Au détour d'un livre

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Carol (les eaux dérobées), de Patricia Highsmith

Carol  (les eaux dérobées), de Patricia Highsmith

Résumé :
Thérèse, vendeuse dans un grand magasin, rencontre Carol qui est belle, fascinante, fortunée. Elle va découvrir, auprès d'elle ce qu'aucun homme ne lui a -jamais inspiré :l'amour. Une passion naît, contrariée par le mari de Carol, lequel n'hésite pas à utiliser leur petite fille comme un moyen de chantage .


Auteur : Patricia Highsmith
Nombre de pages : 314
Editeur : Le livre de poche
Date de parution : 1991
Prix : 2.25€ (broché) - de 7.70€ (poche)

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Avis / Critique :

Thérèse est costumière de théâtre. Elle vivote de boulots en petits boulots, vit avec Richard avec qui elle a eu trois relations physique et qu'elle aime finalement comme un frère. Alors qu'elle travaille lors des semaines précédent Noël dans un grand magasin, elle rencontre Carol, une femme riche, en passe de divorcer qui la subjugue. Carol est plus âgée mais pour Thérèse, c'est un véritable coup de foudre.  Peu à peu les liens se distendent avec Richard et la romance avec Carol prend un tour inespéré.

Patricia Highsmith est connue pour avoir écrit de nombreux romans psychologiques teintés de polar à l'image de son héros, Ripley que l'on retrouve dans plusieurs de ces ouvrages. Ici, elle s'essaye à une histoire d'amour entre deux femmes. Une histoire d'amour qui se découvre petit à petit, qui prend de l'ampleur à mesure que les chapitres s'égrainent. C'est que l'on se demande ce qu'il va se passer pour ces deux femmes tant les choses mettent de temps à se mettre en place.
Car tout est dans la narration dans cet ouvrage, dans la suggestion et bien moins dans les dialogues. Les dialogues sont de l'ordre du banal et s'ils ne montraient l'intensité qui, parfois s'en dégage, pourraient ne pas figurer dans l'ouvrage.

Aujourd'hui, le livre de Patricia Highsmith passerait pour bien gentillet mais à l'époque où il fut écrit (1952), il produisit son petit séisme. C'était véritablement la première fois qu'une histoire d'amour entre deux femmes se déroulait de cette façon, se terminait ainsi.
La deuxième particularité, tient à ses personnages. Carol est une femme d'âge mûre, riche. Thérèse une jeune fille d'une vingtaine d'années, pauvre. L'histoire revête donc la forme d'une séquence initiatique et révélatrice. Chacune apprenant quelque chose de l'autre et s'éveillant par là-même à des sentiments jusque là, dissimulés.
Il y a la confrontation avec le monde extérieur, les sentiments qu'ils faut cacher, les choses auxquelles il va falloir renoncer, le chantage qui va alors s'installer de la part d'un mari et les ressentiments d'un petit ami qui finira par découvrir qu'il n'en est pas un.

La magie du livre tient principalement en cette forme d'évanescence qui se propage tout au long de la lecture jusqu'au dénouement final où on se demande si les deux héroïnes vont ou pas finir ensemble.
Un beau roman qui a du mal à se mettre en place mais qui dès la seconde moitié du livre, subjugue.

Le film tiré du roman a été présenté en sélection officielle à Cannes en mai 2015 et L'actrice Rooney Mara a reçu le prix d'interprétation pour le rôle de Thérèse.

Carol ou les eaux dérobées, de Patricia Highsmith - "www.audetourdunlivre.com"

Extrait :

"Avec n'importe qu'elle autre femme, je penserais qu'il y a anguille sous roche et je ne me tromperais pas.
- Richard, je crois que tu déraisonnes.
- Et moi que tu es naïve." Il la regardait d'un air buté, plein de ressentiment, et Thérèse pensa qu'il y avait sûrement d'autres causes à cette amertume. Il lui en voulait de n'être pas, de ne pouvoir être jamais tellle qu'il la voulait, une femme qui l'aimerait passionnément, pour qui ce serait un grand bonheur que d'aller avec lui en Europe. Une jeune fille comme elle, avec son physique, avec ses ambitions mais qui l'adorerait.
"Tu nes pas le type de Phil, tu sais, dit Richard.
- Qui t'a dit que je l'étais, Phil ?
- Ce petit crétin, ce fumiste, marmonna Richard. Et il a le culot de me faire la leçon et de me dire que tu te fiches totalement de moi."

Therese rit. La voix lente de Carol répandait en elle autant de chaleur que si leurs corps se frôlaient. "Quelles sont les nouvelles ? demanda Therese.
- Ce soir ? Rien. La maison est gelée et Florence ne veut pas venir avant après-demain. Abby est là. Veux-tu lui dire bonjour ?
- Là, à côté de toi ?
- Mais non ! En haut dans la chambre verte, et la porte est fermée.
- Je ne tiens pas à lui parler maintenant."
Carol voulait savoir tout ce qu'elle avait fait, dans quel état étaient les routes, et si elle portait en ce moment un pyjama jaune ou le bleu. "Je vais avoir du mal à m'endormir ce soir, sans toi."- - Oui. venues de nulle part, des larmes inondèrent les yeux de Therese.
- C'est tout ce que tu trouves à dire ?
- Je t'aime."

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