , la Scandinavie et l'Irlande. "