Au détour d'un livre

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Le facteur Darwin, de M.A. Rothman

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Résumé : Juan Gutierrez, un chercheur en cancérologie, a passé des années à étudier le génome animal à partir duquel il est possible de démontrer l'immunité à certains types de cancer. Au cours de ses recherches, Juan découvre un modèle génomique qui lui permet de prédire l'évolution d'une espèce sur des milliers de générations.
Grâce à l’algorithme développé à partir de ce modèle, Juan touche du doigt ce qu’il croit être la clé qui permettra à l’humanité de vaincre les prédispositions génétiques aux cancers.

Auteur : M.A. Rothman
Nombre de pages : 384
Édition : Primordial Press
Date de parution :
24 mars 2022
Prix : 17.92€ (Broché) - 5.99€ (epub, mobi)
ISBN :
979-8439171972

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Avis / Critique :

Jon LaForce, un ancien marine, est alcoolisé quand il croise la route de chiens errants en plein désert du Nevada. A peine a-t-il le temps de sortir son Glock qu'il est attaqué par l'un d'eux qui le mord en plein cou et l'achève. Les chiens semblent s'être enfuis d'un chenil où étaient menées d'étranges expériences.
Megan et son mari Franck recueillent un soir un labrador à la patte blessée, dans leur ranch. L'animal pèse plus que la normale pour un chien de son espèce et semble très intelligent. Megan s'attache rapidement à lui et le fait soigner.

Nate Carrington, travaille pour le FBI. Il est chargé d'enquêter sur la mort du marine et de l'incendie qui s'est déclenché sur la base du Nevada. Rapidement, il découvre des poils de chien qui semblent être ceux de Labrador, sauf que l'ADN démontre une très grande différence avec cette race et demeure inconnue.
De son côté, Juan, un scientifique qui travaille pour AgriMed, est sur le point de découvrir un algorithme qui pourra prédire le Cancer, mais aussi et surtout l'apparition du gène TP53, capable de tuer la tumeur.
Et enfin, Kathy, une canadienne et fille de Franck, se réfugie avec son petit ami Brad sur une île privée alors qu'une tempête s'annonce. Même si l'endroit est pourvu de nombreuses pancartes marquées "Interdit", Brad et elle décide de passer une soirée au coin du feu. Alors qu'elle s'étonne de ne pas entendre de chants d'oiseaux, le couple est soudainement attaqué par une horde d'oiseaux qui leur arrache des lambeaux de peau. Sauvée, Kathy est récupérée par AgriMed qui lui fait signer un accord de confidentialité.

La manipulation génétique est ici le thème du livre. Mais la manipulation non pas dans le but de créer une nouvelle espèce d'homme ou d'animal, mais au contraire pour éradiquer la maladie, et notamment le cancer. Des tests sont alors produits par une société qui a semble-t-il volée les recherches de Juan. Mais l'opération tourne au fiasco. Enfin, pas pour tous, car ces recherches permettent à certains de s'en sortir quand d'autres succombe par milliers parmi le bétail et les êtres humains. Peut-on prédire l'évolution d'une espèce afin de se servir de son génome et ainsi produire un remède pour les humains d'aujourd'hui ?

Le facteur Darwin se penche sur la guérison par l'évolution et interroge chacun sur la manipulation des gènes qui est fait par des sociétés pharmaceutiques ou transhumanistes. Ici, la chose tourne au fiasco, mais pourtant le fait que d'autres s'en sortent amène un possible second tome. L'auteur, qui est un scientifique, connaît son domaine à n'en point douter quand on lit les pages du roman. On s'attache aux différents personnages et notamment à Franck et son chien à l'intelligence remarquable et l'histoire peut faire penser à un possible futur scénario de série télé à la manière d'Ebola. Malgré la substance qui est plus qu'intéressante et amène à découvrir le livre, il est néanmoins obligatoire de préciser que des longueurs ralentissent l'effet sympathique que l'on peut avoir à la lecture de ce livre et au thème qu'il aborde. C'est bien dommage, car l'ensemble amène à s'interroger et parvient donc à sa substance initiale qui est : peut-on manipuler les gènes et supputer l'avenir pour sauver des vies au risque de se perdre et rencontrer l'effet inverse ?
Jusqu'où l'homme peut-il aller pour se mettre dans la peau de Dieu ?
C'est la question qu'a pu se poser l'auteur en écrivant ce roman. Il apporte là son savoir de scientifique, un brin d'espoir en espérant à travers certains de ses personnages, mais aussi surtout ses peurs, sa défiance face au monde des faiseurs touche à tout, aux laboratoires dont la découverte finalement leur échappe pour le plus grand des malheurs.

Un roman qui se laisse découvrir avec une thématique intéressante, mais qui souffre de quelques longueurs.

 

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Le facteur Darwin, de M A Rothman

Extrait :

Étendue sur la plage de sable, Kathy se souleva en prenant appui sur ses coudes et respira les parfums de l’océan. À côté d’elle, Brad s’efforçait de faire du feu, mais jusqu’à présent, tout ce qu’il avait réussi à faire, c’était s’envelopper d’un gros nuage de fumée blanche.
Elle allait sortir une blague quand soudain des flammes orange montèrent du tas de bois. Brad bascula le buste en arrière pour s’écarter du feu qui prenait rapidement, l’air satisfait.
Les flammes grossissant, il se releva d’un bond – et grimaça aussitôt.
— Brad, tu es sûr que ça va ? Ta cheville est vraiment enflée.
— Ça va. Ne t’inquiète pas, détends-toi. Je vais mettre l’eau à bouillir, et on aura du crabe en un rien de temps.
Tandis qu’il s’attelait à la tâche, Kathy promena son regard sur la plage. Il y avait un peu partout des pancartes « Défense d’entrer », écrits en plusieurs langues, mais ce qui la préoccupait surtout, c’était l’agrégat de branches, d’algues et de débris divers qui jonchait le littoral. Brad avait beau s’efforcer de le cacher, elle l’avait vu boiter ; sa blessure à la cheville s’aggravait.
L’extrémité ouest de l’île, couverte de gros rochers, était presque impraticable du fait des débris enchevêtrés déposés par la tempête. Kathy était inquiète ; la cheville de Brad n’allait-elle pas trop le faire souffrir quand ils retourneraient à pied jusqu’au bateau ?
Elle soupira, tandis que Brad jetait une poignée d’épices dans l’eau frémissante. Elle savait qu’il n’admettrait jamais que sa cheville lui faisait mal.
Tandis que l’odeur du mélange d’épices en poudre Old Bay lui parvenait aux narines, Kathy se rendit compte que quelque chose clochait autour d’eux. L’océan était calme, la brise ne soufflait pratiquement plus, mais ce n’était pas cela. Il… manquait quelque chose.

Les sons.
Il lui apparut brusquement qu’ils n’avaient pas entendu un seul oiseau depuis leur arrivée sur l’île. Pas un cri de mouette, rien.
Le silence pesait comme une chape de plomb sur cet endroit. Elle se redressa et scruta la forêt de palmiers toute proche.
— Chéri, où crois-tu que sont tous les oiseaux ?
— Les oiseaux ? Je ne sais pas. À Dutch Harbor, les mouettes ont tendance à fuir loin des tempêtes quand elles les sentent arriver. Je suppose qu’elles font la même chose ici.
Il sortit une pince à barbecue de son sac à dos, et la fit claquer en la pointant vers Kathy.
— Quinze petites minutes, et on pourra manger.
Toujours préoccupée par l’absence d’oiseaux, Kathy scruta les premiers palmiers. C’est alors qu’elle le repéra – un oiseau au plumage arc-en-ciel qui les fixait, perché en haut d’un cocotier. Elle se demanda comment elle avait pu ne pas le voir tout de suite ; son plumage lumineux se détachait vivement sur le vert et le marron de l’arbre.
— Hé, regarde, Brad. On dirait que tous les oiseaux n’ont pas fichu le camp.
— Oh, waouh. Il est magnifique. Je me demande quelle espèce c’est.

Une main en visière sur ses yeux pour se protéger du soleil, il s’approcha de l’arbre. Soudain, l’oiseau s’envola du cocotier et fondit droit sur lui. Brad se baissa subitement pour l’éviter. L’oiseau lui attaqua brièvement le bras en voletant sur place, avant de retourner se percher en haut de l’arbre.
— Et merde, qu’est-ce qu’il lui prend ? fit Brad.
Kathy se releva d’un bond et lui cria :
— Écarte-toi de cet arbre. Il y a sûrement un nid là-haut ; il le défend.
Brad plaqua sa chemise blanche sur son bras ; une tache de sang se forma aussitôt.
— Ce tas de plumes m’a croqué le bras !
Kathy alla chercher la trousse de premier secours dans le sac à dos.
— Il ne faut pas risquer que ça s’infecte.
Brad secoua la tête, incrédule.
— Je jure que cette chose m’arrivait en plein visage. Si je n’avais pas eu le bras déjà levé…
Kathy déchira l’emballage d’un tampon alcoolisé.
— Viens ici, espèce de gros bébé. Laisse-moi nettoyer ça.µ
Elle essuya le sang qui coulait et se rendit compte qu’un petit morceau de chair d’environ un demi-centimètre avait été arraché de son avant-bras.
— Bon sang, il t’a réellement croqué un petit bout de chair. Tu as eu de la chance que ce ne soit pas un œil.

Brad se renfrogna et tourna un regard noir en direction du cocotier.
— Je n’ai encore jamais vu un oiseau attaquer comme…
Il dégagea brutalement son bras blessé et le balança sèchement vers la tête de Kathy. Elle le regarda bouche-bée, tandis que la main de Brad frôlait son oreille droite. Elle chancela, et manqua de perdre l’équilibre.
— Je t’ai eu ! cria-t-il.
Abasourdie, Kathy suivit son regard. Sur le sable, à côté d’elle, gisait le corps désarticulé de l’oiseau arc-en-ciel.
— Cette chose était furibarde, dit Brad, estomaqué. On aurait dit une flèche lancée sur ton visage !
Un staccato de pépiements provenant des cocotiers se fit soudain entendre. Kathy se demanda, la mort dans l’âme, si ce n’était pas des oisillons qui appelaient leur mère.
Mais au même instant, une dizaine d’oiseaux de la même espèce apparurent sur les frondes des cocotiers.
— Brad, dit-elle, un petit frisson lui électrisant l’échine, fichons le camp d’ici. Il y en a un tas d’autres là-bas.

À l’unisson, comme obéissant à un commandement silencieux, tous les oiseaux s’envolèrent des palmiers, et fondirent sur eux.
Son cœur battant à tout rompre, Kathy eut l’impression que la scène se déroulait au ralenti devant ses yeux. Brad grimaça ; les oiseaux exotiques paraissaient rebondir sur lui. Il attrapa le sac-à-dos, et les chargea en leur en portant des coups, le contenu du sac se répandant un peu partout.
— Foutez-nous la paix !
Il réussit à en envoyer deux au sol. Il avait du sang partout sur sa chemise.
Oubliant le feu et le reste de leurs affaires, Kathy lui cria :
— Brad, laisse tomber ! Fichons le camp d’ici.
Il hocha la tête.
— Pars devant. Je te rejoins !

Kathy se mit à courir sur la plage. Quelque chose heurta violemment son dos, accentuant la sensation de panique qu’elle éprouvait déjà. Elle concentra son attention sur le terrain accidenté, courant aussi vite que possible. Soudain, elle ressentit un nouveau choc dans le dos, suivi d’une sensation de brûlure, mais elle ne ralentit pas ; un oiseau avait dû lui arracher un morceau de chair.
Derrière elle, Brad poussait des cris de douleur. Elle se retourna, et ce fut comme si le monde ralentissait soudain ; elle vit Brad tenter de se relever, le visage en sang. Du sang, il y en avait tellement sur sa chemise qu’elle n’était plus qu’une guenille rougeâtre. Pour la première fois, elle vit de la peur sur son visage.
— Nom de Dieu, Kathy, ne t’occupe pas pour moi ! Continue !
Elle leva la tête et vit les oiseaux voler en cercle et se préparer à attaquer de nouveau. Elle était comme paralysée. Ses jambes refusaient de bouger.
Brad courut vers elle, l’attrapa par le bras et la poussa vers les premiers cocotiers.
— Cours te mettre à l’abri sous les arbres. Ils ne devraient pas être aussi nombreux là-dedans. En tout cas, ils ne pourront pas nous attaquer aussi facilement.
Elle ressentit une brusque poussée d’adrénaline et courut s’abriter dans la cocoteraie. Tandis qu’elle slalomait au milieu de la végétation, elle ressentit plusieurs fois l’aiguillon douloureux d’un coup de bec. Hors d’haleine, éperdue, elle ne voyait plus Brad, mais elle l’entendait se frayer un chemin dans les broussailles sur sa droite.
— Brad ! Est-ce que ça va ? s’écria-t-elle sans cesser de courir.
Pas de réponse.
Elle espérait qu’il réussirait à rejoindre le bateau. La brûlure de dizaines de plaies sur tout le corps lui rappelait que c’était une bataille vitale qu’elle livrait. Et elle était en train de la perdre.
À moins que… Elle aperçut avec espoir, droit devant, la limite de la cocoteraie.
Elle s’imagina se lançant dans une course effrénée jusqu’au lagon, et trouvant refuge, enfin, dans la cabine du bateau. Elle sortit de la cocoteraie… et s’immobilisa brusquement.
Elle était dans une clairière. Devant elle se dressaient un bâtiment en béton, et juste à côté, à une quinzaine de mètres, une grande volière pleine d’oiseaux arc-en-ciel. Ils n’auraient pas dû pouvoir en sortir, mais un cocotier était tombé sur le grillage en acier et avait ouvert une large brèche.

Son cœur battant à ses tempes, elle courut vers la porte du bâtiment. Au même instant, une nuée d’oiseaux sortit de la cage et se dirigea vers elle.
S’il te plaît, ne sois pas fermée.
Elle tira d’un coup sec sur la porte en métal, qui s’ouvrit. Elle entra dans le bâtiment en trébuchant, donna un coup de pied dans la porte pour la fermer, et s’effondra par terre, à bout de souffle.
À quatre pattes, tremblante, elle regarda son sang goutter sur le sol en béton. Elle ignorait combien de blessures elle avait, mais elles étaient nombreuses. Ses bras étaient tout rouges, un peu comme si elle s’était baignée dans son propre sang.

Elle sentit quelque chose vibrer à sa ceinture. Le téléphone satellitaire. Il sonnait.
Elle s’en saisit et prit l’appel.
— Brad, Dieu merci ! Tu as réussi à rejoindre le bateau ?
Mademoiselle, une équipe de secours vient de partir…
— Putain de merde, envoyez un hélicoptère ! Nous paierons ce qu’il faut. Nous sommes attaqués par des oiseaux. Ils sont très agressifs. Nous avons besoin de soins médicaux !
La gorge serrée, elle se mit à pleurer.
— Mon petit ami essaie de rejoindre notre bateau, mais il est blessé, poursuivit-elle. Et moi je suis coincée dans une espèce de bâtiment. Je saigne, et Dieu sait ce que je…
Mademoiselle, calmez-vous. Vous avez bien dit que vous êtes sur l’île et que…
— Oui ! Aidez-nous, bon Dieu de merde ! C’est une urgence.
Mademoiselle…
La voix de l’homme lui parut soudain étouffée ; elle ressentit une grande fatigue.
C’est moi qui ai perdu tout ce sang ?
Elle s’allongea sur le dos. La pièce se mit à tourner. Le soleil qui entrait par les vitres du bâtiment s’assombrit, et soudain, autour d’elle, l’obscurité se fit.

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