5 Mars 2020
Enfin la vérité sur l’Affaire Dreyfus ! Pour dire tout haut ce que personne ne pense tout bas ! Le nouveau roman historico-déconnant de Gordon ZOLA. Cette fois, l’inconséquent frappe plus fort ! Dans ce roman historico-déconnant d’une très haute facture morale, ZOLA, la bête humaine de l’humour, revient sur les mystères de cette ténébreuse affaire… Dans ce premier point de vue éthylique du drame, nous croisons Edmond Rostand, Jules Verne, Émile Zola, Gustave Eiffel, Félix Faure et bien d’autres personnages historiques…
J’ÉCLUSE, c’est la verve impitoyable de ce grand amateur de sévices textuels qui pourfend vérités admises et lieux communs en une fantaisie jubilatoire (comme le dira un jour Patrick Besson… mais pour quelqu’un d’autre) !
Auteur : Gordon Zola
Nombre de pages : 280
Édition : Le Léopard Démasqué
Collection : Les romans historico-deconnants
Date de parution : 1 mars 2012
Prix : 20€ (Broché) - 7.60€ (epub, mobi)
ISBN : 978-2358310178
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Évidemment, quand on s’est donné le nom de Zola, il fallait bien s’attaquer un jour ou l’autre à l’affaire Dreyfus.
Gordon Zola, c’est cet auteur amoureux des jeux de mot et d’un humour un peu potache dont deux de ces livres on déjà été chroniqués ici. Si ces deux livres faisaient partie de la série des aventures de Saint-Tin, prétendument fils caché de Tintin, on est ici dans un tout autre registre.
Ce livre prétend raconter les vrais dessous de l’affaire Dreyfus, qui sont peu affriolants d’après l’auteur. Selon lui, il s’agit d’un complot ourdi par… Non, il serait dommage de divulguer ici l’histoire de ce roman riche en aventure, en rebondissement et en calembours. Disons simplement que le fil rouge, c’est l’inspecteur Emile Bonplaisir, policier émérite quoique souvent éméché qui enquête sur la mort mystérieuse d’un banquier juif impliqué dans le scandale de Panama, le baron de Reinach.
Le style très particulier de l’auteur se marie parfaitement avec le souffle de l’histoire… Il ne s’agit pas d’une collection de gag pour l’almanach Vermot, c’est un vrai roman qui se lit comme tel, comme dirait Guillaume (désolé, Gordon Zola est contagieux)
Au fil des pages, on retrouve de nombreux personnages historiques : artistes, hommes d’affaires, politiques, connus ou moins connus. On y retrouve aussi certains faits historiques. L’auteur s’est bien documenté, le livre restitue parfaitement l’ambiance bouillonnante des débuts de la troisième république.
À côté de cela, il y a également pas mal de personnage complètement inventés. Leur seul patronyme, souvent basé sur un jeu de mot plus ou moins audacieux, permet de les identifier. Car comme dans ses autres livres, Gordon Zola continue toujours autant à jouer avec les mots… Certains traits d’humour sont faciles à identifier, mais on s’arrête bien souvent sur une phrase pour essayer d’y trouver la contrepèterie ou le calembour caché ; c’est un plaisir de lecture caractéristique de cette plume.
Voilà donc une lecture à la fois divertissante et instructive, comme on aurait pu dire à la fin du XIXeme. En tout cas, elle est à boire – pardon, à lire – sans modération.
A lire aussi sur ce blog du même auteur :
- Le crado pince fort
- Train train au Congo
A lire l'interview de l'auteur :
- Interview
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Critique du livre "J'écluse", de Gordon Zola par Evil.g
Lorsque Louis ]avert-Héson était entré dans le grand vestibule quelques minutes plus tôt, toutes les conversations s’étaient éteintes. .. Grand, fin et long, il ressemblait à un phasme anorexique... Il aurait pu faire le quatrième croque-mort dans le port du cercueil... Un vent froid traînait toujours derrière lui. Il portait une longue redingote, noire, légèrement élimée... manches et col lustrés. Le cou s’échappait, bien raide, un peu comme le périscope de ces nouveaux engins subaquatiques... Il avait tourné mécaniquement la tête de droite à gauche pour observer les détails du décor intérieur... Œil aguerri. En revanche, pas un regard n’avait été jeté aux hommes en uniforme qui l’avaient regardé passer avec une certaine crainte. .. Y avait eu du mollet tremblant, pas mal de pieds s’étaient dérobés, des estomacs s’étaient serrés, des gorges s'étaient nouées... L’inspecteur Javert-Héson n’était pas un tendre et ses crises d’autorité ressemblaient souvent à des crises d’épilepsie (bien que ce fût ses subalternes qui en bavaient).
Ce caractère sombre, qui privilégiait l’introspection à la franche camaraderie, qui jouait solitaire et qui prenait le genre humain pour un ennemi potentiel, lui venait de son père... Un policier d’élite que le grand Victor Hugo contribua à faire entrer au Panthéon des sales gueules... On se souvient de cet officier de paix intransigeant, froid, insensible au malheur des truies, hermétique aux passions fruitées de la vie et pourrisseur de celle de monsieur Madeleine, alias Fauchelevent, alias Jean Valjean... le héros social. On se souvient de cet ancien garde des chiourmes du Midi, de ce triste gardien qui se faisait de la légalité une seconde peau, de ce misérable qui, aux côtés des époux Thénardier, tenait la chandelle de l’inhumanité... Flamme noire !
Bel héritage, en vérité, que ce caractère sec, glacé et policier !
Là, où le grand-père avait épousé une tireuse de cartes avant de s’exiler vers le bagne, le père avait, sans le savoir, engrossé une fille sans joie, une pauvrette qui vivait mal de ses charmes incertains, une certaine Laure Héson... Elle était funèbre, on s’en doute (le grand poète français, lui-même, ne fut jamais mis au courant de cette chronique). Quelques jours après cette incartade entre les cuisses du vice, ledit ]avert avait lesté son vilain corps et s’était jeté dans les eaux noires de la Seine, enfouissant par là un destin sans faste ainsi que des remords insurmontables. Reproduisant inconsciemment, comme tout un chacun, les actes des parents, Laure Héson abandonna son enfant à l’Assistance publique, en donnant le nom du père comme une maigre et ultime vengeance, assassina un client Impoliment turgescent et alla finir ses jours à la Santé, elle qui en manquait si cruellement.
On affubla le petit Louis de ce double nom qui lui donna très tôt, sans doute, une surestimation de son moi et une confiance en lui exacerbée et un poil déplacée. Le gamin qui devint vite des rues ne douta jamais de sa bonne étoile ni de sa supériorité sur autrui. Après quelques années d’errance dans les bas-fonds de la capitale où i1 côtoya la lie de 1a société et apprit tout ou presque de l’engeance apache, il se rangea du côté du droit, de la justice et de la sécurité.
Comme son père, à quarante ans, il était inspecteur. Il en avait aujourd’hui quarante-sept.
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